500 millions d’euros pour reconstituer l’arsenal européen
La Commission européenne a présenté un instrument financier doté de 500 millions d’euros pour renforcer la capacité de production de munitions de l’Union européenne à un million d’obus par an.
La Commission européenne a présenté mercredi un instrument financier doté de 500 millions d’euros pour renforcer la capacité de production de munitions de l’Union européenne à un million d’obus par an afin de reconstituer ses arsenaux et d’aider l’Ukraine. “Il s’agit de soutenir directement des projets industriels permettant d’assurer la montée en cadence de la base industrielle européenne”, a expliqué le commissaire à l’Industrie Thierry Breton, précisant qu’il espérait l’adoption de ce plan par les Etats membres d’ici fin juin.
“Je suis confiant que d’ici à 12 mois, nous pourrons monter notre capacité de production à 1 million de munitions par an en Europe”, a-t-il assuré, précisant que la proposition n’était pas destinée à répondre aux besoins immédiats de l’Ukraine qui dit se préparer à une offensive pour reprendre des territoires occupés par la Russie. “Pour soutenir l’Ukraine à très court terme, nous devons continuer à donner de nos stocks”, a-t-il insisté.
Troisième phase du plan d’action
Cette proposition est la troisième phase du plan d’action approuvé fin mars par l’UE pour fournir au moins un million d’obus de 155 mm aux forces ukrainiennes et pour reconstituer les stocks stratégiques des pays européens dont certains sont proches de la rupture.
Elle est dotée de 500 millions d’euros, dont 260 millions tirés du Fonds européen de la défense et 240 millions retirés à la dotation d’un autre instrument pour la défense.
Passer en mode économie de guerre
Elle permettra de co-financer les investissements des industriels pour augmenter la production de leurs usines dans l’UE. Une quinzaine d’entreprises produisent dans onze états membres. “Avec les financements des Etats membres, la capacité d’investissements sera d’un milliard d’euros”, a insisté le commissaire, soulignant que l’objectif était de “produire plus pour compenser les destockages” de munitions réalisés dans les Etats membres afin de fournir des obus aux forces armées ukrainiennes. Les industriels “n’ont pas aujourd’hui l’envergure pour répondre aux besoins sécuritaires de l’Ukraine et de nos États membres. Mais ils ont tout le potentiel pour le faire”, a soutenu Thierry Breton qui a visité les sites des principaux producteurs de munitions de l’UE.
“Ce type de munitions manque partout, en Europe comme aux Etats-Unis. Nous sommes tous dans la même situation, mais l’UE a une base industrielle plus large que celle des Etats-Unis”, a affirmé Thierry Breton “En matière de défense, nos industriels doivent désormais passer en mode économie de guerre”, a-t-il martelé. “Ils n’y sont pas encore”, a-t-il reconnu.
Financer des achats communs
Depuis l’appel lancé le 9 février par le président Volodymyr Zelensky, les pays de l’UE ont livré à l’Ukraine près de 40.000 obus et plus d’un millier de missiles pour leurs armes de défense anti-aérienne et anti-chars, selon les indications obtenues par l’AFP.
Mais ces données correspondent aux demandes de remboursement soumises par les Etats membres. Elle ne reflètent pas la réalité des fournitures couvertes par le secret défense, a-t-on expliqué. Une enveloppe d’un milliard d’euros est prévue pour rembourser une partie des munitions prélevées par les Etats membres dans leurs arsenaux.Une seconde enveloppe d’un milliard d’euros sera utilisée pour co-financer des achats communs d’obus de 155 mm et de missiles destinés à l’Ukraine. L’accord sur l’utilisation de ce milliard a été finalisé mercredi, a annoncé la présidence suédoise du Conseil de l’UE.
Les commandes seront passées d’ici au 30 septembre aux firmes européennes dont la production est réalisée dans l’UE et en Norvège, même si les composants, comme la poudre ou les explosifs, ont été achetés hors de l’UE, a-t-on précisé.
Certains Etats membres souhaitaient permettre de passer des commandes à des sociétés européennes installées dans des pays tiers, comme l’usine australienne du groupe allemand Rheinmetall. Mais cela aurait été contraire à la volonté des dirigeants de l’UE de renforcer et développer l’industrie au sein de l’UE.
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