Fratrie, je vous “haime”

Clara Dupont-Monod, S'adapter, Stock, 200 pages, 18,50 euros. © PG

Avec “S’adapter”, prix Femina 2021, Clara Dupont-Monod signe un roman fort sur les liens familiaux marqués par le handicap.

Jamais le lecteur ne connaîtra leurs prénoms. Seulement leur statut et leur place dans la famille. Il y a “l’aîné”, “la cadette” et “le dernier”. Au-dessus d’eux, il y a “les parents”. Entre eux, “l’enfant”, celui qui est handicapé, fermé au monde, incapable de s’exprimer ou de se mouvoir. S’adapter est un roman construit sur les voix de cette fratrie qui raconte ses rapports à l’un d’eux né différent.

Parce que les parents sont K.-O. debout, l’aîné va s’investir corps et âme pour s’occuper de cet “enfant”, veiller sur lui. La cadette empruntera, elle, plutôt la voie de la colère, lui reprochant de justement lui voler son grand frère. Une colère qui se transformera en rejet, voire en dégoût. D’autant que malgré la mort précoce de l’enfant, à l’âge de 10 ans, sa présence marquera leur personnalité et leur rapport au monde durant toute leur existence. Elle influencera même l’existence du “dernier”, né après sa disparition: “s’il n’était pas mort, serais-je né?”, clame-t-il…

Clara Dupont-Monod a écrit S’adapter après une promesse formulée devant la tombe d’un enfant qui souffrait d’un handicap. Il lui a fallu du temps pour trouver les mots, pour imaginer le chemin qui lui permettrait de raconter ces liens indicibles, mais aussi la gêne des “autres” et le cynisme des administrations et structures susceptibles d’apporter de l’aide aux familles dont un des membres souffre d’un handicap. Il lui a aussi fallu du temps pour savoir comment dire l’amour, immense et inconditionnel, fil conducteur de ce roman fort qui ne cède jamais à l’émotion facile. L’amour qui serpente comme un ruisseau dans une nature sauvage, qui échappe à notre regard pour mieux le retrouver un peu plus loin…

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