Faut-il contrer la course à l’armement ?

Toute la force de frappe de Dustin Johnson au drive. © PG

Avec le recours aux dernières technologies pour le matériel – clubs et balles – et le gain en puissance de frappe des meilleurs joueurs du monde, les parcours de golf ont perdu leurs repères traditionnels. La vitesse de swing des champions modernes atteint désormais les 230 km/h. Et les balles, propulsées comme des missiles à plus de 340 km/h, parcourent des distances de parfois plus de 300 mètres !

En 1990, les drives de l’Australien Greg Norman – considéré comme le meilleur frappeur de l’époque – étaient mesurés à une moyenne de 250 mètres. Aujourd’hui, Rory McIlroy, Brooks Koepka et Jon Rahm dépassent les 290 mètres !

Cette nouvelle donne pose forcément problème. Même les plus illustres championship courses deviennent trop ” faciles ” pour contrer les longueurs de balle des stars de la discipline. Sur la plupart des pars 5 des tournois du PGA Tour et de l’European Tour, les joueurs touchent le green en deux coups. Ils tentent même parfois d’atteindre le drapeau avec leur drive sur un par 4 !

Cette évolution du jeu a récemment incité le Royal &Ancient et l’USGA – les deux instances mondiales qui régissent les règles – à se réunir pour évaluer la situation. Aucune mesure définitive n’a été prise mais des pistes de réflexion ont été lancées au travers d’un document de plus 100 pages sur le sujet.

A priori, il n’est pas question de modifier le dessin des parcours. Ce serait à la fois trop coûteux et en contradiction avec les exigences écologiques et environnementales du moment. Une telle mesure n’aurait, en outre, aucun sens pour les joueurs amateurs qui – rappelons-le – constituent le fonds de commerce de tous les clubs. En revanche, il n’est pas exclu que la course à l’armement soit, à l’avenir, mieux encadrée. Des nouvelles normes pourraient ainsi être établies pour les drivers et les balles utilisés lors des compétitions professionnelles.

Une autre option serait de rendre les parcours plus difficiles lors des grands tournois en augmentant la hauteur du rough, la vitesse des greens et la position des drapeaux. On constate d’ailleurs que certains championship courses résistent mieux que d’autres à la puissance dévastatrice des frappeurs modernes. C’est notamment le cas lors du Masters d’Augusta où même les ténors éprouvent du mal à rentrer une carte dans le par. La même réflexion vaut pour le tournoi de Valderrama, en Espagne. Dans les deux cas, le parcours – avec de nombreux doglegs, des bunkers savamment placés et des greens illisibles – se défend parfaitement tout seul. Même les vieux links britanniques peuvent s’avérer diaboliques lorsque le greenkeeper oublie de couper l’herbe haute et que le vent est de la partie.

En 25 ans, la moyenne de longueur des drives a augmenté de 30 mètres sur les circuits pros.

Dans tous les autres sports, la course aux records bat son plein. On ne modifie pourtant pas la grandeur des courts de tennis, des piscines ou des terrains de foot et de basket. Le golf peut donc théoriquement se passer d’une révolution architecturale. Mais, au plus haut niveau, il peut effectivement adapter l’équipement et rendre les terrains encore plus diaboliques.

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