Un hiver “parfait” pour les prix de l’énergie?
Un mois de décembre plutôt chaud et venteux, voilà les conditions parfaites pour les prix de l’électricité et du gaz. Quelles sont les perspectives pour le reste de l’hiver.
“On a eu beaucoup de chance”, nous explique Damien Ernst, expert en énergie à l’Université de Liège. Un temps doux qui pousse à moins se chauffer et plus de vent que les autres années, ce qui augmente la production des éoliennes. Des conditions parfaites pour faire baisser les prix de l’énergie.
Mais d’autres éléments entrent aussi en compte :
- Il a beaucoup plu cette année, ce qui a rempli les réservoirs destinés à la production d’énergie hydraulique.
- Il n’y a pas eu de diminution de la production nucléaire ; notamment en France, les centrales tournent à plein régime, contrairement deux hivers passés. Cela avait influencé les prix dans toute l’Europe, comme la France exporte son énergie en temps normal.
- L’industrie, et surtout la production d’engrais, a baissé sa consommation de gaz.
- Et les ménages remplacent de plus en plus leurs chaudières par des pompes à chaleur. “Elles sont plus efficaces énergétiquement parlant, elles consomment deux à trois fois moins”, explique Damien Ernst.
Résultat : même la vague de froid de cette semaine, et qui devrait être de courte durée, n’aura sans doute pas de grand impact sur les prix. Le prix du gaz européen est d’ailleurs toujours en baisse, malgré le froid. Il se négocie à 30 euros le MWh ce jeudi, contre 35 euros en début de semaine.
Reste toutefois les risques géopolitiques : une éventuelle attaque ukrainienne sur les infrastructures énergétiques russes, par exemple en mer Noire. “Mais j’imagine que les Ukrainiens n’ont pas le feu vert des États-Unis. C’est une année électorale et une hausse du prix du pétrole serait mauvaise”. Puis aussi les attaques dont sont victimes les cargos croisant en mer Rouge. Même si pour l’heure, les méthaniers qataris et la majorité des pétroliers prennent encore cette route.
“Le risque géopolitique est aujourd’hui plus grand qu’il y a deux ans”, avertit néanmoins Damien Ernst.
Les nouvelles superpuissances de l’énergie
Les États-Unis sont devenus le premier producteur d’hydrocarbures, continue l’expert. Voilà qui balance les approvisionnements russes en baisse, par exemple.
Mais à plus long terme, d’autres “stations services” devraient apparaître dans le monde : l’Amérique latine. “Le continent se développe fortement en ce qui concerne la production d’énergie”, estime Damien Ernst. L’Argentine par exemple, a d’importantes réserves de gaz de schiste. Le nouveau président Javier Milei aimerait tout libéraliser et pouvoir exploiter ces ressources.
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