Trump donne des sueurs froides au secteur de l’énergie renouvelable

Trump renouvelable © Getty

Donald Trump, en nommant Chris Wright à l’Énergie, remet en question l’avenir des énergies renouvelables, menaçant des avancées clés comme l’Inflation Reduction Act et l’éolien en mer.

À peine réélu, Donald Trump annonce la nomination de Chris Wright, PDG de Liberty Energy et climatosceptique assumé, au poste de secrétaire à l’Énergie. Cette décision suscite de vives réactions et s’inscrit dans une politique visant à remettre les énergies fossiles au cœur de l’économie américaine. Fragilisant au passage les avancées récentes en matière de transition énergétique.

Chris Wright est en effet une figure incontournable de l’industrie fossile. Diplômé du MIT et de Berkeley, il a marqué le secteur par ses innovations dans le gaz de schiste, qu’il considère comme un levier essentiel pour garantir l’indépendance énergétique des États-Unis. Dirigeant de Liberty Energy, une entreprise spécialisée dans la fracturation hydraulique, il rejette la notion de crise climatique et minimise l’importance des énergies renouvelables. Son arrivée à la tête du ministère de l’Énergie symbolise donc une rupture nette avec les priorités écologiques de l’administration Biden.

Un impact qui se fait déjà sentir

L’impact de cette nomination se fait déjà sentir. Wright prévoit une dérégulation massive du secteur énergétique, tandis que Donald Trump relance son fameux slogan “Drill, baby, drill”, promettant une explosion de la production de gaz et de pétrole. Le but affiché est clair : garantir aux États-Unis un avantage compétitif avec une énergie bon marché. Toutefois, ce pari comporte des risques. Les producteurs de gaz de schiste, déjà sous pression pour maintenir leur rentabilité, pourraient pâtir d’une surproduction qui ferait chuter les prix. De plus, cette stratégie risque d’éloigner les États-Unis des technologies bas carbone, dominées par la Chine, et essentielles pour rester compétitifs sur le marché mondial.

Trump, une ombre sur l’avenir des énergies renouvelables

La nomination de Wright jette également une ombre sur l’avenir des énergies renouvelables. Trump a exprimé son intention de remettre en question l’Inflation Reduction Act (IRA), un plan massif de 370 milliards de dollars pour soutenir les technologies bas carbone. Ce programme, qualifié par le président de “nouvelle arnaque verte”, pourrait être partiellement démantelé, mettant en péril de nombreux projets solaires, éoliens ou de stockage d’énergie. Cette incertitude a déjà provoqué une chute du WilderHill Clean Energy Index, qui regroupe des entreprises spécialisées dans les énergies propres.

Les projets d’éoliennes en mer (off-shore), particulièrement dans le collimateur de Trump, sont également menacés. Ce dernier a justifié son opposition en invoquant – sans preuves – leur impact supposé sur les baleines. Cette position inquiète jusqu’en Europe, où des entreprises comme Engie et RWE ont investi dans des projets américains d’énergies renouvelables. Ces entreprises, bien qu’optimistes sur le long terme, redoutent des blocages administratifs qui pourraient freiner leur développement.

Trump ne peut détruire à lui seul la dynamique des énergies renouvelables

Malgré tout, il serait simpliste de croire que Trump peut détruire à lui seul la dynamique des énergies renouvelables. Les États-Unis fonctionnent comme une fédération, et des États comme la Californie poursuivent leurs propres politiques climatiques, indépendamment de Washington. Sous la précédente administration Trump, les émissions de CO2 ont continué de diminuer, principalement grâce au remplacement du charbon par le gaz naturel. Par ailleurs, certaines dispositions de l’IRA bénéficient aux États républicains, rendant leur abrogation politiquement coûteuse.

Le cas des énergies renouvelables aux USA est donc une belle illustration des tensions qui peut exister entre pragmatisme économique et ambitions climatosceptiques. Dans un contexte mondial où les technologies bas carbone s’imposent comme des secteurs stratégiques, Trump devra , qu’il le veuille ou non, trouver un équilibre entre ses promesses de campagne et les exigences d’un marché en mutation. Et malgré un retour en force des énergies fossiles, cela ne suffira pas à freiner une transition énergétique déjà bien en marche.

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