Prix d’injection négatifs: faut-il vraiment payer pour injecter son surplus d’électricité sur le réseau? (Infographie)

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Face aux prix d’injection négatifs, certains prosumers doivent payer pour injecter leur surplus d’électricité sur le réseau. © Kindel Media/Pexels
Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Certains propriétaires de panneaux solaires l’ont peut-être déjà constaté sur leur facture annuelle: ils doivent désormais payer pour l’électricité qu’ils produisent mais qu’ils n’utilisent pas et qui est injectée sur le réseau. Une situation liée aux prix d’injection négatifs. Explications.

Avec le retour du soleil, les panneaux photovoltaïques tournent à plein régime. Une bonne nouvelle pour les prosumers et leur facture d’électricité. Mais attention: si vous ne consommez pas cette énergie au bon moment, vous risquez de générer un surplus d’électricité. Bien qu’il soit possible de la revendre, force est de constater que cette énergie excédentaire rapporte de moins en moins. Pire: dans certains cas, il faut même payer pour se débarrasser de son surplus… C’est ce qu’on appelle “les prix d’injection négatifs”. Une situation qui soulève des questions sur l’avenir du photovoltaïque en Belgique.

Pourquoi doit-on payer pour injecter son électricité sur le réseau?

Lors des journées ensoleillées, les propriétaires de panneaux solaires peuvent produire plus d’électricité qu’ils n’en consomment. Cet excédent est injecté sur le réseau et, en principe, permet aux prosumers d’être rémunérés.

En Flandre et à Bruxelles, par exemple, les propriétaires de panneaux solaires équipés d’un compteur numérique bénéficient d’une compensation financière (tarif de rachat) de leur fournisseur pour chaque kWh injecté sur le réseau. En Wallonie, ce principe s’applique également, mais uniquement aux installations mises en service après janvier 2024.

Mais avec l’évolution du marché de l’énergie, cette injection peut parfois se transformer en coût imprévu.

Évolution du prix d’injection en Belgique

Lorsque la production solaire est élevée, mais que la demande est trop faible – par exemple lors des pics de production solaire, ou durant la période de vacances -, l’offre d’électricité excédentaire devient trop importante sur le réseau. Résultat: le prix de l’électricité chute, ainsi que le prix de l’injection. En effet, si les tarifs de l’énergie baissent, il est normal que la valeur de la production excédentaire des panneaux solaires diminue également.

C’est le cas ces derniers mois en Belgique, note Test-Achats, sur base de l’expertise de Jordi Van Paemel. « Alors qu’en septembre 2022, la moyenne était de 28 centimes d’euros par kWh en Flandre et 21 centimes d’euros à Bruxelles. En mars 2024, nous avons enregistré le niveau le plus bas jamais atteint. Il s’agissait d’une redevance moyenne de seulement 2,5 à 3 c€ par kWh ». Depuis lors, les prix n’ont pas vraiment remonté.

Une mauvaise nouvelle pour les prosumers belges, puisque leur surplus d’électricité rapporte de moins en moins.

Payer pour injecter son surplus

Mais quand les prix sur les marchés de l’énergie plongent sous zéro, cela peut entraîner des frais inattendus pour les prosumers. Pourquoi?

  • Surproduction d’énergie solaire et éolienne: le réseau est saturé.
  • Faible consommation: week-ends prolongés, températures douces, périodes de vacances.
  • Réseau électrique peu flexible: manque de solutions de stockage pour absorber l’excédent.

Cela signifie que les gestionnaires de réseau doivent payer pour écouler cette électricité. Et ces coûts sont répercutés sur les prosumers, qui doivent alors payer pour l’électricité qu’ils injectent sur le réseau.

Autrefois, seuls les détenteurs d’un contrat d’électricité dynamique étaient concernés par ces frais d’injection négatifs. « Mais désormais, ce phénomène menace aussi les ménages ayant un contrat d’énergie variable », remarque Test-Achats. «  Ce sont surtout les mois de printemps et d’été qui voient, pour la première fois, certains contrats flirtant avec des rémunérations négatives pour l’injection d’électricité. »

Pourquoi? Un tarif variable est généralement ajusté chaque mois en fonction des prix moyens du mois précédent. Mais au cours de certains mois, le montant peut tout de même passer en dessous de zéro. Avec la multiplication des installations photovoltaïques, cette situation risque de se reproduire plus fréquemment. Les prosumers doivent désormais anticiper ces variations pour éviter des frais imprévus.

Comment éviter les prix d’injection négatifs?

Pour éviter ces frais supplémentaires, les experts insistent sur une bonne gestion de la consommation. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ont été créés les contrats dynamiques. Les autorités souhaitent ainsi encourager les Belges à consommer de l’énergie aux moments où la production est la plus élevée.

Comment faire? En programmant ses appareils à l’avance, en chargeant la voiture électrique ou la batterie lorsque les prix de l’électricité sont négatifs. Voire en désactivant complètement l’installation photovoltaïque en cas de tarifs d’injection négatifs.

Une batterie domestique ou d’entreprise s’avère également être une solution envisageable pour stocker l’électricité produite et l’utiliser plus tard.

Enfin, il est également possible de participer à un réseau d’énergie partagé. Cette communauté permet aux particuliers, entreprises et autorités locales de se regrouper, en créant une ASBL ou une société coopérative, afin d’effectuer différentes activités sur le marché de l’énergie, dont le partage d’énergie. Cela permet de se débarrasser de son excédent d’électricité, tout en bénéficiant de celui d’autres prosumers en cas de besoin.

Face à ces nouvelles contraintes, la question se pose: une régulation des prix d’injection est-elle envisageable? Les autorités interviendront-elles pour protéger les prosumers et assurer la rentabilité du photovoltaïque en Belgique?

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