Absente de la campagne électorale, la politique climatique de la Belgique est un échec

Chris Ratcliffe/Bloomberg/Getty Images
Baptiste Lambert

“A politique annoncée”, la Belgique “n’atteindra pas l’objectif européen de réduction des émissions de 47 % d’ici 2030”, écrit le Bureau fédéral du plan, qui vient de publier une longue étude sur le sujet. Le développement des énergies renouvelables, notamment, est trop lent.

C’est un constat d’échec cuisant. Malgré quatre ministres de l’Environnement et une Vivaldi qui s’est bâtie dans un contexte de marches pour le climat, les résultats climatiques de la Belgique sont très décevants. Les prochaines coalitions ont du pain sur la planche si elles veulent respecter, à leur terme, les objectifs du Green Deal pour 2030. Pourtant, il faut bien constater que les thèmes environnementaux sont bien moins présents dans cette campagne électorale qu’en 2019.

À politique annoncée, dans le projet Plan National Énergie-Climat (PNEC), le BFP ne voit pas comment la Belgique et ses régions pourraient remplir leur objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 47% en 2030, par rapport à 2005.

Les secteurs

Dans le détail, les émissions liées au secteur résidentiel et des services (tertiaire) ont déjà largement été réduites, de 54% et 62%, bien au-delà des objectifs. Mais on ne peut pas en dire autant du secteur des transports, qui n’a opéré qu’une réduction de 11% des gaz à effet de serre. Le BFP cite le secteur du fret, en grande difficulté pour abandonner les énergies fossiles. Au niveau du transport de passagers, l’électrification du parc automobile est trop lente, quasi uniquement poussée par les voitures de société, que certains partis voudraient supprimer.

Le BFP suggère notamment de mettre fin à la voiture thermique dès 2029. Pour le secteur résidentiel, l’institution met en garde contre l’utilisation de gaz pour le chauffage, notamment en Wallonie.

Pour l’industrie et l’énergie, le Bureau du plan insiste sur la nécessité “d’une tarification carbone stricte ou d’une mise en place des politiques d’incitation en faveur des technologies à zéro émission.” Rappelons que ces secteurs ne sont pas soumis aux objectifs de réduction, puisqu’ils font déjà partie du système européen d’échange de quotas d’émissions (ETS). Un système qui est censé s’aligner sur les objectifs climatiques. Le Bureau du plan met néanmoins en garde contre la dépendance aux énergies fossiles. Notons que les secteurs des transports et des bâtiments entreront dans le système ETS en 2027. Les émissions de carbone auront alors un coût pour ces secteurs.

Au total, le bilan est maigre comme le montre ce graphique : le point rouge indique l’objectif, la ligne orange, la trajectoire globale. Les émissions ne seraient réduites que de 32%, en 2030.

Ce constat du BFP pour la Belgique n’est pas vraiment une surprise, dans la mesure où la Commission européenne avait déjà fait, en février dernier, une évaluation insatisfaisante du PNEC. Principalement en raison du manque d’ambition de la Flandre, puisque le nord du pays envisage un objectif de -40% de réduction des émissions, là où la Wallonie ferait -46,5% et Bruxelles -48,7%. Ensemble, le pays devait tourner autour de -42,6%. Le BFP estime que c’est encore moins ambitieux, donc.

Les énergies renouvelables

Les chiffres sont sans appel : la part des énergies renouvelables dans notre pays doit augmenter à 34 % d’ici 2030, mais selon les prévisions, cette part n’atteindrait que 24%, à politique annoncée. Seul le secteur de l’électricité tirerait son épingle du jeu, avec 44% de l’électricité produite issue du renouvelable, où le nucléaire est progressivement remplacé par l’éolien off-shore, mais aussi par du gaz.

Au niveau de l’efficacité énergétique, ce n’est pas plus brillant. Pour la Belgique, l’objectif national serait de -13% de la consommation d’énergie. Mais les résultats montrent seulement une baisse de 8% à l’horizon 2030. Il est en est de même pour le taux de rénovation qui passerait de 1 à 1,5%, alors qu’il aurait dû doubler, selon la directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments.

Coût énergétique

En raison des investissements monstres à réaliser, le BFP prévoit un coût de l’énergie largement en hausse d’ici 2030, avant de commencer à baisser. Cette évolution s’observe dans les secteurs résidentiels et des services, mais moins dans le secteur industriel, où le coût de l’énergie devrait rester 89% au-dessus des niveaux de 2020, à l’horizon 2050. C’est particulièrement vrai pour l’industrie du fer, de l’acier et des produits chimiques.

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