L’éolien en haute mer, solution d’avenir pour l’indépendance énergétique belge

L'éolien en haute mer, un rêve? ©PHOTOPQR/OUEST FRANCE/Franck Dubraý ; Le Pouliguen ; 19/01/2024 ; Coucher de soleil sur les éoliennes du parc éolien offshore en mer de Saint Nazaire au large du Croisic (photo Franck Dubray) JANUARY 19, 2024 - Sunset over the wind turbines of the Saint Nazaire offshore wind farm off Le Croisic
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Sortir des eaux territoriales pour générer de l’énergie, c’est le voeu de plusieurs experts, dont le liégeois Damien Ernst. “Le potentiel d’énergie est suffisant pour les citoyens et les entreprises”, osent-ils. Pour autant que l’on soit audacieux.

L’appel est lancé ce jour, par l’entremise d’une carte blanche. Il nous a été transmis par Damien Ernst, professeur à l’ULiège et émane d’un collectif baptisé Renewable Energy in the High Seas, au sein duquel figure plusieurs personallité flamandes actives dans le secteur de l’énergie ou chercheurs dans le domaine. Leur idée, potentiellement révolutionnaire: il serait possible d’avancer encore dans la recherche de solution pour l’indépendance énergétique belge en scrutant… la haute mer.

“Nous sommes un collectif de PME, d’experts et de centres d’excellence technologiques, écrivent-ils. Au début de cette année, nous avons soumis une proposition à la ministre fédérale de l’Énergie dans le but d’étudier les aspects juridiques, économiques et techniques de l’énergie renouvelable dans les eaux internationales. Nous appuyons notre projet sur un double constat : primo, le potentiel d’énergie renouvelable en Belgique est insuffisant pour répondre à terme la demande électrique des entreprises et citoyens belges. Secundo, pour atteindre le zéro net en 2050, il est indispensable d’accroître fortement l’offre en électricité renouvelable, tant en Belgique qu’au niveau mondial. Et justement, l’éolien et le solaire de haute mer peuvent contribuer à grande échelle, tant à la décarbonation de l’énergie qu’à la sécurité d’approvisionnement.”

Concrètement, il s’agirait donc de bâtir en haute mer des îles flottantes, plus souples que l’actuelle île Princesse Elisabeth qui est en gestation.

Dans les eaux internationales

“On les appelle haute mer ou eaux internationales, expliquent-ils. Ce sont les zones qui se trouvent au-delà des eaux territoriales des États côtiers. Elles couvrent la moitié de la surface de la Terre et 65 % de celle des océans. Des activités humaines s’y développent déjà : pose de câbles et de canalisations sur le fond marin, transport maritime (qui représente 90 % du transport international de biens), pêche, etc. Le droit maritime international établit les zones autorisées pour chaque activité. Si l’éolien de haute mer est toujours un terrain vierge, on explore déjà les possibilités de le développer. Au Canada, en Californie, au Japon ou en Norvège, des universitaires examinent depuis quelques années la faisabilité juridique et technique du développement de ce potentiel pratiquement inépuisable d’énergie climato-sympathique.”

L’éolien de haute mer offre d’innombrables avantages, argumentent-ils. “De l’espace à perte de vue, d’excellentes vitesses de vent, la stabilité géopolitique qui découle de l’absence de contrôle national, l’accès à une source d’énergie verte abondante, tant pour la Belgique que pour d’autres pays qui ont un accès limité à la mer — ou pas d’accès du tout, comme le Luxembourg, l’Autriche et d’autres pays d’Europe centrale.

Une solution plus ambitieuse

Cette réponse irait un cran plus loin que celle actuellement mise en oeuvre, qui est pourtant déjà révolutionnaire, en vue de faire de la mer du Nord la plus grande centrale électrique du monde.

“La Belgique a misé sur l’éolien offshore dès le début du 21e siècle, constatent les auteurs. Elle figure aujourd’hui dans le top 5 mondial du secteur. Mais nous nous heurtons déjà à nos limites géographiques. Les éoliennes en mer ne sont autorisées que sur un maigre 15 % des eaux territoriales belges. Selon l’administration compétente, ce serait tout l’espace disponible. Et selon les plans actuels, notre petite mer du Nord pourra fournir juste un quart environ de la demande en électricité d’ici 2030, lorsque le potentiel éolien marin belge sera pleinement exploité. C’est nettement insuffisant face au besoin de décarbonation de l’énergie. Nous devons donc oser regarder plus loin, à l’horizon, comme le faisaient les explorateurs qui nous ont précédés, depuis des milliers d’années.”

Conclusion: “Même si les climato-réalistes s’obstinaient à freiner le programme zéro émission nette, il y a une excellente raison géopolitique de débloquer de nouveaux espaces maritimes intéressants en matière d’énergie renouvelable. Forte de son industrie maritime et guidée par ses chercheurs de renommée internationale dans le domaine des océans et de l’énergie, la Belgique est à même de bâtir son futur énergétique sur l’éolien offshore, et de mettre le cap sur la haute mer pour convertir le vent océanique en énergie sûre et respectueuse du climat.”

Cela ressemble fort à une utopie. Mais chiche?

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