Pourquoi les prix négatifs de l’électricité sont à double tranchant

Belga
Baptiste Lambert

Ce dimanche, la Belgique a établi un record national et européen. Entre 13h et 14h, l’électricité a coûté -462 euros le MWh. Certains consommateurs étaient payés pour consommer de l’électricité tandis que d’autres devaient payer leur production. Mais plus fondamentalement, cela témoigne d’un réseau qui n’est pas mature pour accueillir la production de renouvelable.

Être payé pour consommer de l’électricité. Derrière cette apparente bonne nouvelle se cache une problématique de plus en plus fréquente en Belgique : la nécessité d’équilibrer le réseau. Dimanche dernier, l’électricité était une nouvelle fois négative, à -462 euros le MWh, notre pays explosant son record de la fin avril à -266 euros le MWh. En 2025, c’est déjà la 112e heure de prix négatifs cette année, contre 71 heures en 2024 et 37 en 2023.

Si cela témoigne d’une météo beaucoup plus clémente, cette explosion s’explique aussi par l’ajout massif d’unités de production de renouvelable. Concrètement, la présence d’un ensoleillement sur quasiment toute l’Europe, ainsi que d’une brise de vent en Belgique et aux Pays-Bas, a fait exploser la production. Dans l’autre sens, la consommation, un dimanche après-midi, est au plus bas. Après avoir exporté ses excédents vers l’Allemagne et la France, les fournisseurs d’électricité ont dû se résoudre à proposer des prix négatifs.

Contrats dynamiques

Ces prix négatifs servent d’incitants. En résumé, certains gros consommateurs industriels sont payés pour consommer de l’électricité. Ils ne sont pas les seuls. Une autre catégorie de consommateurs peut également en profiter : les clients disposant de contrats à tarifs dynamiques.

Ne les cherchez pas en Wallonie ou à Bruxelles, ces tarifs dynamiques ne sont proposés qu’en Flandre (ils arrivent cette année au sud du pays). Et contrairement aux tarifs fixes ou même variables, les prix des tarifs dynamiques varient d’heures en heures. Grâce au compteur intelligent, ces clients peuvent être payés pour consommer. En tout cas, pendant un certain laps de temps.

Mais attention au retour de bâton. Parce que ces clients sont aussi souvent propriétaires de panneaux photovoltaïques. Ce qui fait qu’ils devront payer pour injecter de l’électricité dans le réseau. Ils auront intérêt à tout simplement stopper leur production.

Problème de réseau et de stockage

Les difficultés à faire correspondre la consommation et la production deviendront de plus en plus fréquentes. Parce que le déploiement des ENR se fait de manière anarchique, avec une multitude de productions décentralisées. Un déploiement qui se fait à un rythme beaucoup plus soutenu que l’amélioration du réseau.

Pendant que certains gros consommateurs gagnent de l’argent, d’autres gros producteurs comme des centrales à gaz doivent interrompre ou diminuer leur production. Or, on joue déjà avec les limites : en cas d’incident technique, le réseau pourrait se retrouver surchargés, avec un risque de blackout.

Ces prix négatifs montrent surtout l’urgence de revoir notre mode de consommation, en encourageant l’auto-consommation ou en consommant l’énergie quand elle est produite. Cela montre également l’urgente nécessité de déployer des moyens de stockage, dont les parcs à batteries.

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