Pourquoi les prix de l’énergie plombent-ils plus l’inflation en Belgique qu’ailleurs?
L’inflation belge est la plus élevée d’Europe depuis plusieurs mois. On le doit aux prix de l’énergie qui ont visiblement plus d’impact en Belgique que dans le reste de l’Europe et chez nos voisins. Pourquoi ?
Au mois de juillet, l’inflation belge était encore l’inflation la plus élevée de la zone, à 5,5% contre 2,6% pour la moyenne de la zone euro, l’Allemagne ou encore la France, selon les derniers chiffres d’Eurostat, qui utilise pour cela une mesure harmonisée.
Cette inflation a encore sensiblement augmenté par rapport au deuxième trimestre, où elle atteignait déjà la plus haute marche, alors que l’inflation dans le reste des pays de la zone euro était plutôt à la stabilisation, voire à la décrue.
Le SPF Économie a fait le point, en utilisant justement cette inflation harmonisée. Elle ne peut que constater les dégâts : l’inflation du 2e trimestre s’établissait à 5,05% en Belgique contre 2,58% pour la moyenne des pays voisins.
Le coût de l’énergie repart à la hausse
L’explication la plus évidente se trouve dans l’augmentation des coûts de l’énergie. “Ce même trimestre, les prix de l’énergie ont augmenté de 20,9 % par rapport à la même période de l’année précédente”, écrit le SPF Economie. Cela tranche avec la baisse de -36,4% du dernier trimestre 2023, par exemple.
La première explication est l’augmentation des prix de gros sur les marchés. Après une forte accalmie à la fin de l’année dernière, provoquée par une météo clémente et des bonnes nouvelles sur l’approvisionnement, les prix sont repartis à la hausse en 2024, dès le début pour le pétrole, au mois d’avril pour le gaz et au mois de mai pour l’électricité, dans un contexte de tensions géopolitiques.
Pourquoi la Belgique le paye-t-elle plus ?
Toutefois, cela n’explique pourquoi cette énergie pèse actuellement bien plus dans la balance en Belgique que dans les pays voisins. La différence est énorme : alors que l’inflation de l’énergie en Belgique a atteint 20,9 %, en Allemagne, en France et aux Pays-Bas, elle a été respectivement de -1,6 %, 4,6 % et 3,6 %.
Ici, la principale explication réside dans le fait que l’impact des mesures de soutien forfaitaire du gouvernement sur le gaz, l’électricité et le mazout ont pris fin. Souvenez-vous, par exemple, des chèques énergies qui ont été distribués entre novembre 2022 à mars 2023 pour faire face à la crise énergétique. L’astuce, c’est que ces mesures ont été réparties sur l’ensemble de l’année dans l’indice, et donc, que leur impact a pris fin en avril 2024, faisant rebondir l’inflation.
Les autres explications sont plus techniques. Il existe également des différences entre les pays en termes d’organisation du marché : “En Allemagne, par exemple, les marchés de l’électricité et du gaz sont moins libéralisés qu’en Belgique et, en France, les prix de l’électricité sont encore réglementés. En Belgique, les prix de gros sont plus rapidement répercutés sur les prix de l’énergie à la consommation. En partie en raison d’une part importante de contrats mensuels à prix variables et, dans une plus faible mesure, de la composante fixe – taxes et/ou prélèvements – dans le prix à la consommation du mazout et du gaz naturel”, explique le SFP Économie. En d’autres termes, quand les prix de gros augmentent, ils ont plus rapidement un impact et inversement.
Seule la France s’en sort mieux
La question fondamentale est de savoir si la Belgique est plus touchée par l’inflation que ses voisins. À cette question, le SPF Économie répond non, vis-à-vis de deux de nos voisins : “Depuis janvier 2020, l’inflation cumulée a été plus basse en Belgique qu’aux Pays-Bas et qu’en Allemagne.” Par contre, elle a été plus élevée qu’en France. Principalement grâce une énergie et des produits alimentaires moins chers.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici