Pétrole : vers une demande record en 2023, et pourquoi cela risque de faire mal au portefeuille
Selon les nouvelles estimations de l’AIE, la demande de pétrole pourrait atteindre un record cette année. L’offre aussi, mais elle serait néanmoins inférieure à la demande (de 700.000 barils par jour). Résultat : les prix pourraient partir à la hausse.
La réduction de la consommation d’énergie fossile, ce n’est pas pour tout de suite. C’est ce qui ressort du rapport mensuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur le marché du pétrole. En 2023, la demande devrait atteindre un record, à hauteur de 102,2 millions de barils par jour. Une hausse de 2,2 millions de barils par jour (et de 2,2%) par rapport à l’année précédente.
Le rapport donne déjà une piste pour 2024 : la hausse de la demande devrait être moins rapide. Plus qu’un million de barils par jour en plus que cette année. Ce qui serait donc un nouveau record, également. “Le rebond post-pandémique s’essouffle et les conditions économiques deviennent moroses, les normes d’efficacité plus strictes et les nouveaux véhicules électriques pèsent sur l’utilisation”, peut-on lire dans le rapport, comme prévision pour l’année prochaine.
Hausse de la demande cette année
Selon l’AIE, ce sera surtout la Chine (à hauteur de 70%) qui aura été responsable de cette hausse de 2,2 millions de bpj, notamment via les activités du secteur de la pétrochimie. Elle note également le trafic aérien de cet été et l’augmentation de l’utilisation du pétrole dans la génération d’électricité comme raison de la hausse de la demande.
Concernant la Chine, les économistes ne sont pas tous d’accord sur les prévisions. En décembre de l’année dernière, Pékin a laissé tomber ses mesures de confinement. Nombreux analystes s’attendaient à une explosion de l’activité économique, qui se traduirait par une importante hausse de la demande de pétrole. Mais huit mois plus tard, cette relance n’a toujours pas vraiment eu lieu. De nombreux indicateurs montrent que l’économie est dans le creux de la vague : les prix à la consommation viennent d’entrer en déflation, ceux à la production le sont depuis de longs mois. L’activité européenne est dans le mou aussi, ce qui affaiblit les exportations chinoises (et vice-versa). La demande chinoise de pétrole va-t-elle donc pouvoir augmenter d’autant, d’ici à la fin de l’année ? Cela reste à voir.
Lire aussi | La Chine est officiellement en déflation
Là où cela risque de coincer
Là où la demande pourrait atteindre un nouveau record, l’offre pourrait faire de même. Selon l’AIE, elle devrait augmenter de 1,5 million de barils par jour cette année, pour atteindre 101,5 millions de barils par jour. C’est là que le bât blesse : la demande dépasserait alors l’offre. Ce qui veut dire que les prix sont susceptibles de monter.
Ces derniers mois, la demande faible (au vu des ralentissements économiques mentionnés plus haut) tirait les prix vers le bas. Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (OPEP+), représentant environ la moitié de la production mondiale d’or noir, ont donc réduit l’offre, pour garder les prix élevés. Ils ont d’ailleurs indiqué qu’il ne faudrait pas s’attendre à une hausse des quotas de production cette année, ni l’année prochaine. Selon les estimations de l’AIE, la hausse de cette année serait en grande partie portée par les États-Unis (+1,9 million de bpj).
Le marché est donc assez tendu. C’est pour cela que sur le mois de juillet, les prix du brut et des carburants ont rapidement augmenté, malgré le fait que les pays de l’OCDE aient puisé dans leurs réserves. Avec les vacances, la consommation augmente. Mais l’offre reste réduite. Selon des experts, le prix devrait rechuter en septembre.
Mais si ce décalage entre offre et demande persiste, il faudrait s’attendre à une hausse du prix du brut et des carburants. L’OPEP elle-même s’attend d’ailleurs à une différence encore plus forte que l’AIE, à savoir deux millions de barils par jour, au cours de ce trimestre. C’est ce qui ressort de son rapport mensuel publié jeudi. Si cette prévision plus immédiate et plus extrême que celle de l’AIE se réalise, les prix pourraient en effet augmenter rapidement.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici