L’interdiction des chaudières à mazout en voie d’être postposée en Wallonie ?

Cécile Neven, ministre wallonne de l’Énergie, du Logement et du Plan Air-Climat
Baptiste Lambert

L’interdiction d’installer une chaudière à mazout dans un bâtiment neuf au 1er mars 2025 pourrait être repoussée à plus tard. Il en irait de même pour les bâtiments existants en 2026.

En mars 2023, le gouvernement Di Rupo adoptait la révision de son Plan Air Climat Énergie 2030. Cette feuille de route, qui n’a pas de force contraignante, prévoyait une réduction de -55 % d’émissions de GES par rapport à 1990. Et parmi les mesures évoquées, on y retrouvait “la fin de l’installation de nouveaux appareils de chauffage au mazout“, avec les échéances suivantes :

  • Dans les bâtiments neufs, l’installation d’appareils de chauffage au mazout (et au charbon) sera interdite à partir du 1er mars 2025.
  • Pour les bâtiments existants, en cas de remplacement d’une ancienne installation, l’interdiction interviendra au plus tard au 1er janvier 2026.

L’inquiétude

Cette annonce a créé pas mal d’incertitudes sur le marché. Si bien que des installateurs, des commerçants et même des clients ont commencé à réaliser des stocks, ce qui a provoqué un début de pénurie, particulièrement à Charleroi, révélait la semaine dernière nos confrères de Sud Info.

Sauf que cette intention du précédent gouvernement n’a jamais été traduite dans un décret. Et que voit-on aujourd’hui sur le site du Service Public de Wallonie ? Un avertissement qui dit ceci : “Le nouveau Gouvernement wallon a décidé de réviser le Plan Air Climat Énergie 2030 au cours de la législature 2024-2029. Les mesures énoncées ci-dessous ont été prises par l’ancien Gouvernement Wallon. Elles sont donc susceptibles d’évoluer, et le calendrier n’est pas certain.”

En soi, ce n’est qu’une demi-surprise. La Déclaration de politique régionale (DPR) avait annoncé ses intentions : “Le Gouvernement révisera le Plan Air Climat Énergie 2030 en intégrant et hiérarchisant par ordre de priorités les mesures dont les impacts les plus significatifs auront été démontrés. Toutes les mesures qui fondent la politique climatique devront être scrupuleusement objectivées sur base de leur coût, de leur impact économique et environnemental, de leur sensibilité géopolitique, de leur acceptabilité sociale, de leur crédibilité technique et de leur caractère durable. Elles seront budgétisées et intègreront un calendrier estimatif d’implémentation. Les mesures et objectifs sectoriels seront ainsi révisés pour permettre la fixation d’une trajectoire, tout en permettant de la souplesse dans la mise en œuvre.”

Pas encore décision

Auprès du quotidien, le cabinet de la ministre wallonne de l’Énergie, Cécile Neven (MR), confirme, qu’en raison “de la proximité de la date du 1er mars 2025”, une adaptation du texte pour les bâtiments neufs est envisagée, en ce compris “la date de sa mise en application“.

Pour ce qui est de la date du 1er janvier 2026, dans les bâtiments existants, le cabinet nous répond qu’une “analyse de la situation est en cours“. “Le Plan Air Climat conditionnait cette interdiction à tout une série d’éléments qui ne sont pas encore matérialisés aujourd’hui. C’est la situation dont nous héritons, bien malgré nous.”

La décision n’est donc pas encore prise. Entre les inquiétudes des citoyens et l’effort climatique à réaliser, la ministre réserve sa réponse, en concertation avec le secteur et les usagers. “L’équation est complexe, la réponse ne peut donc être simple”, ajoute le cabinet.

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