Les méthaniers du Qatar se sont arrêtés devant la mer Rouge… un risque pour l’Europe ?
Jusque-là, les attaques des Houthis en mer Rouge ne freinaient pas les navires du Qatar transportant du GNL : ils continuaient à prendre la route. Mais les frappes américano-britanniques semblent les faire changer d’avis. Ils se sont arrêtés en plein chemin. Est-ce un risque pour l’approvisionnement en gaz de l’Europe ?
Alors que le secteur énergétique semblait jusque-là moins impacté par les attaques en mer Rouge que les porte-conteneurs, une nouvelle de taille est tombée ce lundi. Les navires qataris, transportant du GNL, se sont arrêtés en plein chemin, rapporte Bloomberg, se basant sur des données de navigation. Cinq méthaniers se sont ainsi arrêtés, depuis vendredi. Trois d’entre eux se trouvent au large d’Oman, un autre en Méditerranée, proche du canal de Suez, et un dernier est au milieu de la mer Rouge.
Les rebelles Houthis du Yémen indiquent viser des navires ayant un rapport avec Israël, comme marque de solidarité avec la Palestine. Depuis le 19 octobre, ils ont effectué environ 30 attaques avec des drones et des missiles, ou encore avec des petites embarcations, contre des navires, traversant le détroit de Bab-el-Mandeb, au sud de la mer Rouge. Tous les navires ne semblaient pas avoir de lien avec Israël.
La majorité des porte-conteneurs a ainsi décidé de ne plus prendre cette route et de passer autour de l’Afrique. Différentes compagnies pétrolières occidentales aussi. Mais les méthaniers du Qatar ont continué à prendre cette route. Ils n’ont d’ailleurs jamais été embêtés par les Houthis.
Frappes de la coalition
Mais à la fin de la semaine dernière, la donne a changé. Les États-Unis et le Royaume-Uni, présents en mer Rouge avec une coalition internationale pour assurer la sécurité des navires marchants, ont mené des frappes sur des positions stratégiques des Houthis au Yémen.
Voilà qui semble être la raison pour laquelle les navires se sont arrêtés. Les risques ont augmenté fortement. Mais ce qu’ils vont faire ensuite n’est pas encore clair. Attendent-ils de voir comment la situation évolue, ou vont-ils rebrousser chemin et faire le tour de l’Afrique ?
Un risque pour l’Europe ?
Le tour de l’Afrique, c’est environ 9.000 kilomètres et dix jours de plus. Le voyage coûte aussi un million de dollars plus chers, rien qu’en carburant. Pour un méthanier, cela pourrait même être plus, car il consomme de l’énergie pour garder le GNL refroidi à -161 degrés Celsius.
Le Qatar fournit l’Europe en gaz. En 2023, il représentait 13% des livraisons. Mais si les méthaniers devaient maintenant faire le tour de l’Afrique, cela ne devrait pas avoir de grand impact sur le marché européen. Les réserves sont toujours pleines (à près de 80%). Leur niveau baisse avec la vague de froid actuelle, mais cette dernière ne devrait être que de courte durée. L’Europe ne devrait pas connaître de problèmes d’approvisionnement. Les États-Unis, premier fournisseur du continent, devrait aussi pouvoir palier la baisse (voire l’arrêt) potentielle de livraisons depuis le Qatar.
Le prix du gaz est d’ailleurs en baisse sur la matinée, malgré ces nouvelles.
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