Les géants pétroliers américains continuent d’investir des milliards

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Au regard des dizaines de milliards dépensés ces derniers mois pour consolider la production américaine, la course à l’or noir n’est pas terminée. Et malgré les palabres de la COP28, la fin du pétrole n’est pas pour tout de suite.

Occidental Petroleum vient d’annoncer l’acquisition de CrownRock pour 12 milliards de dollars. Deux spécialistes du pétrole de schiste au Texas qui formeront, une fois réunis, le deuxième plus important champ pétrolifère des États-Unis. Une opération qui a l’aval de Warren Buffet, principal actionnaire d’Occidental Petroleum avec plus d’un quart des actions. C’est déjà la troisième transaction à plusieurs milliards de dollars dans ce secteur en quelques mois. Début octobre, ExxonMobil annonçait le rachat pour 60 milliards de dollars du producteur Pioneer Naturel Resources. Dans la foulée, Chevron déclare qu’il va acquérir Hess pour 53 milliards de dollars. Des dépenses faramineuses rendues possibles par les immenses profits générés par la guerre en Ukraine qui a fait exploser les prix. Les grandes entreprises énergétiques tirent parti de la solidité de leurs bilans et de la valeur de leurs capitaux propres pour racheter des actifs concurrents plus modestes. Ces acquisitions montrent aussi que les géants pétroliers américains sont loin d’envisager une fin à court terme du pétrole et du gaz. Aidé en cela par les pays européens qui cherchent à contourner le pétrole et le gaz russe. Ils assurent, pour un certain temps encore, de confortables débouchés à leur production.

La fin du pétrole n’est définitivement pas pour tout de suite

Le marché américain produit aujourd’hui 13 millions de barils de pétrole brut par jour. En consolidant le marché, les pétroliers cherchent à augmenter leur productivité tout en sécurisant les volumes à des coûts de production peu élevés. Une rentabilité qui vise aussi à retrouver les faveurs des investisseurs. Dans cette optique, Crownrock est particulièrement intéressante, car elle est moins bloquée dans sa marge de manœuvre que ses concurrents cotés en bourse. Wall Street a en effet exigé une approche plus prudente, sans parler de la pression des actionnaires activistes. Une liberté de mouvement qui a permis CrownRock de considérablement augmenter sa production depuis 2019 et de mettre des appareils de forage sur le terrain.

L’ombre du rachat de Anadarko

Une liberté d’action qui a dû rassurer la PDG d’Oxy, Vicki Hollub. Elle avait déjà acheté Anadarko en 2019 pour 38 milliards de dollars. Si l’opération avait été en partie financée grâce à Warren Buffett, elle avait souffert d’un gros problème de timing. Elle a en effet pris place juste avant que la crise du pétrole ne fasse s’effondrer les marchés et plonge l’entreprise dans la tourmente.

Vicki Hollub

Heureusement pour Vicki Hollub, le rebond des prix du pétrole va aider à Oxy à rembourser sa dette et faire grimper le cours de son action. Une forme retrouvée qui va aussi lui permettre de repousser l’attaque de Carl Icahn, un investisseur activiste. Et même de voir plus grand puisque l’opération CrownRock devrait être finalisée au premier trimestre 2024. Elle sera financée à hauteur de 9,1 milliards de dollars de nouvelle dette. La dette d’Oxy passera donc à environ 28 milliards de dollars après la conclusion de l’opération, contre 17,9 milliards de dollars actuellement. La société a déclaré qu’elle prévoyait de vendre pour 4,5 à 6 milliards de dollars d’actifs non essentiels et d’utiliser les liquidités excédentaires pour rembourser la dette. “Nous avons trouvé en CrownRock une adéquation stratégique qui nous permet de créer de la valeur pour nos actionnaires grâce à une augmentation immédiate du flux de trésorerie disponible”, a déclaré Hollub en guise de conclusion dans le Financial Times.

Le rachat ne va pas que redessiner le secteur, il pourrait aussi provoquer des vagues dans le paysage politique dit De Standaard. Timothy Dunn, le PDG de Crownrock, est un grand donateur du parti républicain. Il a ainsi donné plus de 20 millions à des politiques, dont Donald Trump. Avec plus de temps et d’argent, il risque bien de pousser encore plus loin son activisme politique.

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