Le marché wallon de l’énergie est en train de se “bruxelliser”


Comparateur-Energie.be vient de publier une grande enquête sur les tendances énergétiques de 2025. Parmi elles, il y a la domination totale du Big Four (Engie, Luminus, Eneco et TotalEnergies) sur le marché, mais aussi une sérieuse baisse d’attractivité des nouveaux entrants sur le marché wallon.
“Être un fournisseur d’énergie en Belgique en 2025 n’est pas un exercice facile”, entame Maxime Sonkes, directeur général de Comparateur-Energie.be. Parce que les fournisseurs font face à de nombreux défis, comme la volatilité des prix, la surréglementation, la surprotection des consommateurs (les fournisseurs doivent avancer les impayés), les évolutions du mode de vie (télétravail, autoproduction, voitures électriques…) ou encore la digitalisation.
Le retour en force du Big Four
Dans ce contexte, les offres promotionnelles se multiplient. Chacun essaye de tirer son épingle du jeu. Et les quatre plus grands fournisseurs d’énergie en Belgique dominent outrageusement les classements des comparateurs de prix. Regardez plutôt : au premier trimestre 2025, 100 % des meilleures offres affichées provenaient de ces “Big Four”. “Du jamais vu depuis la création de notre plateforme en 2013“, indique l’analyse.

Ce basculement s’explique notamment par la capacité des gros bras “à sécuriser des volumes à long terme et à lisser les prix face à la volatilité du marché“, explique Maxime Sonkes. Aussi, dans les périodes de turbulences, le consommateur a tendance à se fier “aux grandes marques”. Les répondants perçoivent ces fournisseurs “comme plus solides, plus fiables et moins susceptibles de faire faillite”.
Et même quand Engie, Luminus, Eneco ou TotalEnergies ne figurent pas en tête du classement du comparateur-énergies, c’est-à-dire en proposant l’offre la moins chère, le Big Four rafle 86% de parts de marché.
A contrario, quand les challengers (Mega, Octa+, Elegant, Energie.be, Franck Energie) figurent en tête du comparateur, ils ne récoltent que 14% de parts de marché.
“Ce basculement brouille les repères. Pendant des années, quitter son fournisseur historique était souvent synonyme d’économie. En 2025, rester (ou revenir) chez une grande marque peut parfois être la meilleure option”, conclut l’analyse sur cette tendance.
Où sont les nouveaux acteurs en Wallonie ?
Depuis plusieurs années, on sait que la région Bruxelles-Capitales offre très peu d’ouverture à de nouveaux acteurs. Bruxelles est dans une situation de quasi-duopole où Engie et TotalEnergies se partagent le marché. La faute à “une politique jugée trop protectionniste envers le consommateur, qui refroidit les candidats à
l’entrée“, écrit Comparateur-Energie.be. Conséquence : une diversité tarifaire inexistante.
Le marché wallon est en train de suivre cette tendance alors qu’il offrait jusque-là un contre-modèle. “Ces derniers mois, Comparateur-Energie.be a constaté un net ralentissement des nouveaux arrivants en Wallonie. En observant les six derniers fournisseurs entrés sur le marché belge (Belvus Energie, Ecofix, Energy Knight, EnergyVision,
Franck Energie, Power2You) un constat s’impose : aucun d’entre eux n’a osé franchir la frontière wallonne“. Autre “fait marquant”, ajoute l’analyse, le départ d’Elegant, pourtant établi depuis longtemps. Fin 2024, ce fournisseur d’énergie a décidé de se concentrer uniquement sur le marché flamand.
“Départ isolé ou signe avant-coureur d’un désengagement progressif ? Difficile à dire. Mais une chose est sûre : la Wallonie commence à ressembler de plus en plus à sa voisine bruxelloise, avec un marché de l’énergie moins compétitif, moins diversifié, et donc… moins favorable pour le consommateur”, écrit Comparateur-Énergies.
Aujourd’hui, on peut légitimement s’interroger sur l’avenir concurrentiel de la Wallonie en matière d’énergie. Une tendance claire est en train d’émerger et celle-ci ne va pas dans la bonne direction pour les consommateurs wallons (…). Ce qui est déjà évident, c’est que sans un ajustement du cadre réglementaire, la Wallonie risque de basculer dans un marché verrouillé, où la diversité de l’offre sera réduite. De quoi craindre pour le pouvoir d’achat des Wallons.

Maxime Sonkes
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