Le dernier rapport de l’AIE tord le cou aux décroissantistes

FANG DONGXU / Feature China/Future Publishing via Getty Images)
Baptiste Lambert

L’idée qu’il faudrait forcément passer par la décroissance pour faire baisser les émissions de CO2 est remise en cause par le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

C’est encore timide, mais bien réel. Le découplage entre croissance économique et émissions carbones est possible. C’est en tout cas ce que confirme le dernier rapport de l’AIE sur l’année 2023, au niveau des économies développées.

Les États-Unis ont connu l’année dernière une surprenante croissance de 2,5%. L’Europe, de son côté, a dû se contenter d’une croissance plus timide de 0,5%, selon les chiffres actualisés du FMI. Mais dans le même temps, l’AIE constate que les émissions de CO2 ont baissé de 4,1% aux États-Unis et de 9% en Europe.

C’est bien simple, les émissions de CO2 issues des combustibles fossiles sont revenues 50 ans en arrière, au niveau de 1973. L’utilisation du charbon pour produire de l’énergie est revenue plus de 100 ans en arrière, à son niveau de 1906, pour les économies développées.

Crédit : AIE

L’essor des énergies renouvelables

Ce découplage entre croissance et émissions de CO2 est rendu possible par l’essor du renouvelable. Désormais, la production d’électricité éolienne est supérieure en Europe à celle produite par le gaz (-15 % entre 2022 et 2023) et le charbon (-27 %). L’hydro-électricité, le nucléaire et le solaire ont fait le reste.

La désindustrialisation de l’Europe, surtout en Allemagne, n’est pas le facteur essentiel. Par rapport à 2022, elle n’explique que 30% de la baisse des émissions sur le Vieux Continent. Le rapport cite d’autres technologies comme les voitures électriques et les pompes à chaleur pour justifier, en partie, la baisse. Aux États-Unis, la principale explication est liée au passage du charbon au gaz, avec l’essor du GNL américain, notamment.

La Chine domine le renouvelable

Alors, bien sûr, le chemin reste très long. Au niveau mondial, les émissions de CO2 ont encore augmenté en 2023, de 1,1%, ce qui nous éloigne de l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 45% d’ici à 2030. Mais la hausse est moins prononcée qu’en 2022 et la croissance mondiale en 2023 était pourtant de 3,1%.

Cette hausse des émissions, on la doit principalement à la Chine, qui a entamé sa relance post-covid, et à l’Inde, qui a connu une mousson exceptionnelle. Ces deux facteurs conjoncturels ont poussé les deux mastodontes vers le charbon. La demande en électricité a été très élevée, et dans le cas de l’Inde, le pays a connu une forte chute de sa production hydroélectrique.

Mais il y a un grand motif d’espoir pour les années à venir. Selon le rapport, 85% des nouvelles centrales électriques construites en 2023 étaient solaires, éoliennes ou nucléaires. Le solaire, surtout, a le vent en poupe, car il s’agit actuellement de l’énergie la plus bon marché.

Et à cet égard, la Chine opère un réel tournant. Elle installe plus de nouvelles centrales électriques bas carbone que le reste du monde réuni. Panneaux solaires, nucléaire, voitures électriques, pompes à chaleur, la Chine est quasiment numéro 1 partout. Et c’est un facteur qui pourrait tout changer et donner un sérieux coup d’accélérateur au découplage entre croissance et émissions de carbone. Comme le montre ce dernier graphique de l’AIE : la Chine émet plus de CO2 que l’Europe, les États-Unis et le Japon réunis. Par habitant, seuls les États-Unis dépassent encore la Chine.

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