La mer du Nord affiche complet : où trouver de la place pour développer l’éolien offshore ?

© Belga

Aucune nouvelle zone de la mer du Nord ne convient pour l’installation d’un troisième pôle énergétique dans les eaux territoriales belges. Concrètement la mer est pleine et il va falloir trouver d’autres options.

Les autorités belges ambitionnent de transformer la mer du Nord en « centrale énergétique verte ». Dans l’accord sur la prolongation des réacteurs nucléaires Doel 4 et Tihange 3, le gouvernement affichait même un objectif à atteindre : 8 GW de production de renouvelable offshore d’ici 2040. Soit presque quatre fois plus que les 2,26 gigawatts actuels.

Une première zone pleine et une deuxième zone en vue

La première zone d’éolien offshore se trouve au large de Zeebrugge. On la voit la nuit de la Côte grâce à une constellation de lumières rouges qui clignotent. C’est la zone dite orientale développée entre 2009 et 2021. Elle est composée de 399 turbines et est déjà pleine. Une deuxième zone de production offshore dans les eaux territoriales belges est prévue. L’île « Princesse Elisabeth », se trouvera au large de la côte entre La Panne et Ostende. “Cette île énergétique est une première mondiale. Le permis d’environnement a été délivré mardi. La construction de l’île débutera en mars 2024 et les premières éoliennes seront construites en 2028” précise la ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten (Groen). Elle ne sera donc opérationnelle que d’ici la fin de cette décennie et devrait apporter 3,5 GW. Ensemble, ces deux infrastructures doivent assurer la production de 5,8 GW. Pas assez que pour atteindre les 8 GW.

Une troisième zone enterrée pour de bon ?

C’est pourquoi les autorités souhaitaient développer un troisième pôle. Mais rapidement la question de la place s’est posée. Les eaux territoriales belges couvrent 3.454 km2 et, aujourd’hui, 15,4% sont déjà désignés pour la production d’énergie offshore. Si cela peut laisser croire qu’il resterait suffisamment d’endroits où l’on pourrait développer de nouvelles zones, rien n’est moins vrai. On l’oublie parfois, mais la mer du nord est l’un des axes maritimes les plus embouteillés du monde, mais aussi proche des côtes et le cadre de divers enjeux pas toujours compatibles entre eux. Les zones adéquates sont donc plutôt l’exception que la règle.

Vincent Van Quickenborne, le ministre de la mer du Nord, avait commandé une étude en mars 2022 pour juger de la faisabilité d’une telle option et évaluer le potentiel restant de la mer. Le consultant Arcadis mandaté par le gouvernement s’est concentré sur cinq zones de 100 km chacune avec un objectif de production de 1 GW, soit le seuil à partir duquel les nouvelles installations seraient rentables. Les résultats viennent de tomber et ils ne sont pas bons. Aucune des zones ne convient. La conclusion du rapport est que «cela irait à l’encontre des intérêts de la nature, des activités existantes, des riverains côtiers et de l’économie liée à la navigation et aux ports ».

Ainsi une des zones qui causerait le moins de conflits avec d’autres activités en mer est située en face de Bredene. Mais les installations seraient beaucoup trop visibles depuis la plage et la digue. Or cet impact visuel est justement l’argument du gouvernement fédéral pour engager des démarches juridiques contre un parc éolien que la France prévoit de construire à 10 kms au large de Dunkerque. D’autres sont plus problématiques pour des raisons économiques comme l’extraction de sable, le déversement de boues de dragage ou sont tout simplement trop petites que pour être rentable. Enfin il faut aussi tenir compte des activités militaires ou encore de l’impact sur la nature puisqu’il existe les zones Natura 2000 et des directives européennes sur l’habitat des oiseaux marins.

L’étude va-t-elle directement mettre fin à la possibilité d’un troisième parc ? Au cabinet du ministre de la Mer du Nord, on préfère ne pas se prononcer puisque le sujet serait toujours en cours de discussion au sein du gouvernement. La Belgian Offshore Platform (BOP), qui regroupe les acteurs de la filière de l’éolien en mer temporise aussi dans Le soir et n’y voit qu’une « première étape ».

La Belgique fait partie des bons élèves pour l’éolien

La Belgique a des ambitions plus élevées que la trajectoire prévue dans l’accord de Paris qui prévoyait que la Belgique développe 8,21 GW grâce à l’éolien en 2030. Avec son objectif de développer 10,24 GW grâce à l’énergie éolienne d’ici 2030 contre 5,3 GW en 2022, elle fait donc partie des bons élèves.

Un objectif au rabais ?

La Belgique est et veut rester l’un des leaders mondiaux en matière d’énergie éolienne offshore, selon le cabinet de la ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten (Groen). Mais comment atteindre l’objectif des 8 gigawatts si aucune troisième zone ne peut être déterminée ? « Nous accélérons la transition énergétique grâce à un triplement de l’énergie éolienne en mer du Nord belge d’ici 2030″, souligne le cabinet pour qui la création « d’une troisième zone offshore n’était qu’ « une piste » parmi d’autres. Il existe, en effet, d’autres solutions que l’expansion.

Ainsi, on peut augmenter la puissance des parcs existants en remplaçant les éoliennes existantes par de plus puissantes. Mais,  là aussi cela risque de soulever quelques problèmes, car les éoliennes seront aussi plus grandes. Cela soulève donc des questions concernant les permis environnementaux, les possibilités techniques et les conditions juridiques.

Une autre piste est la collaboration avec d’autres États et la création d’un réseau commun avec des parcs plus loin en mer. Une troisième piste se trouve dans les panneaux solaires flottant entre les éoliennes. Un projet pilote a commencé à Ostende et on estime qu’il devrait produire 1 gigawatt. Une fois la deuxième zone construite, ce genre de panneaux pourraient aussi être développés là-bas. Une quatrième piste est encore d’étendre la capacité offshore via la création de petites zones à proximité des installations existantes.

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