La hausse du prix du gaz est-elle partie pour durer ?

© Getty Images

Une potentielle grève en Australie pourrait mettre à l’arrêt 10% de la production mondiale de GNL. Une grève lointaine mais qui risque de toucher directement l’Europe. Une Europe particulièrement vulnérable suite aux livraisons de gaz russe en baisse et avec  le prix sur le marché de gros qui explose. Et il pourrait rester élevé.

Hausse importante du gaz prix du gaz ce mercredi. Le prix de gros de référence, le TTF néerlandais, a bondi de 30% environ. Ce jeudi matin, la hausse continue – le MWh est en hausse de 5% après trois heures de négociation et affiche plus de 41 euros. C’est son niveau le plus élevé depuis deux mois.

Pourquoi cette hausse ?

Une des raisons de cette hausse soudaine est l’annonce d’une grève en Australie. Les sites en question livrent 10% de l’offre mondiale de GNL, une quantité non négligeable. Canberra n’approvisionne pas vraiment l’Europe, son client est surtout l’Asie. Mais sans l’Australie, cette dernière va se retourner vers d’autres fournisseurs, dont les États-Unis. Ceux-ci pourraient ainsi donner moins de GNL à l’Europe – une perspective qui fait augmenter les prix chez nous.

Cette grève est néanmoins lointaine. À elle seule, elle ne ferait normalement pas bondir le prix du gaz. Surtout que les réserves de gaz sont déjà bien remplies (à hauteur de 88%, selon l’inventaire de Gas Infrastructure Europe).

L’autre ingrédient du cocktail serait le gaz russe – les approvisionnements, vers l’Europe, sont largement en deçà de l’année dernière, comme l’explique l’expert en énergie et professeur à l’École supérieure de physique et de chimie industrielles (université Paris Science et Lettres), Thierry Bros, sur Twitter, graphique à la main. Il ajoute que la crise énergétique ne serait donc pas terminée.

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Le marché est donc très tendu, particulièrement en Europe, et reste vulnérable face à des événements, comme cette grève. C’était déjà ce qu’expliquait l’expert en énergie et professeur à l’Université de Liège, Damien Ernst, dans nos pages il y a trois semaines. Sur Twitter, il décrit cette hausse du prix du gaz comme “très préoccupante”.

Lors de notre entretien, il nous expliquait également que le prix du gaz ne pourrait pas s’installer durablement sous la barre des 35 euros. Le voilà donc repassé au-dessus, et pourrait le rester pour un certain temps, si les prévisions de l’expert sont bonnes.

Grève : possibilité de solution ?

En Australie, les syndicats et les producteurs de GNL (Woodside et Chevron) négocient, ce jeudi. Mais il n’est pas sûr que les pourparlers puissent aboutir à une solution. Le vote en faveur de la grève devrait avoir lieu au début de la semaine prochaine, rapporte le Financial Times. La grève, qui porte sur le salaire et les conditions de travail, pourrait durer des mois. Les syndicats prennent comme exemple une grève qui a eu lieu l’année dernière, sur un site de Shell, bloquant les activités pendant 76 jours.

La menace d’interruption des approvisionnements est donc réelle. Si les négociations s’enlisent et que les travailleurs débrayent, on peut s’imaginer – au vu de la hausse provoquée par la simple menace de grève- que le prix du gaz part encore davantage à la hausse . Il pourrait aussi s’agir d’un simple effet de panique qui joue sur les marchés. Il est donc possible que le cours puisse se stabiliser lorsque le secteur aura digéré les nouvelles et analysé la nouvelle situation de l’approvisionnement, en fonction de l’interruption (si elle devait avoir lieu). Le ralentissement économique, entre autres en Europe et en Chine, devrait également jouer un rôle de stabilisation du prix.

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