Nouvelle coupe dans la production ? A quoi s’attendre lors de la réunion de l’OPEP+
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés se réunissent ce dimanche. Avec la baisse des prix du pétrole brut ces dernières semaines, l’OPEP+ pourrait envisager de réduire la production, à nouveau.
La réunion de l’OPEP+ n’a lieu que ce dimanche, mais elle fait déjà couler beaucoup d’encre. Les membres de l’OPEP+, c’est-à-dire l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés, vont se réunir pour discuter de la production de pétrole. Comme ils livrent près de la moitié de l’offre mondiale, ces réunions ont toujours un impact sur le marché mondial de l’or noir, et donc sur les prix à la pompe.
Vers une nouvelle coupe ?
Ainsi, le marché est déjà nerveux en ce début de semaine. C’est que vendredi, des sources de l’OPEP+ sont sorties du bois en glissant à Reuters que l’organisation allait considérer si des coupes supplémentaires dans la production étaient nécessaires. “Les réductions actuelles ne sont peut-être pas suffisantes et le groupe analysera probablement s’il est possible d’en mettre d’autres en place lorsqu’il se réunira”, indiquait l’une d’entre elles.
Une véritable mise en garde ou un ballon d’essai pour voir la réaction des spécialistes et du marché ? L’avenir nous le dira. De son côté, le marché a en tout cas réagi à la nouvelle, passant d’environ 80 dollars le baril de Brent ce vendredi à près de 83 ce lundi, avant de rechuter à 81,75 au moment d’écrire ces lignes. Signe qu’il ne sait pas encore vraiment à quel jeu l’OPEP+ va jouer.
Baisse de la demande et réductions de l’OPEP : un long combat
Mais est-ce qu’une baisse de la production pourrait être probable ? Pour répondre à cette question, il faut regarder l’histoire récente du marché. A la fin de l’année 2022, dans un contexte de hausse des taux et de début de ralentissement économique, la demande en pétrole a commencé à chuter. L’OPEP+, qui venait tout justement de revenir à un quota de production normal après les baisses de la pandémie, a alors décidé de réduire la production de deux millions de barils par jour.
Une nouvelle qui a choqué le marché et créé des tensions géopolitiques, notamment entre Washington et Riyad. Le prix s’est envolé, comme l’organisation l’espérait avec cette limitation de la production. Mais l’effet n’était que temporaire : le prix du brut a continué à chuter, dans un contexte de ralentissement économique toujours (surtout que le réveil de la Chine, attendu à l’époque, n’a jamais vraiment suivi). D’autres coupes ont donc suivi : en tout, l’OPEP+ a réduit la production de 3,66 millions de barils par jour. Des membres comme l’Arabie Saoudite et la Russie ont ajouté leurs propres coupes, dites unilatérales, d’un million et demi de barils par jour de plus.
A chaque coupe, le cours augmentait, mais rechutait finalement. Jusqu’à un peu plus de 70 dollars le baril de Brent, au mois de juin. Puis il commençait à sembler que l’OPEP+ gagnait enfin la main, grâce aux limitations de la production et à la hausse de la demande en été : le cours a augmenté jusqu’à 96,5 dollars fin septembre. Le seuil des 100 dollars semblait à portée de main.
Mais depuis, il semble que les perspectives économiques maussades regagnent le dessus. Le cours a rechuté jusqu’à 80 dollars le baril, et ce malgré la guerre entre Israël et le Hamas. Jeudi passé, il se négociait même à 77,5 dollars.
On peut donc se poser la question si l’OPEP+ va à nouveau réduire les quotas de production, ou du moins donner des signes en ce sens, pour raviver le prix. On sait que certains pays comptent sur un prix du baril élevé, notamment dans le budget de leurs gouvernements. Cette récente baisse après le rallye de l’été doit donc être décevante. Surtout que de nombreuses analyses pointaient vers un important déficit entre l’offre et la demande en cette fin d’année, et donc vers une hausse du prix.
“Confortable”
Certains éléments plaident donc pour une nouvelle baisse. Mais d’autres, au contraire, plaident pour un statu quo. C’est le son de cloche qui résonne à Moscou. Une source du Kremlin glisse à Reuters qu’elle ne voit “pas de raisons de changer quelque chose de manière radicale”, même si des surprises ne seraient pas impossibles. Un analyste indépendant russe ajoute que le prix actuel est “confortable” pour la Russie et que la Russie n’aurait pas besoin de coupes supplémentaires.
Est-ce que cela va pour autant pousser la Russie à se positionner contre une réduction de la production, si les autres membres la préconisent ? Difficile à dire. Dans tous les cas, la réunion risque de tenir le marché et les observateurs en haleine cette semaine.
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