Les États-Unis commencent à remplir leurs réserves stratégiques de pétrole : vers une hausse du prix de l’or noir ?

Pétrole stockage
© Getty Images

Vidée ces deux dernières années pour limiter l’impact de la hausse du prix du pétrole, la réserve stratégique des Etats-Unis a diminué de moitié. Washington est donc en train de commander du pétrole pour la remplir à nouveau. Conséquence : le prix du pétrole est en hausse cette semaine. Et à plus long terme ?

Une arme puissante dans l’arsenal énergétique de Joe Biden. Avec leurs immenses réserves stratégiques de pétrole, les États-Unis peuvent se mettre, quelque peu, à l’abri des hausses des prix sur le marché du pétrole. Ces deux dernières années, dans un contexte de guerre en Ukraine, de réductions de la production de l’OPEP+ et de volatilité des prix du pétrole, l’administration de Biden n’a donc pas hésité à puiser dans les réserves pour essayer de lisser les prix, du moins à domicile.

Elle a énormément puisé dedans, comme aucune administration avant elle. Encore à près de 640 millions de barils en janvier 2021 lors de l’investiture de Biden, le niveau de la réserve a baissé à 347 millions de barils en juillet de cette année. Soit le niveau le plus bas depuis 1983.

Ainsi, une force peut devenir une faiblesse. Vider la réserve permet de limiter la hausse du prix pétrole et donc la hausse du prix à la pompe, mais de l’autre côté une réserve à moitié vide (capacité maximale : 714 millions de barils) peut mettre le pays dans une position vulnérable. Tout comme la nécessité de la remplir à nouveau. Surtout car les prix fluctuent toujours fortement.

Remplissage timide

Depuis le mois de juillet, le niveau de la réserve a légèrement augmenté, jusqu’à près de 352 millions de barils. Entre juillet et octobre, le prix du pétrole a fortement augmenté, d’où la hausse très lente du niveau de la réserve. Dans l’idéal, le gouvernement américain voudrait bien entendu vendre son pétrole à prix élevé et profiter des prix bas pour remplir la réserve à nouveau, pour que l’opération ne pèse pas sur le trésor public.

Ces dernières semaines, le prix du pétrole a d’ailleurs fortement baissé, jusqu’à moins de 69 dollars le baril pour le WTI, la référence américaine, jeudi dernier (et 74 dollars pour le Brent de la mer du Nord). Selon les observateurs, ce serait plus ou moins le niveau attendu pour remplir les réserves.

Hausse du prix ?

“Nous savons que l’administration Biden est sur le marché et cherche à remplir la SPR (réserve stratégique de pétrole, NDLR), ce qui apportera un soutien (du côté de la demande, NDLR)”, explique l’analyste de IG, Tony Sycamore, à Reuters. Washington a par exemple conclu un accord pour la livraison de jusqu’à trois millions de barils en mars prochain, ce vendredi. Depuis, les prix du pétrole sont donc en hausse : le WTI se négocie à 71,6 dollars le baril et le Brent à 76,3 dollars, à l’heure d’écrire ces lignes.

Ces achats pour remplir la réserve sont un peu à double tranchant. Le prix du pétrole baisse à cause du ralentissement de nombreuses économies mondiales et de la baisse de leur demande en pétrole. Mais avec le remplissage de la réserve, la demande augmente, ce qui porte le prix vers le haut. Les États-Unis vont donc devoir jouer à l’équilibriste en n’achetant pas trop de pétrole à la fois pour ne pas faire flamber le prix et continuer à profiter d’un prix bas.

Mais il reste une inconnue dans cette équation : la baisse de la production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de ses alliés (OPEP+). Le 30 novembre, les membres se sont engagés à réduire la production de 2,2 millions de barils par jour sur le premier trimestre de l’année prochaine. Les spécialistes se demandent si l’offre va vraiment baisser sur le marché, comme des pays non membres de l’OPEP produisent plus et que d’importantes économies, comme la Chine, sont toujours au ralenti.

Mais il reste donc à voir comment cela se concrétise, une fois les coupes de l’OPEP+ venues. Les achats des États-Unis pour remplir les réserves pourraient donc être mises en péril, si l’offre baissait de manière sensible. Ou contribuer à une hausse des prix sur le marché, selon le cas.

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