Le gaz pauvre deviendra riche d’ici 2024: une bonne nouvelle pour votre facture?
En Belgique, de nombreux foyers sont encore alimentés en gaz à faible pouvoir calorifique, aussi appelé gaz pauvre ou gaz L, provenant des Pays-Bas. D’ici 2024, toutes les communes belges devront passer au gaz riche. Mais quelle est la différence, et qu’est-ce que ça change exactement pour le consommateur?
Vous vous chauffez au gaz naturel? Alors peut-être êtes-vous concerné par le message qui suit: votre gaz change. Les Pays-Bas vont en effet définitivement couper leur approvisionnement en gaz pauvre d’ici quelques années et la Belgique devra dès lors se tourner vers d’autres pays pour assurer la pérennité énergétique de plusieurs dizaines de communes.
La raison? Les réserves de gaz du gisement de Groningen – qui profitent à quelques 1,6 million de Belges – s’amenuisent et les autorités néerlandaises ont donc décidé de réduire leurs exportations vers la Belgique et de les arrêter totalement au plus tard en 2030. Un changement qui contraint 110.000 foyers wallons, 500.000 ménages bruxellois et un million de ménages flamands à passer à un autre type de gaz: le gaz riche.
Une conversion qui a débuté en 2018 et qui s’achèvera fin 2024. À ce jour, la totalité des communes bruxelloises – seule Région jusqu’ici exclusivement fournie en gaz pauvre – sont passées avec succès au gaz riche. Aujourd’hui, c’est au tour du Brabant wallon de poursuivre sur sa lancée, avec une cinquième vague de conversion.
Une composition différente
En Belgique, on retrouve deux types de gaz naturel: le gaz pauvre ou à faible pouvoir calorifique qui provient des Pays-Bas, et le gaz riche ou à haut pouvoir calorifique qui est importé de Norvège, du Royaume-Uni et du Qatar. Si chacun possède leur propre réseau de distribution, ce qui les distingue vraiment, c’est leur pouvoir calorifique, leur contenu en énergie.
La valeur énergétique du gaz pauvre est environ 15% inférieure à celle du gaz riche: il contient en moyenne 10,3 kWh/m³, alors que le gaz riche en contient 11,4 kWh/ m³. Il libère donc moins d’énergie que le gaz riche. Pour prendre un exemple concret: vous souhaitez prendre un bain bien chaud? Votre installation consommera 15% de gaz en plus pour chauffer l’eau si elle est alimentée en gaz pauvre.
Les personnes concernées
Sur le territoire couvert par ORES (Wallonie), une trentaine de communes sont alimentées en gaz à faible pouvoir calorifique, principalement dans la province du Brabant wallon, ainsi que dans quelques communes du Hainaut et de la province de Namur. Si une bonne moitié des communes wallonnes concernées ont déjà achevé leur transition, c’est désormais au tour des habitants de Wavre et des communes alentour de se faire livrer en gaz riche. Ils avaient jusqu’à fin mai pour faire vérifier leurs installations de gaz. En Flandre, les provinces d’Anvers, du Limbourg, du Brabant flamand sont également concernées.
Un impact sur votre installation?
Toute modification entraîne forcément des changements, et l’énergie n’échappe pas à la règle. La composition du gaz riche étant différente de celle du gaz pauvre, cette conversion aura des répercussions sur:
- l’infrastructure servant au transport du gaz à travers notre pays,
- le réseau de distribution du gaz, et
- les appareils fonctionnant au gaz.
En effet, pour pouvoir continuer à fonctionner correctement après cette conversion, toute votre installation (chaudière, chauffe-eau, cuisinière…) doit être compatible avec le gaz riche. Il convient donc de faire vérifier vos appareils auprès d’un spécialiste agréé et, éventuellement, les faire régler ou adapter afin de garantir leur sécurité et leur bon fonctionnement après la conversion.
Pas de panique néanmoins: très peu de personnes sont concernées par de telles modifications. Les appareils installés depuis 1978 sont normalement compatibles avec les deux types de gaz. La plupart ne demanderont donc pas d’adaptation. Un simple réglage devrait suffire.
Ce n’est pas parce que vous passez au gaz riche que cela fera automatiquement baisser votre facture d’énergie.
Du reste, pas question d’échapper au contrôle, surtout si vous possédez des installations plus anciennes. Un appareil inadapté peut non seulement s’avérer moins performant, mais également vous exposer à un risque de surproduction de CO (monoxyde de carbone), qui n’est pas sans danger. Vous avez acheté votre installation à l’étranger? Même constat: de telles chaudières ne sont pas adaptées au marché belge et doivent donc également être remplacées.
« Certaines chaudières peuvent aussi avoir été déréglées lors de la mise en service ou lors d’un entretien pour répondre aux exigences d’émission “PEB” avec du gaz pauvre. Dans ce cas, ou en cas de doute, mieux vaut en parler avec votre chauffagiste », prévient l’organisme de protection des consommateurs Test Achats.
Et sur votre facture d’énergie?
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la différence de composition de ces gaz n’a aucune influence sur leur coût. Ce n’est pas parce que vous passez au gaz riche que cela fera automatiquement baisser votre facture d’énergie. « Votre facture est basée sur l’énergie produite lors de la combustion du gaz et non pas sur le volume de gaz proprement dit », nous explique Ores. « C’est pour cela que le tarif s’exprime en kWh et pas en m³ ». En d’autres termes, votre fournisseur prend en compte la quantité d’énergie consommée et non le volume de gaz livré. Si vous espériez réaliser quelques économies, vous risquez donc d’être déçu…
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici