La nouvelle taxe carbone pourrait coûter jusqu’à 1200 euros par an aux ménages belges dès 2027

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Daan Killemaes Economiste en chef de Trends Magazine (NL)

À partir de 2027, une nouvelle taxe carbone européenne apparaîtra sur votre facture d’énergie. Et elle ne sera pas anodine… D’ici à 2030, le coût du ravitaillement en carburant pourrait augmenter de 25%. De son côte, le chauffage au gaz naturel coûterait à une famille moyenne jusqu’à 700 euros de plus par an, selon de nouvelles estimations.

Le pollueur paie. Le message est clair, et sera mis en pratique afin de faire de l’Europe un continent neutre en carbone d’ici 2050. À partir de 2027, les ménages et les industries moins énergivores devront également s’acquitter de quotas d’émission s’ils brûlent des combustibles fossiles pour se chauffer ou se déplacer. En pratique, ce seront les fournisseurs d’énergie qui achèteront les quotas nécessaires pour couvrir les émissions de CO₂ de leurs clients. Toutefois, ces fournisseurs répercuteront ces coûts carbone sur les factures de leurs clients. Mais à quel prix et quel sera l’impact de cette nouvelle taxe carbone sur le portefeuille des Belges?

Un nouveau système d’échange de quotas
La nouvelle taxe carbone sera mise en œuvre via l’ETS2, un nouveau système d’échange de quotas d’émission dans l’Union européenne, qui inclut les bâtiments et le secteur des transports. Des secteurs comme l’industrie peu énergivore y seront également soumis, complétant ainsi l’ETS1. L’ETS1 oblige déjà les industries plus énergivores et le secteur de l’énergie à acheter un nombre suffisant de quotas d’émission. L’Europe réduit progressivement le nombre de quotas disponibles, ce qui entraîne une hausse du prix du carbone et incite les entreprises à investir dans la réduction de leurs émissions. Après 2030, il est fort probable que l’ETS1 et l’ETS2 fusionnent en un seul système européen d’échange de quotas d’émission.

Le prix du carbone augmentera rapidement

À partir de 2027, l’ETS2 encouragera également les ménages et les entreprises à passer à une pompe à chaleur, une voiture électrique ou à rendre leurs processus de production plus écologiques. La question cruciale est de savoir combien coûtera l’émission d’une tonne de CO₂ avec l’ETS2. Il ne s’agira pas d’un prix fixe, mais d’un prix de marché déterminé par la demande de quotas, d’une part, et par l’offre que l’Europe mettra sur le marché, d’autre part.

« En 2027 et 2028, nous ne prévoyons pas encore de pénurie de quotas d’émission dans le cadre de l’ETS2. L’offre sera supérieure à la demande. Selon un scénario central, nous prévoyons un prix du carbone autour de 58-60 euros par tonne en 2027 », explique Maarten De Brandt, négociant en quotas d’émission chez Vertis. Cette société achète des quotas d’émission pour les entreprises et les aide à rendre leurs activités plus écologiques.

Surtout en 2030

La Commission européenne estime que, pour la période 2028-2030, le prix du carbone sera d’environ 45 euros par tonne. Dans ce scénario, une famille devra payer une taxe carbone annuelle de 114 euros pour chauffer une maison mal isolée, selon une simulation du Service public fédéral de Santé publique. La facture de carburant pour une voiture familiale augmenterait d’environ 100 euros par an. Cela peut être contraignant, mais reste supportable.

Toutefois, les experts estiment que le prix du carbone sera beaucoup plus élevé d’ici à 2030. « Avec le système ETS2, le nombre de quotas d’émission sera réduit de 5,38% chaque année. C’est une baisse considérable. On crée donc une pénurie croissante dès le départ pour faire grimper le prix du carbone. À partir de 2029, nous nous attendons à ce que la demande dépasse l’offre. De quoi provoquer une forte réaction des prix. Dans un scénario où la réduction des émissions serait relativement lente, le prix du carbone pourrait atteindre 200 euros la tonne en 2030. Il est même possible que cette hausse commence dès 2028 si les entreprises ou les investisseurs l’anticipent », déclare Maarten De Brandt.

D’autres instituts de recherche et acteurs du marché partagent cette estimation. « Le prix du carbone pourrait atteindre 200 euros la tonne d’ici 2030 », déclarait récemment Pieter Vingerhoets, expert en énergie au centre de connaissances VITO-Energyville, à nos confrères flamands.

700 euros de plus pour la facture de gaz

Un prix du carbone de 200 euros par tonne pèserait lourd sur le budget d’une famille moyenne. Prenons un ménage qui se chauffe au gaz naturel, comme c’est le cas pour environ 66% de la population belge. Il consomme annuellement 17 mégawattheures de gaz naturel, ce qui équivaut à une émission d’environ 3,5 tonnes de CO². Avec un prix du carbone à 200 euros par tonne, la taxe impacterait la facture de gaz naturel. Celle-ci augmenterait de 700 euros par an.

Une famille possédant une ou plusieurs voitures à moteur thermique ressentirait également fortement l’impact de l’ETS2 à la pompe. Comptez environ 500 euros supplémentaires par an. « Le prix de l’essence pourrait augmenter de 25% si le prix du carbone atteint 200 euros par tonne d’ici 2030 », explique Maarten De Brandt.

Soit, une facture totale alourdie de 1200 euros chaque année, si on additionne gaz et carburant. Or, une nouvelle augmentation de la facture énergétique des ménages est très sensible sur le plan politique. Pendant la crise énergétique, les gouvernements ont largement compensé la hausse des coûts de l’énergie. C’est pourquoi des mécanismes d’amortissement ont été intégrés à l’ETS2. « L’ETS2 sera retardé d’un an si le prix du gaz ou du pétrole est trop élevé. La combinaison des prix de l’énergie élevés et d’une taxe carbone supplémentaire rendrait la situation inabordable pour les ménages et l’industrie, qui rencontrent déjà de grandes difficultés », souligne Maarten De Brandt.

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