Trends Tendances

Elections : pourquoi il faut dire merci aux marchés financiers

Au fond, le psychodrame de la Grèce aura au moins servi à une chose : jouer les épées de Damoclès pour trouver rapidement une solution, sans quoi les spéculateurs se déchaîneront sur notre beau pays.

La victoire d’un parti nationaliste en Flandre et d’un parti de gauche du côté francophone rendra difficile, très difficile la négociation d’un accord sur les thèmes sociaux et économiques.

Le risque d’éclatement du pays n’est pourtant pas encore à l’ordre du jour. Une étude rédigée par un chercheur de l’UCL et publiée voici quelques jours à peine a disséqué toutes les manières dont les Etats peuvent devenir indépendants. Sur base historique, trois scénarios se dégagent.

Le premier, c’est bien entendu celui du conflit armé. Même les personnes les plus excitées sur le plan communautaire savent que les querelles belgo-belges sont heureusement non violentes…

Le second, c’est le “divorce de velours”, autrement dit la négociation. Pour cela, il faudra l’accord des francophones. Or, deux points importants viennent bloquer la discussion : le statut de Bruxelles et, plus important encore, la dette publique. En cas de divorce avec consentement mutuel, il faudrait répartir cette dette publique, par exemple au prorata de la population. Dans ce cas, la Wallonie recevrait 33 % de la dette fédérale qui s’ajouterait à sa propre dette. Autant dire, que la Wallonie refusera toute séparation.

Le troisième, c’est la séparation sans consentement mutuel : un départ unilatéral de la Flandre. Là encore, ce “scénario du pire” se heurte à la réalité et aux lobbies. La réalité, c’est que d’autres Etats européens ne voudront pas reconnaître la nouvelle Flandre indépendante pour ne pas susciter la même envie chez eux. On pense à l’Italie, à l’Espagne et même à la France avec la Corse.

Quant aux lobbies, je me réfère surtout au patronat belge, qui ne voudra pas avoir deux ou trois Etats avec deux ou trois droits du travail différents, ce qui rendrait la vie impossible aux entreprises belges qui, en cas de séparation, deviendraient de facto des multinationales. Pour un patron, le compte de résultats, surtout en période de crise, passe avant ses convictions politiques.

Pour toutes ces raisons, la Belgique fédérale n’est pas encore morte. Ceci dit, pourquoi se le cacher : les discussions seront très serrées et il faudra aller vite car les marchés financiers sont aux aguets. Au fond, le psychodrame de la Grèce aura au moins servi à une chose : jouer les épées de Damoclès pour trouver rapidement une solution, sans quoi les spéculateurs se déchaîneront sur notre beau pays.

Vu comme ça, on en viendrait presque à trouver les marchés financiers sympathiques.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content