Recycler deux fois plus pour limiter les déchets, un pari impossible pour l’Europe?
La mobilisation de plusieurs milliards d’euros n’a eu qu’une incidence limitée sur la transition de l’Union européenne dans l’économie circulaire, estime lundi la Cour des comptes européenne. Dans ces conditions, l’ambition de l’UE de recycler deux fois plus de matières au cours de cette décennie pourrait se révéler un pari impossible.
L’économie circulaire est un modèle de production et de consommation qui consiste à partager, réutiliser, réparer, rénover et recycler les produits et les matériaux existants le plus longtemps possible afin qu’ils conservent leur valeur. L’objectif est de réduire l’utilisation de matières premières ainsi que la production de déchets.
Pour favoriser la transition vers une économie circulaire, la Commission européenne a publié deux plans d’action – non contraignants – dont le dernier date de 2020 et prévoit de doubler d’ici 2030 la part de matières premières recyclées dans l’économie. Mais entre 2015 et 2021, le taux de circularité (c’est-à-dire la quantité de ressources provenant de matières circulant en boucle) n’a pratiquement pas évolué dans l’UE.
En Belgique, le taux de circularité est passé de 17,7% en 2015 à 20,5% en 2021. Il avait atteint 23,5% en 2019 avant de redescendre. Avec une hausse de 2,8 points de pourcentage en six ans, la Belgique est parmi les “bons” élèves européens. Dans sept pays dont la Pologne ou la Finlande, le taux a reculé depuis 2015.
“Jusqu’à présent, l’action de l’UE n’a pas porté ses fruits et la transition circulaire est hélas pratiquement au point mort dans les pays européens”, a déclaré Annemie Turtelboom, membre de la Cour des comptes européenne.
Limiter plutôt que gérer les déchets
Pourtant, quelque 10 milliards d’euros ont été distribués entre 2016 et 2020 pour encourager les investissements dans l’innovation verte et aider les entreprises à prendre les devants dans la transition. Mais les États membres ont consacré la grande majorité de ces fonds à la gestion des déchets plutôt qu’à leur prévention. Investir dans la conception circulaire des produits et des processus de production aurait probablement eu davantage d’impact, constate la Cour des comptes.
Les plans d’action de la Commission comportaient aussi un éventail de mesures en faveur de l’innovation et des investissements. Mais la Cour des comptes n’a pas trouvé d’éléments attestant qu’elles ont véritablement contribué à l’économie circulaire.