KoBold, la start-up soutenue par Gates et Bezos qui chasse les gisements de métaux pour la transition énergétique
La demande de métaux comme le cuivre, le cobalt, le lithium et le nickel augmente avec la transition énergétique. La question de leur disponibilité se pose. C’est là qu’une start-up californienne veut intervenir : débusquer les meilleurs gisements à l’aide de l’intelligence artificielle. Elle vient de tomber sur une perle rare.
La transition énergétique a besoin de métaux. Cuivre, cobalt, lithium, nickel… toute une série de pays ont remarqué leur importance et ont mis sur pied des politiques pour s’assurer leur approvisionnement, à l’avenir. Comme l’Europe, avec son Raw Materials Act. Ces matières premières portent d’ailleurs souvent le surnom de “critique” et/ou de “stratégique” – ce qui montre que mettre la main sur les ressources est capital.
C’est là qu’une startup américaine, soutenue et adoubée par des milliardaires comme Bill Gates et Jeff Bezos, veut faire la différence. Pour suivre la demande (et sa hausse prévue) des métaux, il faut de nouvelles mines, soulignent de nombreux rapports et experts. Et KoBold Metals part précisément à la chasse de ces trésors que sont les réserves de métaux critiques.
Première trouvaille
Début février, la jeune entreprise californienne a annoncé une nouvelle de taille : elle a découvert un grand gisement de cuivre, en Zambie. C’est une des réserves de cuivre de haute qualité les plus importantes du monde. “Il s’agit de la première victoire importante pour l’entreprise, et ce gisement compte parmi les plus extraordinaires au monde”, rappelle le président de la boîte, Josh Goldman, dans les pages de CNBC.
L’aspect de la qualité est très important, note-t-il. Dans le gisement de Mingomba en Zambie par exemple, la roche a une teneur de cuivre de 5%. Dans les plupart des gisements exploités dans le monde, elle a une teneur de 0,6%. C’est-à-dire qu’il faut près de 200 kilogrammes de roche pour produire un kilo de cuivre. Avec cette roche plus pure, il ne faut que 20 kilos. Ce qui limite fortement les quantités de roche à extraire (et donc les frais), tout comme les déchets et l’impact environnemental.
L’entreprise va maintenant avancer sur le développement de cette mine. La production de cuivre devrait pouvoir commencer dans 10 ans.
Intelligence artificielle
Comment est-ce que KoBold s’y prend pour découvrir les gisements ? Cela se fait à l’aide de l’intelligence artificielle. “KoBold est en train de constituer la plus grande collection d’informations géo-scientifiques au monde. À l’aide de systèmes d’intelligence artificielle, KoBold interroge ces données pour modéliser le sous-sol de la manière la plus statistiquement valide qui soit”, indique la start-up sur son site. “Nos outils d’IA exclusifs s’appuient sur un concept appelé Efficacité de l’information (EOI), qui permet à KoBold de déterminer les données à collecter à chaque étape de l’exploration afin de maximiser la réduction de l’incertitude.”
KoBold indique investir massivement dans la collecte de données, afin de centraliser toutes les informations disponibles sur la croûte terrestre. L’IA passe ensuite sur les données, et crée des cartes de “trésor”, qui suggèrent les meilleurs sites d’exploration ou les meilleures trajectoires pour le forage, en résumé.
Bientôt de nombreuses autres trouvailles ?
Forte de sa première découverte, l’entreprise ne compte pas s’arrêter là. Au contraire : elle veut découvrir de nombreux autres sites. A commencer par la Zambie. “La ceinture de cuivre d’Afrique centrale est la partie du monde où l’on peut trouver des minerais d’une teneur aussi extraordinaire. C’est la raison pour laquelle nous y sommes. La géologie est extraordinaire”, reprend Goldman.
“Ce n’est pas seulement qu’il n’y a pas eu de gisements comme celui-ci avant, c’est qu’il y en a d’autres à trouver. Où se trouve le prochain Mingomba, après celui-ci ? C’est dans cette partie du monde et dans ce type de gisement que l’on peut trouver des ressources de cette ampleur et de cette qualité, et la Zambie offre un environnement d’exploitation vraiment extraordinaire”, sait-il.
Mais ce n’est pas qu’en Afrique et pas que dans le cuivre que KoBold compte tomber sur des perles rares. Sur son site, la start-up indique que 60 projets sont en cours, répartis sur quatre continents. Les autres métaux visés sont le cobalt, le lithium et le nickel. Plus de 60 millions de dollars y sont investis tous les ans.
Révolutionner le secteur
KoBold ne veut d’ailleurs pas simplement tomber sur des trésors, mais entend révolutionner le secteur de l’extraction minière. Cela, en rendant l’exploration beaucoup plus rentable et moins gourmande en capitaux. Cela devrait, en bout de la chaine de valeur, se refléter sur les prix des matières nécessaires à la transition mais aussi sur la disponibilité des métaux.
“Il y a beaucoup trop de variables et trop peu de sources de données fiables. Les découvertes réalisées à ce jour reposent souvent sur des données incomplètes, l’intuition et la chance. Nous n’en savons tout simplement pas assez et le coût de l’exploration est trop élevé. Alors que la majorité des gisements faciles à trouver ont déjà été découverts, les gisements minéraux de l’avenir se trouveront dans les profondeurs du sous-sol. Leur découverte nécessite une approche différente de l’exploration”, explique KoBold sur son site.
“Nous nous concentrons sur le niveau d’incertitude que nous avons à propos d’un problème d’information donné. En quantifiant notre incertitude et en concentrant nos efforts sur la réduction de cette incertitude, nous transformons l’activité inefficace de l’exploration en une science reproductible, efficace et extensible”, précise la start-up.
Et le monde des entreprises et des investisseurs semble lui faire confiance. Breaktrough Energies, un fonds vert axé sur la transition énergétique et créé par Bill Gates en 2015 (et soutenue par d’autres milliardaires comme Jeff Bezos, Ray Dalio, Richard Branson ou Jack Ma), le géant minier BHP ou encore le mastodonte norvégien de l’énergie, Equinor, y ont investi. La prochaine étape financière que KoBold veut atteindre, c’est l’introduction en bourse. Cela devrait se faire dans les trois à quatre ans, selon Goldman.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici