Concevoir son entreprise dans une économie tournée vers la transition écologique

Image d'illustration © Getty images

Que cela soit dans la création ou dans la transformation d’une entreprise, le critère écologique devient incontournable. Quels obstacles restent-ils et quelles sont les solutions ?

“Beyond Growth”, traduisez par “Au-delà de la croissance”, est une conférence annuelle organisée au Parlement européen, réunissant des centaines de professionnels du secteur économique, social et environnemental. Comme son nom peut laisser le deviner, l’objectif est d’échanger entre acteurs de l’économie sur comment penser l’entreprise à l’aune de la transition écologique, au delà d’une logique extractiviste.

Nous nous sommes ici attardés sur la conférence Concevoir des entreprises dans une économie tournée vers l’avenir , dont l’objectif était d’identifier les points de blocage et les solutions à la conception d’une entreprise qui soit respectueuse de la planète tout en étant viable économiquement. Une conférence qui a vu s’affronter ceux qui d’un côté, appellent à freiner sur les normes pesant sur les entreprises, et ceux qui, de l’autre, souhaitent imposer des règles encore plus strictes.

Deux visions défendues pour la première par Véronique Willems, représentante de l’artisanat et des petites et moyennes entreprises (PME) en Europe en tant que secrétaire générale de SMEunited (anciennement connu sous le nom d’UEAPME). A l’opposé, Eva Sadoun, cofondatrice de LITA.co, une entreprise sociale permettant aux citoyens d’investir directement dans des projets à impact social et environnemental, implantée en France, en Belgique et en Italie. L’entreprise a également lancé une application (RIFT) qui offre aux citoyens la possibilité de savoir de quelle manière leur épargne est utilisée par leurs institutions financières.

Beyond Growth 2023 Conference – Véronique Willems (à gauche) et Eva Sadoun (à droite) – crédit photo : Parlement européen

Pour Eva Sadoun, nous avons besoin des entreprises pour construire la société dans laquel nous voulons vivre. Et les entreprises intéragissent aussi selon la manière dont la société fonctionne. Par exemple, si la société et les gouvernements qui la modèlent porte en gloire ceux qui bafouent les règles, ont peu d’intérêt pour l’écologie et les droits humains, et dont la seule ambition est de faire le maximum de profits, alors le changement ne pourra s’opérer.

“Aujourd’hui, si les entreprises veulent être viables et faire du bénéfice, elles doivent contourner la loi, les règles fiscales, faire appel à des produits importés de pays peu respectueux de l’environnement et des droits humains. Car c’est beaucoup moins chers. Mais cela fait des entreprises des complices des crimes commis dans ces pays-là. Nous voulons changer ça.”

Selon Véronique Willems, ce changement s’effectue déjà, car en réalité, les entreprises n’ont pas le choix si elles veulent survivre. “Les entreprises vont faire la transition écologique car il n’y a pas d’entreprises sans planète. Les entreprises souffrent aussi des catastrophes climatiques. Comment auront-elles accès à l’eau si les sécheresses se multiplient ? Certaines d’entre elles ont déjà perdu beaucoup à cause du changement climatique. C’est donc normal et dans leur intérêt de penser la transition écologique.”

Plus de carottes et moins de bâtons

Sans surprise, pour la cofondatrice de LITA.co, la transformation des entreprises passe par un investissement ciblé : “on doit investir dans des entreprises viables financièrement, socialement et adaptées aux changements climatiques”. Et pour se faire “la transparence est la clé”, car les particuliers doivent pouvoir “connaitre l’impact réel de leurs investissements”.

Une remarque que commente son homologue, un poil sarcastique : “aujourd’hui, les entreprises passent beaucoup trop de temps à devoir rédiger des rapports sur leurs impacts écologiques, un temps qu’elles pourraient investir à améliorer ces impacts”. Et d’ajouter : “la réalité, c’est que le principal obstacle au changement est la succession des crises financières et économiques qui empêche les investissements. Par exemple, la Commission va interdire tel produit en 2035, mais si une crise émerge entre temps, comment sont supposées faire les entreprises ? Il leur est dans ce cas compliqué de respecter les deadlines imposées.”

Parmi les solutions à apporter à ces problématiques, Eva Sadoun et Véronique Willems s’accordent à dire qu’il y a actuellement trop de normes contraignantes et pas assez d’aides. La première concède que “si on veut changer les entreprises sans qu’elles se compromettent, nous ne devons pas tenir que le bâton mais aussi la carotte. On a besoin que les entreprises voient les transformations sociale et écologique comme une opportunité.” Et la deuxième d’acquiescer simplement : “il y a trop de bâtons et pas assez de carottes”.

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