JP Morgan compte accepter des cryptomonnaies en garantie contre des prêts. Ce service pourrait être proposé dès l’année prochaine. Un pas immense vers la normalisation de la cryptomonnaie, mais qui n’est pas sans risques pour les banques.
Grosse nouvelle pour le monde des cryptomonnaies, dans sa recherche de normalisation et d’utilisation dans la vie de tous les jours : JP Morgan, la plus grande banque du monde, va accepter de prendre des cryptomonnaies en garantie contre des prêts.
C’est ce que rapporte le Financial Times, citant des sources proches du dossier. La banque est en train d’explorer des pistes pour créer ce service, et elle pourrait le proposer à ses clients dès l’année prochaine.
Changement de paradigme
Cela s’inscrit dans un contexte plus large d’environnement qui devient plus favorable aux cryptomonnaies. Aux États-Unis, notamment. La semaine dernière, les parlementaires ont voté différentes lois pour assouplir la réglementation autour de la crypto et favoriser son émergence. C’était une des promesses de campagne de Trump.
Les temps changent donc, pour la cryptomonnaie. Deux autres grandes banques américaines, Citi et Bank of America, sont par exemple en train de développer leurs propres stablecoins. JP Morgan a également annoncé qu’elle sera impliquée dans les stablecoins (sans donner plus de détails). Les banques ont longtemps rejeté les cryptomonnaies (qui sont d’ailleurs, dans leur essence, un moyen de paiement qui se veut détaché du système bancaire traditionnel), mais commencent désormais à suivre la tendance.
Or, on le sait, le CEO de JP Morgan, Jamie Dimon, a toujours été un critique des cryptomonnaies. En mai, il a encore souligné qu’il n’était “pas un fan de l’univers du bitcoin” et qu’il avait des inquiétudes au sujet des effets de levier, des abus et mauvais usages, et du blanchiment d’argent. Il expliquait alors que la banque accepterait que ses clients négocient des cryptomonnaies sur le marché, mais qu’elle ne garderait pas les cryptos pour ses clients et qu’elle n’avancerait pas à plein régime sur le segment de la crypto, même si le cadre législatif devient plus souple.
JP Morgan n’a d’ailleurs pas répondu aux demandes d’interview du Financial Times.
Risques
Reste à voir comment la banque compte gérer la volatilité de ces actifs numériques, déposés en hypothèque. Entre fin 2021 et fin 2022, le bitcoin avait par exemple perdu trois quarts de sa valeur. Un nouvel “hiver crypto” pourrait donc être un risque important pour les comptes des banques. Lors de la crise des subprimes, la valeur des biens immobiliers avait par exemple chuté de 30% environ, aux États-Unis, ce qui avait déclenché une crise financière mondiale.
Un autre risque sont les appels de marge. Si les actifs financiers mis en garantie viennent à baisser, la banque peut demander à ce que les clients renflouent leur position. Pour avoir des liquidités, ces derniers doivent alors vendre des cryptomonnaies… ce qui peut encore davantage précipiter les chutes.