Comment Bernard Tapie dépense son pactole Adidas

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En rachetant les titres de presse du groupe Hersant Médias, Bernard Tapie revient dans les affaires. Depuis 2008, et le dédommagement de 285 millions d’euros qui lui a été accordé, il a été associé à de nombreux projets. Le point sur ses principaux investissements.

Bernard Tapie fait son grand retour dans les affaires. Celui que l’on appelait le “Zorro des entreprises” devient le nouveau patron des titres de presse anciennement détenus par le Groupe Hersant Médias, parmi lesquels La Provence, Nice Matin et le quotidien régional le plus rentable de France, Corse Matin.

Un retour aux sources pour celui qui est passé des affaires au sport, avec des accrocs dans la politique, un passage en prison et des tentatives dans la comédie. Beaucoup y voient la volonté de revenir à plus ou moins long terme dans la politique, à la mairie de Marseille, même s’il réfute officiellement toute ambition électorale.

L’opération a été conclue pour 51 millions d’euros, dont la moitié a été prise en charge par la famille Hersant. Une belle affaire pour “Nanard”, puisque les créances détenues par les banques s’élevaient à 215 millions d’euros. Plutôt que de prendre le risque de tout perdre, elles ont donc préféré s’asseoir sur 165 millions d’euros de créances.

Dans tous les cas, l’investissement n’a pas vraiment de quoi effrayer le nouveau patron de presse, notamment depuis qu’il a été indemnisé du préjudice subi dans l’affaire Adidas en 2008. Mais il en a fait quoi Bernard Tapie de son argent depuis ?

Affaire Adidas: le jour où Tapie redevint solvable

Tapie doit sa remontée en selle à la condamnation en 2008 de la banque Crédit Lyonnais par une instance arbitrale privée. L’affaire avait auparavant été portée jusque devant la Cour de cassation, qui ne s’était pas prononcée sur le fond. D’où l’intérêt pour lui de voir le litige jugé par la voie arbitrale, évitant ainsi 7 à 10 ans de procédures supplémentaires. Le Crédit Lyonnais y trouvait également son compte, puisqu’il risquait un dédommagement moins sévère, toute proportion gardée…

L’instance a condamné l’établissement bancaire au paiement de 285 millions d’euros, dont près de 50 millions d’euros de préjudice moral. Elle a été reconnue coupable d’avoir racheté elle-même Adidas, détenu par Bernard Tapie, en passant par diverses sociétés alors qu’elle était chargée d’en organiser la revente. Ce qui lui aurait permis d’en tirer de très grosses plus-values. “Seuls” les 50 millions d’euros de préjudice moral lui reviennent directement. Les 235 millions restant ont été versés au Groupe Bernard Tapie, qu’il détient à plus de 90%.

BLT Développement, la filiale 100% internet de GBT

Peu après avoir touché le jackpot, Bernard Tapie a monté une filiale de Groupe Bernard Tapie, baptisée BLT Développement. L’objectif ? “Bâtir un acteur majeur de l’internet et atteindre 100 millions d’euros de chiffre d’affaires dans cinq ans”, avait confié Laurent Tapie, son fils, à Capital.fr. Mi-mai 2010, les deux hommes lancent le site bernardtapie.com. Il promet de fortes réductions sur de nombreux produits (automobile, téléphones, voyages, loisirs, assurances, santé, services, etc) en réunissant suffisamment d’abonnés pour obtenir des prix de gros.

Sauf que mercredi 19 décembre, l’administration fiscale s’est rendue dans les locaux de la société pour mener à bien un contrôle fiscal. Anticipant la polémique, l’avocat de Laurent Tapie a coupé court aux rumeurs: “Ce contrôle ne concerne en aucun cas Bernard Tapie ni les sociétés en sa qualité d’actionnaire […] Il y a un contrôle sur place qui ne pose aucune problème […] Ce qui pose problème c’est la publicité de ce contrôle”, a-t-il déclaré au Parisien. Avant que Bernard Tapie ne confirme à Mediapart que seul son fils était concerné par le contrôle.

Des parts au Club Med pendant quelques mois

En 2009, le multi-millionnaire rachète 1% du groupe Club Med, pour 2,5 millions d’euros. Des parts qu’il revendra quelques mois plus tard, ne croyant pas au modèle économique de la société, s’était-il justifié. Mais il avait réalisé au passage une importante plus-value. “J’y ai trouvé mon compte puisque j’ai revendu mes titres 30% plus chers que mon prix d’achat”, avait-il confirmé au Canard Enchaîné. Soit près de 1,5 million d’euros de plus-value.

La “renaissance” à 40 millions d’euros

Un an plus tard, il s’offre un Yacht de 75 mètres, qu’il réaménage et rebaptise “Reborn”, où “renaissance” dans la langue de Molière… Ce palais flottant, qui possède un équipage de 28 personnes, a coûté la coquette somme de 40 millions d’euros. Il est proposé aujourd’hui à la location, moyennant 560 000 euros la semaine.

Le rachat manqué du site de poker en ligne Full Tilt

En octobre 2011, le Groupe Bernard Tapie lorgne sur le site de poker Full Tilt, alors aux prises avec la justice américaine pour avoir détourné 440 millions de dollars de fonds. Laurent Tapie, fils et gérant de la société, avait confirmé un intérêt pour une prise de participation à hauteur de 80 millions d’euros. La société devait à l’époque environ 300 millions de dollars à ces joueurs, dont la moitié aux Etats-Unis. Après le remboursement des joueurs lésés, l’objectif annoncé était de développer l’activité du site en dehors des Etats-Unis. Sauf que l’opération a capoté. C’est finalement le leader du marché, PokerStars, qui a doublé GBT. Il aurait dépensé 750 millions de dollars pour finaliser l’opération.

Une villa à 47 millions d’euros? “Je vous emmerde”, répond Tapie
Début septembre, le site Mediapart annonçait que Bernard Tapie s’apprêtait à se payer l’une des plus belles villas de Saint-Tropez, qu’il convoitait depuis longtemps. La Mandala, demeure de 500 m² habitables, est bâtie sur un terrain de 2 hectares, avec plage privée. Elle appartient à l’un des proches de Tapie, Luciano d’Onofrio, ancien président du Standard de Liège. Sauf qu’à en croire Le Vif, elle aurait été acquise via des circuits financiers pour le moins opaques, payée par des transferts de joueurs du Standard.

Jusqu’à présent, Bernard Tapie n’aurait fait que louer la propriété à son ami. Difficile d’en savoir beaucoup plus. Interrogé par Europe 1, l’ancien président de l’OM s’était agacé. “Il y a deux réponses à ça: la première c’est “je vous emmerde” que je dis à tout ceux qui me posent cette question. Moi, je ne vous demande rien. Je vous demande pas où vous habitez, si vous êtes propriétaire de votre appartement. La deuxième chose, j’ai répondu: “j’ai une maison rue des Saints-Pères””. En rachetant les titres provençaux, Nanard aura pourtant sûrement besoin d’un pied-à-terre.

L’Expansion.com

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