Carrefour, la double peine
Quand Carrefour rachète Promodès en 1999, le distributeur hexagonal se hisse au rang de deuxième distributeur mondial. Le géant français multiplie ensuite les rachats en Belgique, en Roumanie, en Pologne, en Italie, au Brésil, en Argentine et en Espagne. Carrefour est au sommet. En 2007, Bernard Arnault débarque au capital au prix fort, à près de 51 euros par action. On dit le groupe convoité et riche d’un patrimoine immobilier colossal.
20 euros : la valorisation du titre Carrefour dans l’offre de rachat du groupe québécois Couche-Tard.
Treize ans plus tard, voilà Carrefour et ses hypermarchés pris pour cible par Couche-Tard, première chaîne canadienne de “dépanneurs”, les supérettes québécoises. Non pas en vue d’une fusion, mais bien d’un rachat pur et simple. Couche-Tard n’a certes pas l’envergure de Carrefour, mais il excelle là où le géant français patauge: générer des profits. Le canadien réalise notamment près de la moitié de ses bénéfices dans la vente de carburants, ce que Carrefour considère comme un simple service destiné à attirer les consommateurs.
Il n’est donc guère étonnant que Couche-Tard vaille le double de Carrefour en Bourse. Même au prix proposé de 20 euros par action, Bernard Arnault et la famille Moulin, l’autre grand actionnaire de Carrefour, auraient d’ailleurs été ravis de vendre malgré une moins-value substantielle.
Dans un élan patriotique, le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire en a décidé autrement. Mais sans répondre à cette question existentielle: où va s’arrêter le déclin du distributeur? Déjà dépassé par Schwarz (Lidl) ou Aldi Süd dans la hiérarchie européenne, Carrefour semble condamné à jouer les seconds rôles et à enchaîner les restructurations. L’exemple du groupe français nous rappelle aussi qu’en Bourse, il ne faut pas confondre bon marché et bon investissement…
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