Voilà pourquoi l’Etat belge vend sa participation dans BNP Paribas

Vincent Van Peteghem © Belgaimage
Patrick Claerhout Patrick Claerhout is redacteur bij Trends.

La nuit passée, l’État belge a vendu plus de 33 millions d’actions de BNP Paribas, empochant 2,165 milliards d’euros au passage. Cette vente réduit la participation de la Belgique dans la banque française de 7,8 à 5,1%. Même si on suppose que cette opération a de bonnes raisons d’être, on peut s’interroger pourquoi l’Etat belge s’est-il défait d’une partie de BNP Paribas ?

1. Le cours de l’action BNP Paribas est à un niveau record

L’action de BNP Paribas a clôturé hier à 66,15 euros, atteignant ainsi un des cours les plus élevés depuis la crise financière. Sur les marchés boursiers, les valeurs bancaires sont actuellement très performantes. Elles doivent cette bonne santé à un cocktail « énergisant » : la hausse des taux d’intérêt combinée à une perte très limitée des crédits. Grâce à cela, les valeurs bancaires continuent d’afficher des prévisions de bénéfices élevées. De plus, la plupart des banques d’Europe occidentale sont bien capitalisées, ce qui leur permet de distribuer une grande partie de leurs bénéfices à leurs actionnaires.

L’État belge a vendu les 2,7 % de sa participation dans BNP Paribas à 64,96 euros par action. Vu l’ampleur de la transaction, il est tout à fait normal qu’une légère décote ait été appliquée par rapport au cours de clôture de la veille. Le prix de vente correspond donc, à peu près, au prix que l’État belge avait payé pour ces actions par le biais de l’apport de Fortis Banque en 2009. Si on ne peut pas parler de réelle plus-value, l’opération a tout de même rapporte 2,165 milliards d’euros.

2. La Société Fédérale de Participations et d’Investissement réorganise son portefeuille

La Société Fédérale de Participations et d’Investissement (SFPIM) est le fonds souverain belge et la participation de l’État belge dans BNP Paribas figure dans son portefeuille. Cette dernière a reçu, l’an passé, des pouvoirs élargis pour gérer son portefeuille et est appelée ainsi à jouer un rôle plus important en tant que fonds souverain. La SFPIM dit viser un “portefeuille plus équilibré” et donc de “réduire l’exposition au secteur financier”. La vente de sa participation dans BNP Paribas doit être considérée comme un pas dans cette direction.

L’année dernière, la SFPIM a pris des participations dans le groupe d’assurance Ageas et dans Euroclear. De cette manière, la société d’investissement se présente comme un ancrage de sociétés ayant une empreinte importante dans notre pays. Selon le ministre des finances Vincent Van Peteghem (cd&v), le produit de la vente de cette participation sera en grande partie utilisé pour financer les participations dans Ageas et dans Euroclear. Celles-ci devraient remplacer le flux de dividendes de BNP Paribas. Seul un demi-milliard serait consacré à la réduction de la dette souveraine.

3. L’État belge n’a pas son mot à dire à Paris

En raison de la réduction de sa participation, l’État belge conserve un seul siège au conseil d’administration de BNP Paribas. Jusqu’à présent, il en avait deux. Mais cela ne fera pas une grande différence car les représentants de notre pays n’ont jamais eu beaucoup de poids dans ce conseil d’administration. Lors d’une intervention à la radio, le ministre Van Peteghem a donc parlé d’une “participation non stratégique, où nous n’avons pas grand-chose à dire”.

Pourtant, BNP Paribas Fortis, la filiale belge de BNP Paribas, est la plus grande banque de notre pays. Que notre gouvernement n’ait donc pas son mot à dire dans une institution d’une telle importance stratégique n’est que sa propre faute. En effet, Koen Geens, CD&V comme son successeur Vincent Van Peteghem au ministère des finances, avait décidé en 2013 de vendre aux Français la minorité de blocage de 25 % de BNP Paribas Fortis. Un choix financier mais qui a retiré tout pouvoir au gouvernement belge.

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