Roland Gillet : “Cela aurait été un mauvais signal de ne pas remonter les taux”

Roland Gillet
Roland Gillet, professeur de finance (Sorbonne, ULB) © D.R.
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Pour Roland Gillet, professeur de finance (Sorbonne, ULB), la récente crise bancaire est certes un avertissement pour la planète finance mais démontre la forte réactivité des autorités de contrôle, des deux côtés de l’Atlantique, à circonscrire les risques de contamination à l’ensemble du système bancaire.

Vous avez été étonné par la tempête bancaire de ces derniers jours : 3 faillites bancaires aux Etats-Unis, un sauvetage en Suisse, et une 4ème banque américaine aux soins intensifs ?

Oui, cela m’a étonné, surtout aux Etats-Unis où ce sont les faillites qui ont permis de constater la matérialisation des risques, alors que les autorités de contrôles auraient dû les percevoir bien avant. Par contre, il faut souligner la très grande réactivité de ces dernières à cantonner l’incendie, une fois celui-ci déclaré, et prévenir les effets de contagion. 

En Suisse aussi ?

La situation n’est pas comparable. Credit Suisse était déjà une banque sous la loupe des autorités de contrôles depuis des années, étant données les différentes restructurations qu’elle avait peine à mettre en oeuvre au sein de ses activités. La baisse forte et récurrente de son cours de Bourse ces dernières années en est l’illustration.

Qu’est-ce qui a provoqué ces faillites : la hausse des taux, la mauvaise gestion ?

Les deux pour partie, évidemment. La hausse des taux n’a été qu’une accélération des problèmes que ces banques portaient déjà sur leur bilan et leur hors-bilan. La remontée des taux a eu comme effet de fragiliser davantage les business plan des banques les plus fragiles. Heureusement, dans la zone euro, la régulation plus forte qu’aux Etats-Unis, et le suivi des autorités de contrôle semblent pour le moment favoriser une meilleure résilience du secteur bancaire.

Malgré tout cela, trouvez-vous normal que les banques centrales (BCE, Fed, BoE) continuent à relever leurs taux ?

Cela aurait été un mauvais signal de ne pas les remonter au vu de l’inflation anticipée des deux côtés de l’Atlantique. Mais aussi en termes de perception des risques par les autorités de contrôle elles-mêmes sur la solidité du secteur bancaire en général.

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