Qui sont les grandes figures de l’univers des cryptomonnaies ?
Chacun à leur façon, Satoshi Nakamoto, Blythe Masters, Vitalik Buterin, Gavin Andresen, Mark Karpelès et les frères Winklevoss incarnent les débuts, les excès et les évolutions des cryptomonnaies qui agitent la finance depuis plusieurs mois.
Gavin Andresen, pionnier inventif du bitcoin
Gavin Andresen est l’une des figures emblématiques du bitcoin. Il fait surtout partie de ceux qui, grâce à leur cursus universitaire et leur grande curiosité intellectuelle, ont construit des ponts entre l’informatique et la finance pour sortir la cryptomonnaie de l’ombre.
Né en Australie, Gavin Andresen déménage à l’âge de cinq ans aux Etats-Unis. Après des études à la prestigieuse université de Princeton, il crée une start-up qui échoue rapidement, enchaîne plusieurs boulots dans l’informatique, puis découvre le bitcoin en 2010. Une révélation.
Dans la foulée, il fonde Bitcoin Faucet : un site distribuant gratuitement des bitcoins afin de promouvoir le concept. Il écrit ensuite des lignes de code pour le logiciel Bitcoin Core et noue des contacts étroits avec Satoshi Nakamoto, l’inventeur présumé du bitcoin.
En 2016, Gavin Andresen a fait sensation en assurant que l’Australien Craig Wright était la mystérieuse personne se cachant derrière Satoshi Nakamoto. Il s’est ensuite rétracté, les preuves des mensonges de Craig Wright s’accumulant. Depuis, il a pris du recul dans la communauté du bitcoin mais reste très actif sur Twitter où ses traits d’esprit font souvent mouche.
Vitalik Buterin, le créateur geek de l’ether
Dans l’ombre du bitcoin, l’ether fait son chemin. Et la fortune de son créateur, Vitalik Buterin. A seulement 23 ans, ce Russo-Canadien apparaît comme l’un des petits génies des cryptomonnaies. C’est en 2014 qu’il commence à travailler à plein temps sur l’ether. Pour développer son projet, il bénéficie du soutien financier (100.000 dollars) de la fondation de Peter Thiel, l’un des principaux tycoons de la Silicon Valley.
Alors que le bitcoin séduit les particuliers, la monnaie virtuelle de Vitalik Buterin, développée sur la blockchain Ethereum, enthousiasme les entreprises. Résultat : elle a vu son cours exploser en 2017.
Il faut dire qu’elle ne manque pas d’atouts : l’ether est une monnaie de flux. Elle permet des paiements en une poignée de secondes, alors que les modalités de minage du bitcoin, plus utilisé pour accumuler des stocks, ne permettent que des transactions à la minute. Mais l’intérêt de cette cryptomonnaie réside surtout dans les smart contracts, ces protocoles informatiques qui vérifient et permettent l’exécution d’un contrat en toute confiance.
La réussite de la plateforme de Vitalik Buterin lui a valu de figurer dans le top 30 de Forbes des personnes de moins 30 ans les plus influentes dans la finance. L’avenir lui appartient.
Blythe Masters, en pole sur la “blockchain”
Elle a longtemps régné dans l’univers des banques d’affaires. Elle veut désormais conquérir celui de la blockchain. La Britannique Blythe Masters, 48 ans, a créé l’une des start-up les plus actives et les plus avancées en la matière. Digital Asset – c’est son nom – a levé 110 millions de dollars, depuis sa création en 2014, auprès d’une quinzaine d’investisseurs prestigieux comme JP Morgan, BNP Paribas, IBM, Santander, Goldman Sachs ou Accenture…
L’entreprise développe des ” registres distribués “, ou distributed ledger, pour le compte de grands acteurs financiers. Il s’agit de bases de données sécurisées et partagées en réseau, comme la blockchain l’est pour le bitcoin. Digital Asset travaille déjà avec l’opérateur de la Bourse d’Australie ASX ou avec l’un des plus gros dépositaires de titres au monde, l’américain DTCC.
Car Blythe Masters en est convaincue : ces blockchains vont changer la vie des banques, des investisseurs et, à terme, de tous les participants de marché. Les transactions seront plus transparentes, plus faciles à réaliser et surtout beaucoup moins chères.
Si Blythe Masters a déjà réussi à rallier quelques grands noms, c’est que sa réputation n’est plus à faire à Wall Street. Avant de rejoindre Digital Asset, elle a été l’une des dirigeantes les plus en vue (et les plus jeunes) de JP Morgan.
Avec son équipe, elle avait créé dans les années 1990 les credit default swaps, ces produits qui ont joué un grand rôle dans la crise des subprimes. Elle rêve de révolutionner, une nouvelle fois, la finance. Pour le meilleur et pour le pire.
Mark Karpelès, le destin brisé du “baron du bitcoin”
C’est parce qu’il est monté très vite, très haut, que la chute spectaculaire de Mark Karpelès a frappé les esprits. En 2014, la plateforme d’échange de bitcoins Mt. Gox – la plus puissante de la planète à l’époque – fait faillite après l’évaporation mystérieuse de 650.000 bitcoins.
Piratage massif ou détournement de fonds ? Les soupçons se dirigent en tout cas vers le patron de Mt. Gox, un Français de même pas 30 ans installé à Tokyo depuis 2009. Mark Karpelès a beau clamer son innocence, la justice nipponne l’accuse d’avoir détourné pour l’équivalent de 2,3 millions d’euros !
A la mi-septembre 2015, le PDG est mis en examen puis emprisonné. L’histoire fascine la presse, qui surnomme cet autodidacte bourguignon le “baron du bitcoin”. De quoi contribuer encore un peu plus à l’image sulfureuse de la cryptomonnaie…
Mark Karpelès est sorti de prison un an plus tard en payant une caution. La première audience de son procès s’est ouverte à l’été 2017. Elle est suivie de près par les anciens investisseurs de Mt. Gox, qui espèrent récupérer leur mise.
Ironie de cette histoire digne d’un film de science-fiction : le Français avait promis, lors de son achat de Mt. Gox en 2011, de protéger davantage les échanges en bitcoin et l’identité de ses clients.
Les frères Winklevoss, les “Crésus du bitcoin”
Il fallait être complètement fou ou sacrément visionnaire – et surtout extrêmement riche – pour acheter pour 11 millions de dollars de bitcoins en 2013. C’est pourtant ce qu’ont fait Tyler et Cameron Winklevoss. Une décision qui leur vaut, cinq ans plus tard, d’être milliardaires à 36 ans. Les jumeaux Winklevoss peuvent dire merci à un certain Mark Zuckerberg, qu’ils ont rencontré sur les bancs de Harvard. Entre deux cours d’économie, les frangins ont l’idée de créer ConnectU: un réseau social pour les étudiants.
Pour développer ce projet, ils sollicitent l’aide de ” Zuck “, dont les talents en informatique ne passent pas inaperçus sur le campus. Le hic, c’est que quelques mois plus tard, le geek lance Facebook à leur insu. Furieux, Tyler et Cameron décident de l’attaquer en justice.
Le contentieux se soldera par un arrangement financier. Les frères Winklevoss empochent 65 millions de dollars dans l’opération (20 millions en cash et 45 millions en actions Facebook) et investissent une partie de cette fortune dans le bitcoin.
A l’époque, ce placement est accueilli avec des haussements d’épaules. Mais les faits vont leur donner raison, le cours du bitcoin ayant été multiplié par 15 en 2017 ! Non contents d’être les nouveaux ” Crésus du bitcoin “, les deux hommes d’affaires ont créé la plateforme Gemini. Ils s’attellent maintenant à connecter le monde des cryptomonnaies à Wall Street.
Il est au bitcoin ce que Banksy est au street art : un illustre et génial inconnu. Satoshi Nakamoto est le pseudonyme du fondateur de la plus célèbre des cryptomonnaies. A lui seul, il détiendrait environ un million de bitcoins. Ce qui, en l’état actuel du cours, ferait de lui l’un des hommes les plus riches de la planète !
Si l’idée d’une monnaie virtuelle était en germe au début des années 2000, c’est lui qui eut le mérite de sortir la première version du logiciel Bitcoin-QT en 2009 et de créer les premières unités de la monnaie. Il fut aussi pendant longtemps le seul mineur en activité.
Une fois qu’on a écrit ça, on a à peu près tout dit. Car les détails sur la personnalité de Satoshi Nakamoto sont quasi inexistants. Il pourrait même s’agir de plusieurs personnes. Forcément, la presse enquête depuis plusieurs années sur cette mystérieuse personnalité.
Mais, jusqu’à présent, aucun nom parmi une petite dizaine de candidats crédibles ne se détache vraiment. Une chose est sûre : si Satoshi Nakamoto venait à révéler son identité, le buzz médiatique serait énorme.
Bitcoin : feu de paille ou or numérique ?
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