Près de la moitié de la hausse de l’inflation est due aux bénéfices des entreprises
Près de la moitié de l’inflation constatée en zone euro depuis le début de l’année 2022 est due à une augmentation des bénéfices des entreprises, estime le Fonds monétaire international dans une analysée publiée lundi.
Dans la foulée de l’invasion russe de l’Ukraine, et d’une flambée des prix de l’énergie, l’inflation en zone euro a bondi pour culminer à 10,6% en octobre 2022. Depuis, la hausse des prix a ralenti pour atteindre 6,1% en mai mais ce niveau reste très largement supérieur à l’objectif de 2% de la Banque centrale européenne, qui est d’ailleurs engagée dans un relèvement de ses taux à marche forcée. Quant à l’inflation sous-jacente, qui ne tient notamment pas compte des prix de l’énergie, elle demeure particulièrement élevée et tenace.
Selon le FMI, cette inflation élevée est principalement le reflet d’une hausse des bénéfices des entreprises (qui ont plus que répercuté la hausse de leurs coûts dans leurs prix de vente) ainsi que d’une augmentation des prix à l’importation. L’organisation internationale basée à Washington estime que la hausse des bénéfices des entreprises a été responsable de 45% de l’inflation depuis début 2022, les coûts d’importation représentant environ 40% de l’inflation et les coûts salariaux 25%. A l’inverse, la fiscalité en zone euro a eu des effets légèrement déflationnistes.
“En d’autres termes, les entreprises européennes ont jusqu’ici été plus protégées que les travailleurs contre le choc négatif des coûts”, constate le FMI pour qui les bénéfices des entreprises (corrigés de l’inflation) étaient au premier trimestre 2023 environ 1% supérieurs à leur niveau pré-Covid. Dans le même temps, la rémunération des travailleurs (également corrigée de l’inflation) apparaît environ 2% inférieure.
Hausses des coûts salariaux
Alors que les travailleurs réclament des augmentations salariales, pour compenser la perte de pouvoir d’achat induite par l’inflation galopante, les questions clefs sont “à quelle vitesse les salaires vont-ils augmenter et les entreprises vont-elles encaisser des hausses des coûts salariaux sans augmenter davantage leurs prix”, s’interroge le FMI. En Belgique, l’indexation automatique des salaires protège les travailleurs de l’inflation.
L’analyse du FMI, qui porte sur l’ensemble de la zone euro, semble différente de celle de la Banque nationale de Belgique (BNB). Pour la BNB, il n’y a pas eu de “greedflation” généralisée en Belgique en 2022. La “greedflation” (ou “cupideflation”) décrit la pratique des entreprises consistant à gonfler leurs prix dans le but d’augmenter leurs profits de façon disproportionnée. “Notre étude des entreprises belges ne met pas en lumière d’indices clairs que les hausses de prix observées en 2022 étaient motivées par un élargissement opportuniste des marges bénéficiaires”, souligne la BNB.