Pourquoi la Banque nationale a pris le contrôle d’Integrale
Pour tenter d’éviter une liquidation brutale de la compagnie, le gendarme des assureurs a nommé un nouveau conseil.
La décision de la Banque nationale (BNB) de “substituer” les anciens administrateurs de la compagnie d’assurance Integrale par un nouveau trio nommé par le régulateur n’a pas vraiment surpris les initiés. Voici un bon mois, le conseil d’administration de cette compagnie d’assurance qui emploie 140 personnes et dont les actifs s’élèvent à environ 4 milliards d’euros avait en effet reçu une lettre de la Banque. Le gendarme des assureurs s’y réservait le droit, à partir du 8 février, de désigner des administrateurs qui prendraient tout pouvoir pour restaurer l’entreprise.
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Integrale, compagnie spécialisée dans l’assurance-vie, souffre en effet depuis plusieurs années de la baisse des taux d’intérêt qui ronge ses résultats et entame son matelas de fonds propres. Pour répondre aux standards de solvabilité fixés par le régulateur, il faudrait recapitaliser l’entreprise de 250 à 300 millions, ce que son actionnaire principal, Nethys/Ogeo Fund, ne veut ni ne peut.
La BNB observe aussi que le conseil n’a pas fait preuve d’un grand professionnalisme.
Depuis un mois, chaque mardi midi, les administrateurs d’Integrale se demandaient donc si la BNB, qui tient son comité de direction le mardi matin, allait finalement mettre sa menace à exécution. Elle s’y est employée quelques heures avant la réunion du conseil d’administration du 23 février censé une fois encore fixer l’avenir de l’entreprise. La BNB a donc placé un trio aux commandes: Kenneth Vermeire (qui était déjà le commissaire spécial nommé par la BNB auprès de l’assureur), Marc Fyon (du cabinet d’avocats Stibbe) et Michel Flamée (professeur à la VUB).
Dans la lettre motivant sa décision, la BNB estime que les administrateurs ont davantage cherché à se protéger qu’à trouver une solution. La Banque observe aussi que le conseil était paralysé par ses dissensions internes et qu’il n’a pas fait preuve d’un grand professionnalisme. Il est vrai que les administrateurs étaient partagés entre ceux (essentiellement issus du comité de direction) qui voyaient d’un oeil favorable l’offre du fonds anglo-saxon RiverRock, la seule à garantir selon eux la continuité de l’entreprise, et les autres, partisans d’Athora et Monument Re, deux candidats spécialisés dans l’extinction douce de portefeuilles de contrats d’assurance.
La BNB n’était pas chaude non plus face à l’offre de RiverRock. “Le fonds n’a en effet jusqu’à aujourd’hui donné aucune garantie sur le simple fait de disposer de l’argent nécessaire, commente un proche du dossier, ni même des premiers 100 millions pour réaliser l’opération, alors qu’il faudrait 250 à 300 millions.”
Quels scénarios?
Mais la situation s’était compliquée encore un peu plus ces derniers jours avec l’annonce du retrait d’Athora et Monument Re, échaudés par les résultats 2020 plus mauvais que prévu. Un retrait qui laissait donc apparaître alors plus clairement la possibilité d’une liquidation pure et simple de l’assureur, solution qui n’était évidemment pas privilégiée par le régulateur.
Trois scénarios sont donc envisageables aujourd’hui. RiverRock pourrait offrir des garanties plus solides. Le nouveau trio pourrait organiser une résolution ordonnée d’Integrale sachant qu’Ethias et Ageas sont intéressés par les parties saines du portefeuille. Ou alors, quand même, le scénario le plus brutal: la liquidation.
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