Michael Anseeuw (BNP Paribas Fortis) : “Un nouveau bon d’Etat, oui, mais à condition de changer trois choses”
Le CEO de BNP Paribas Fortis ne se montre pas hostile à l’idée d’un nouveau bon d’Etat en décembre à condition d’avoir des règles du jeu équitables pour tout le monde.
En marge de la présentation des résultats pour le premier semestre de BNP Paribas Fortis (qui a engrangé comme bénéfice net 1,53 milliard d’euros entre début janvier et fin juin engrangé), son CEO Michael Anseeuw s’est exprimé sur le succès phénoménal du bon d’Etat. Un succès qui s’est traduit pour la première banque du pays par un transfert d’environ 6 milliards d’euros ayant quitté ses comptes pour filer vers le “bon Van Peteghem” (dont 4,5 milliards via les canaux de souscriptions de BNP Paribas Fortis). Un montant nettement plus élevé que ce qu’avait estimé la banque. “Nous avions prévu entre 1,5 et 3 milliards d’euros”, confie Michael Anseeuw. Mais au total, c’est “plus du double”.
Un bon produit de placement
Si l’opération n’a pas épargné la première banque du pays, Michael Anseeuw reconnaît néanmoins que les bons d’Etat sont un bon produit de placement. “Nous sommes une banque qui donne du conseil et qui favorise la diversification des actifs dans les portefeuilles de ses clients. De ce point de vue-là, le bon d’Etat est un bon produit qui a sa place dans le portefeuille de certains investisseurs conservateurs.” Par ailleurs, le nouveau bon a un an a également donné “la possibilité aux personnes qui n’avaient jamais investi de le faire pour la première fois”. Mais, ajoute Michael Anseeuw, avant un éventuel deuxième bon d’Etat à un an qui pourrait être émis en décembre, “il faut veiller à créer des règles du jeu équitables” et “changer trois choses”, faisant notamment allusion d’abord au précompte mobilier réduit de 15 % dont bénéficie le “bon Van Peteghem”.
Le même précompte mobilier
C’est que le bon d’Etat est une obligation, rappelle le CEO de BNP Paribas Fortis. Il entre donc également en concurrence avec une entreprise qui se finance en émettant des obligations, lesquelles sont quant à elles soumises à un précompte de 30 %. Dans ce contexte, “il serait logique qu’une obligation d’entreprise soit également soumise à un précompte mobilier de 15 %”, estime Michael Anseeuw qui ajoute que les émissions obligataires sont également soumises à une limite de capitaux. Quand une entreprise lève des fonds, elle indique le montant maximum qu’elle souhaite récolter. Ce qui n’a pas été le cas du bon lancé par le ministre des Finances, qui a laissé filer les souscriptions jusqu’à 22 milliards d’euros, histoire de satisfaire tout le monde. Or, dit Michael Anseeuw, ce serait plus facile pour tous les acteurs si un plafond était fixé : l’Etat, le client, mais aussi “le secteur bancaire qui sait ainsi à quoi s’attendre et peut tout gérer parfaitement du point de vue de l’ALM (ndlr: gestion des risques entre l’actif et le passif)”.
Un compte-titres pour tout le monde
Le patron de BNP Paribas Fortis souligne également une autre forme de discrimination liée à l’absence de compte-titres dont a bénéficié le “bon Van Peteghem” en cas de souscription en direct auprès de l’Agence de la Dette. “Tout comme une fiscalité équivalente à celle qui prévaut pour les obligations d’entreprises est souhaitable, tout le monde devrait avoir un compte-titres. Un bon d’Etat, parce que c’est une obligation, devrait toujours être lié à un compte-titres. Certains clients ont souscrit aux bons d’Etat avec la quasi-totalité de leurs actifs via l’Agence de la Dette.” Selon Michael Anseeuw, ce n’est pas à recommander et cela n’arriverait pas en cas de compte-titres ouvert auprès d’une institution financière, dans la mesure où il faut alors répondre aux exigences de la directive MiFID qui vise notamment à protéger les consommateurs.
Pour le CEO de BNP Paribas Fortis, le conseil reste primordial. “Si un nouveau bon d’Etat voit le jour en décembre, avec une fiscalité équivalente, avec un compte titres pour tout le monde et un montant maximum fixé à l’avance, nous informerons nos clients de l’opportunité d’y souscrire”, conclut Michael Anseeuw.
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