Lundi ou plus tard, la Grèce se réaffûte pour les marchés

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La Grèce, qui devra se financer sur les marchés à partir de mi-2018, après son troisième programme d’aide, pourrait rapidement tester l’humeur de ces derniers avec l’émission d’une nouvelle obligation, peut-être dès lundi.

Y aller aussi vite ? “C’est à l’étude. Les préparatifs sont faits dans les deux hypothèses et quoi qu’il arrive, tout sera prêt”, a assuré vendredi à l’AFP un participant à cette réflexion.

La Grèce, absente des marchés d’obligations depuis deux modestes incursions en 2014, n’a pas besoin actuellement de l’argent des marchés, très cher dans son cas: elle recevra en effet jusqu’en juillet 2018, dans le cadre de son programme d’aide de trois ans, les prêts à taux avantageux du Mécanisme européen de stabilité (MES).

Mais, a estimé cette semaine le directeur du MES, Klaus Regling, c’est néanmoins “le bon moment” pour commencer à préparer le retour.

Ainsi, a-t-il observé, Chypre, l’Irlande et le Portugal ont ces dernières années retesté les marchés “bien avant la fin de leur programme” d’aide.

Les planètes sont plutôt bien alignées, comme le résume le relèvement récent de la note de la Grèce par l’agence de notation Moody’s.

Avec une croissance prévue à 2,1% cette année, elle devrait sortir de huit années de récession, au prix des réformes ardues imposées depuis 2010 par ses créanciers, l’UE et le FMI.

‘Prochaine étape’

Pour les satisfaire, Athènes a même voté le mois dernier des mesures pour les trois années suivant le plan d’aide actuel.

Avec de massives baisses des dépenses publiques, la Grèce vient également de sortir du groupe des pays européens en déficit excessif, dans lequel demeurent le Royaume-Uni, l’Espagne et la France.

C’est “un autre signal positif de la stabilité financière et de la reprise économique dans le pays”, s’est félicité le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, évoquant la préparation au retour sur les marchés comme “la prochaine étape”.

L’Eurogroupe, dans son communiqué du 15 juin, affirme d’ailleurs que les prochaines sommes versées à la Grèce ne serviront plus seulement à rembourser les arriérés, mais aussi à créer “des réserves de liquidités pour renforcer la confiance des investisseurs et faciliter l’accès aux marchés”.

Reste à fixer le jour.

“Lundi probablement”, avançait samedi Avgi, journal proche du gouvernement de gauche d’Alexis Tsipras, “lundi ou mardi” pour le quotidien économique Naftemporiki, “en début de semaine prochaine”, selon Kathimerini (centre-droit).

Ce quotidien observait qu’il faudrait profiter de l’enjouement actuel des investisseurs avant qu’il soit terni par un possible resserrement de la politique monétaire de la BCE, ou le résultat des élections allemandes de septembre.

Privatisations d’abord

Alors que le pays ploie sous une dette publique de 180% de son PIB, et que l’UE et le FMI ne sont pas d’accord sur les moyens de la réduire, le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, semble moins pressé.

“C’est un peu tôt”, et la Grèce devrait plutôt d’abord “procéder à deux ou trois privatisations emblématiques dans la période à venir”, a-t-il estimé mardi dans une interview au Wall Street Journal.

Toujours est-il que les marchés semblent déjà bien disposés: les taux des bons du Trésor grecs à trois et six mois, rigoureusement stables à 2,70% et 2,97% depuis l’arrivée de M. Tsipras au pouvoir, ont pour la première fois frémi à la baisse ce mois-ci, à 2,33% et 2,78%.

En 2014, seule année de mini-croissance depuis 2009, l’ancien gouvernement de coalition droite-socialistes d’Antonis Samaras avait déjà testé les marchés.

Une première obligation, à cinq ans, en avril, avait connu plus de succès qu’une seconde, à trois ans. C’est cette dernière qui arrive à échéance lundi.

Le gouvernement pourrait ainsi vouloir lui en substituer une autre, à cinq ans, si possible à un taux inférieur aux 4,95% de l’actuelle, selon Kathimerini.

L’émission se ferait à meilleur taux si elle s’assortissait de mesures concernant les obligations issues de la restructuration de la dette des banques privées en 2012, a estimé auprès de l’AFP le même connaisseur du dossier.

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