Luc Coene: “Une grande banque doit disparaitre en Belgique”

Luc Coene, gouverneur de la Banque nationale de Belgique. © Belga

“Il y a quatre grandes banques en Belgique, c’est au moins une de trop”, estime Luc Coene, le gouverneur de la Banque nationale de Belgique, dans une interview accordée à Canal Z qui sera diffusée samedi.

Le gouverneur répondait ainsi à une question sur l’évolution du paysage bancaire belge dans les cinq prochaines années.

“Une concurrence féroce sévit en Belgique sur le marché des hypothèques et des prêts aux entreprises, ce qui met les marges des banques sous pression”, explique M. Coene. Il constate également un problème concernant les coûts. Les banques belges n’entretiennent que très peu d’activités étrangères depuis la crise de 2008, mais elles ont conservé les mêmes structures de personnel depuis lors.

Une vague de licenciements n’est cependant pas à craindre pour le moment. “Il est parfaitement possible de ne pas remplacer la génération des babyboomers qui vont prendre leur pension dans les prochaines années. Les systèmes d’information des banques sont également trop chers. Les banques feraient dès lors mieux de fusionner ou d’être reprises par des banques étrangères”, estime Luc Coene.

Trop de petites banques également

Le gouverneur de la BNB se montre également critique vis-à-vis des petites banques, qui demeurent trop nombreuses en Belgique selon lui. “Toute la question est de savoir si tout ceci est viable.”

Il indique qu’en tant que superviseur, la BNB n’a pas beaucoup de pouvoir dans ce domaine. “Ce sont les entreprises et leurs actionnaires qui doivent prendre ces décisions.”

Dans une de ses premières interviews en tant que ministre des Finances, Johan Van Overtveldt a déclaré qu’à terme, Belfius devrait être privatisée, ouvrant ainsi la porte à une consolidation du secteur.

Le fait qu’une grande banque belge de plus passe sous contrôle étranger ne pose pas problème à M. Coene. “Le seul inconvénient est qu’un plus grand nombre d’emplois financiers à valeur ajoutée s’envoleront hors des frontières”, remarque-t-il.

Que les banques deviennent ainsi “too big to fail” ne semble pas l’effrayer outre mesure. “Nous devons rester vigilants, mais l’objectif est de disposer de plus d’instruments pour maîtriser la situation. Le problème n’est pas que les banques deviennent trop grandes, mais qu’elles ne disposent pas de suffisamment de capital afin de couvrir les risques qu’elles prennent.”

“Pourquoi ne pas avoir diminué les charges patronales, en compensant, par exemple, par une hausse de la TVA ?”

Le gouverneur s’est aussi épanché sur l’institution qu’il dirige. Il suggère que le comité de direction soit réduit de huit à six membres. Luc Coene estime que la BNB pourrait toujours travailler de manière efficace de cette façon, d’autant que la Banque centrale européenne (BCE) prendra en charge la supervision des plus grandes banques européennes à partir de la semaine prochaine. Il a indiqué en avoir déjà discuté avec le ministre des Finances, qui partage son opinion.

Luc Coene décoche également une flèche vers le nouveau gouvernement fédéral. “Je me demande si ce qui figure sur la table en terme de pouvoir de concurrence est suffisant. Un saut d’index a été décidé, mais pourquoi ne pas avoir diminué les charges patronales, en compensant, par exemple, par une hausse de la TVA?” Le gouverneur remarque ainsi que des coûts salariaux faibles ne sont pas seulement bénéfiques aux exportations, mais également pour les entreprises actives sur le territoire national. “Avec le même budget, un employeur peut engager plus de personnel, ce qui est bon pour l’exécution des services.”

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