Les risques pour le développement économique de la zone euro restent immenses

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Les risques pour la conjoncture économique dans la zone euro restent immenses, a indiqué jeudi la Banque centrale européenne (BCE) dans son bulletin mensuel. “Les risques géopolitiques élevés et les développements dans les pays émergents ainsi que sur les marchés financiers peuvent particulièrement influencer négativement la situation économique”, analyse-t-elle.

Le président de la BCE, l’Italien Mario Draghi, a indiqué la semaine dernière que la situation en Ukraine et en Russie aura un impact important sur la zone euro. Selon la BCE, les autres risques comprennent les réformes structurelles insuffisantes des pays de l’Eurozone et une demande intérieure plus faible que prévu. NAJ/DDM/ L’inflation a ralenti à 0,4% en juillet L’inflation a ralenti à 0,4% en juillet en rythme annuel dans la zone euro, après avoir atteint 0,5% le mois précédent, a confirmé jeudi l’office européen de statistiques Eurostat. Elle évolue ainsi à son plus bas niveau depuis octobre 2009, date où l’inflation en zone euro était passée en territoire négatif à -0,1%. Il y a encore un an, en juillet 2013, l’inflation était à 1,6%.

Ce nouveau ralentissement ravive le spectre de la déflation, soit un cercle vicieux de baisse généralisée des prix et des salaires, qui plane depuis des mois sur la zone euro et touche déjà certains Etats membres, comme la Grèce. Face à ce scénario, la Banque centrale européenne (BCE) a pris des mesures en juin. Elle a baissé de dix points de base son principal taux directeur, à 0,15%, et annoncé un paquet de mesures exceptionnelles destinées à encourager les banques à prêter davantage aux entreprises et ménages. Mais elle doit faire encore plus, estiment de nombreux observateurs inquiets de voir l’économie de la zone euro en panne.

Le ministre français des Finances Michel Sapin a d’ailleurs appelé jeudi à “adapter” les règles budgétaires et à renforcer l’action de la BCE pour lutter contre la morosité économique en Europe. “La BCE a pris de bonnes décisions. Elle doit aller jusqu’au bout de ses possibilités, conformément à son mandat, pour que le risque de déflation disparaisse et que l’euro retrouve un niveau plus favorable”, affirme le ministre dans une tribune publiée dans Le Monde.

L’objectif de la BCE est de veiller à la stabilité des prix et de maintenir l’inflation juste en dessous de 2%. Or, elle se situe depuis des mois à un niveau très faible, sous le seuil de 1% considéré comme la zone de danger par l’institut monétaire.

En juillet, c’est la baisse des prix de l’énergie qui a le plus pesé sur le niveau de l’inflation: ils ont reculé de 1% après une hausse minimale de 0,1% le mois précédent. Les prix dans le secteur de l’alimentation, des boissons alcoolisées et du tabac ont eux aussi reculé de 0,3% après un repli de 0,2% en juin. Les prix des biens industriels hors énergie sont à l’arrêt (0,0%, après un repli de 0,1% en juin). Seuls les services voient leurs prix nettement augmenter (+1,3%, stable par rapport au juin). En juillet, des taux négatifs d’inflation ont été observés en Grèce (-0,8%), au Portugal (-0,7%) et en Espagne (-0,4%). A l’inverse, les taux annuels les plus élevés ont été enregistrés en Autriche (+1,7%) et au Luxembourg (+1,2%), a indiqué Eurostat dans un communiqué.

Croissance nulle au deuxième trimestre La zone euro a vu son Produit intérieur brut (PIB) stagner au deuxième trimestre, après avoir progressé de seulement 0,2% au trimestre précédent, a indiqué jeudi l’office européen des statistiques Eurostat qui a publié une première estimation de cet indicateur. C’est une importante déception: les analystes tablaient sur une croissance de 0,2% au deuxième trimestre, au même rythme qu’en début d’année, et non sur une croissance zéro. Ce chiffre n’est toutefois pas une surprise après la publication des PIB allemand et français dans la matinée, et celui de l’Italie la semaine dernière.

L’Allemagne a en effet vu son activité se contracter de 0,2% sur la période, un recul plus fort que prévu même si ce passage à vide ne devrait être que temporaire, assurent les analystes. Deuxième économie de la zone euro, la France a vu son PIB stagner au deuxième trimestre comme au premier, ce qui contraint le gouvernement à corriger très nettement ses prévisions budgétaires pour 2014, tout en appelant à l’indulgence de la Commission européenne pour son déficit public.

Le ministre des Finances Michel Sapin a ainsi revu à 0,5% la prévision de croissance officielle pour cette année et prévenu que le déficit public français dépasserait 4% du PIB cette année, au lieu des 3,8% espérés auparavant, dans une tribune au Monde. Enfin, l’Italie est retombée en récession au deuxième trimestre, avec un PIB se repliant de 0,2%. Le PIB italien avait déjà reculé de 0,1% au premier trimestre.

“Est-ce cela signifie que la croissance va accélérer au second semestre? Cela aurait été notre scénario s’il n’y avait pas des tensions géopolitiques qui distillent une dose d’incertitude”, estime Peter Vanden Houte de la banque ING. L’analyste table désormais sur une croissance en-deçà de 1% pour la zone euro en 2014.

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