Les propositions des partis politiques pour un secteur financier plus durable décryptées par FairFin

FairFin, l’organisation belge qui promeut une finance éthique et durable, a passé les programmes des partis politiques au crible avant les élections du 9 juin. Elle a analysé si ces programmes étaient suffisamment solides pour relever les grands défis actuels du système financier. Verdict.

Les décisions des institutions financières ont une influence sur notre vie quotidienne et la planète. FairFin, l’organisation belge qui promeut une finance éthique et durable, dresse en 8 points ce que les principaux partis politiques belges ont prévu pour un système financier plus durable.  

1. Qui veut stopper le flux financier vers les nouvelles énergies fossiles?

Pour limiter le réchauffement de notre planète, aucune nouvelle infrastructure fossile ne doit être construite. Pour éviter cela, il ne doit donc plus être investi dans les entreprises qui souhaitent encore construire de nouveaux oléoducs ou champs gaziers, estime FairFin.  Les partis Groen et Vooruit ont intégré cette demande dans leur programme. 

2. Non au greenwashing 

Le greenwashing, ou la revendication abusive de durabilité, est également un problème dans les banques. C’est pourquoi FairFin a demandé dans son mémorandum des mesures plus strictes contre cette pratique dans le secteur financier. Plusieurs partis politiques veulent lutter contre le greenwashing dans différents secteurs. Les partis socialistes (Vooruit, PS), les chrétiens-démocrates (CD&V, Les Engagés) et les partis verts (Groen, Ecolo) veulent des labels standardisés pour les produits durables ainsi que les contrôler strictement. Mais seuls Groen, PS et Les Engagés formulent des mesures spécifiques contre le greenwashing dans le secteur financier, observe FairFin dans son analyse des programmes. Les partis libéraux (Open Vld, MR), la N-VA et Vlaams Belang ne s’expriment pas sur le greenwashing. 

3. Loi sur le devoir de vigilance, également pour le secteur financier 

La loi européenne sur le devoir de vigilance rend les grandes entreprises responsables des dommages environnementaux et de l’exploitation qui se produisent dans leur chaîne d’approvisionnement. Cette loi pourrait également rendre les banques et les investisseurs plus transparents et durables. Mais le secteur financier n’est pas couvert par cette législation. FairFin trouve cela inacceptable. L’organisme a demandé aux partis politiques de prendre une position claire à ce sujet et de s’assurer que lors de la révision prévue de cette loi européenne, le secteur financier soit inclus. 

Avec un succès partiel : Vooruit, Ecolo et Groen ont inclus cette promesse dans leur programme, mais les autres partis ne proposent rien sur cette législation de devoir de vigilance. 

4. Que disent les partis à propos de Belfius ? 

Belfius est détenue à 100 % par l’État belge, mais la banque fonctionne actuellement comme une banque privée qui doit maximiser les profits pour ses actionnaires, avance FairFin dans son analyse. Cet unique actionnaire étant le gouvernement. 

FairFin voit cela comme “une occasion manquée”. Elle explique : “nous voyons pour Belfius un rôle de banque publique pour le climat. Ici, la priorité ne serait pas le profit à court terme pour l’actionnaire, mais un impact sociétal positif à court et long terme. La banque pourrait ainsi se concentrer sur des projets à rendement social élevé, tels que les rénovations de logements et les énergies renouvelables. De plus, la banque pourrait garantir des services de base aux citoyens, comme la disponibilité des distributeurs automatiques.” 

Cette vision transparaît dans plusieurs programmes de partis, dont ceux de Vooruit, d’Ecolo et du PS. Groen et le PVDA veulent également créer une banque publique pour le climat avec une mission similaire, mais ne donnent pas nécessairement ce rôle à Belfius. 

En revanche, l’Open VLD veut que le gouvernement se retire complètement du secteur financier. La N-VA ne s’exprime pas dans son programme sur Belfius, mais a confirmé à De Tijd vouloir vendre la banque d’État à un acteur privé. Le CD&V, en revanche, ne veut pas vendre Belfius, mais ne parle pas non plus d’un rôle sociétal pour la banque d’État.  

5. Et sur les sociétés d’investissement publiques ? 

Les sociétés d’investissement publiques sont des fonds d’investissement du gouvernement qui prêtent des milliards d’euros de fonds publics et achètent des actions de diverses entreprises en Belgique. Leur mission officielle est de soutenir l’économie nationale afin de créer un impact sociétal positif. 

Actuellement, FairFin regrette le peu d’informations qui filtrent sur la manière dont ces institutions fonctionnent et sur leurs investissements. FairFin souhaite que ces institutions fonctionnent de manière plus transparente, durable et démocratique. 

Plusieurs partis soutiennent son appel. Ses exigences en matière de transparence et de durabilité sont presque reprises mot pour mot par Vooruit, Groen et le CD&V, bien que Vooruit et Groen aient une vision plus large que le CD&V. 

Les partis francophones parlent moins de la stratégie générale des sociétés d’investissement, bien que le PS et Ecolo présentent quelques objectifs concrets, tels que l’exclusion des énergies fossiles ou la création d’une branche de financement durable. 

L’Open Vld et la N-VA veulent également apporter des changements à la stratégie des sociétés d’investissement publiques, mais de manière différente. Ils veulent que les fonds publics investissent davantage dans l’industrie militaire pour ancrer davantage la défense dans notre pays.  

© PG

6. Distributeurs automatiques : forcer ou encourager ? 

Tous les partis, sauf le Vlaams Belang, se disent favorables à une meilleure accessibilité des distributeurs automatiques. Mais ils ne s’accordent pas sur la manière d’améliorer ce service et il existe une division claire entre la gauche et la droite. 

Les partis de gauche – Vooruit, PVDA, Groen et leurs homologues francophones – ne sont pas satisfaits de l’offre actuelle et veulent éventuellement contraindre les banques par la loi à fournir plus de distributeurs automatiques. Le PVDA veut même interdire toute fermeture supplémentaire des agences bancaires. Les partis de droite et centristes veulent plutôt intervenir de manière indirecte.

7. Intervenir sur les taux d’épargne ou pas ? 

Pour lutter contre l’inflation, la Banque centrale européenne a relevé ses taux d’intérêt. Cela signifie que les banques peuvent réaliser des bénéfices en gardant l’argent sur des comptes d’épargne, au lieu de le prêter. Théoriquement, les banques devraient alors offrir des taux d’épargne plus élevés à leurs clients pour qu’ils profitent également des bénéfices. Mais cela ne s’est pas produit : les banques maintiennent leurs taux d’épargne bas et ne partagent pas les bénéfices avec leurs clients. 

Tous les partis sont d’accord pour dire que ce n’est pas correct et que les épargnants devraient recevoir des taux d’intérêt plus élevés. Mais il y a un fossé entre les partis qui veulent forcer les banques à le faire et ceux qui veulent principalement atteindre cet effet indirectement en améliorant la concurrence entre les banques.  

8. Ce qui est absent des programmes

FairFin épingle aussi les points qu’elle estime importants et qui sont absents des programmes des partis. Elle remarque que peu de programmes évoquent le Green Deal européen. De plus, l’organisme constate qu’il y a très peu de vision sur la manière dont la Banque centrale européenne pourrait fonctionner différemment, alors que la politique monétaire de la BCE a un impact énorme à la fois sur le climat et les inégalités sociales, estime FairFin. Seul Ecolo fait quelques propositions claires à ce sujet. 

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