“Les banques n’ont jamais été des oeuvres de philanthropie”

Étienne De Callataÿ © Reporters

L’avis de l’économiste Étienne de Callataÿ sur l’augmentation sensible des frais bancaires constatée par le SPF Economie.

En 20 ans, les frais bancaires ont augmenté de 80 %, alors que l’inflation, elle, n’a guère dépassé les 50 % sur cette période. En moyenne, les ménages belges paient un peu plus de 50 euros par an pour la gestion d’un compte courant, selon le SPF Economie. Cette explosion des frais bancaires vous étonne-t-elle ? Ces augmentations sont-elles justifiées ?

On peut déplorer cette constante augmentation, mais il faut savoir ce que l’on veut. Préfère-t-on des frais cachés ou de la transparence sur ce que coûtent réellement les services d’une banque ? Certes, il y a encore des progrès à réaliser sur le terrain de la lisibilité des tarifs bancaires, mais ne glorifions pas le passé, lorsque le client payait des frais sans le savoir. Les banques n’ont jamais été des oeuvres de philanthropie.

La question est donc surtout de savoir ce que l’on paie aujourd’hui au travers de ces frais bancaires ?

© reporters

Ne comparons pas des pommes et des poires, effectivement. Il est très difficile de comparer les frais d’aujourd’hui avec ceux d’il y a 25 ans. Le service offert par les banques est radicalement différent.

Par ailleurs, il me semble important que le prix facturé au client corresponde davantage à ce qu’il occasionne comme dépense pour la banque. Autrement dit, il vaut mieux pour moi avoir une tarification qui responsabilise le client.

Enfin, ce qui se passe à l’étranger n’a pas l’air d’être nettement mieux pour beaucoup moins cher. Le système bancaire français avec ses chèques ne me paraît pas à envier.

Cette augmentation des frais bancaire n’est-elle pas également liée à la faiblesse actuelle des taux d’intérêt, dont les banques tirent généralement l’essentiel de leurs revenus ?

Si, des instructions sont données dans les conseils d’administration des banques pour comprimer les coûts et gonfler les recettes. On entend aussi parfois dire que les banques évoluent vers un modèle de fee business pour compenser la perte de revenus liée à la faiblesse des taux bas. Le raisonnement est valable pour certains types d’activité comme le private banking. Mais imaginer un monde bancaire où les frais seraient la principale source de revenus apparaît peu réaliste. Il est difficile de concevoir un secteur bancaire où l’essentiel des revenus de nos banques commerciales proviendraient uniquement des frais payés par les clients. Les revenus issus de la marge d’intérêt (différence entre le taux facturé sur les crédits et celui octroyé sur les dépôts) vont rester une source de revenus indispensable pour les banques. Tout simplement parce que le premier métier d’une banque, c’est de collecter des dépôts pour octroyer des crédits.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content