Les banques de la zone euro regorgent de bénéfices

KBC a terminé 2022 sur un résultat net en hausse de 10% à 2,9 milliards. © belga image
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Si le rebond économique explique pour partie les méga-profits des banques, la remontée des taux y est pour beaucoup.

Nouvelle année faste pour les banques de la zone euro. Malgré la guerre en Ukraine, la flambée de l’inflation et le ralentissement économique, elles sont parvenues, dans leur grande majorité, à maintenir les résultats exceptionnels signés en 2021.

Première banque de la zone euro, BNP Paribas, la maison mère de BNPP Fortis, a ainsi dégagé l’an dernier le meilleur bénéfice de son histoire avec 10,2 milliards d’euros, contre 9,5 milliards en 2021 et 7,1 en 2020. En Espagne, Santander a elle aussi fait mieux qu’en 2021, décrochant un bénéfice historique de 9,6 milliards. En Italie, UniCredit, deuxième banque du pays, a triplé son résultat net pour dépasser la barre des 6 milliards d’euros.

Le géant allemand Deutsche Bank a engrangé pour sa part ses meilleurs chiffres depuis 15 ans. De son côté, le groupe néerlandais ABN Amro a vu son bénéfice bondir de plus de 50% par rapport à l’an dernier. Et chez nous, KBC (qui chapeaute CBC) termine l’année écoulée sur un résultat net en hausse de 10% à 2,9 milliards, dont 1,76 milliard rien que pour les activités en Belgique, soit sa meilleure performance depuis la crise financière.

Pas de récession

Ce qui explique cette saison de résultats record, c’est d’abord le rebond économique. Ou plutôt l’absence de récession. Contrairement à ce que les Cassandre avaient prédit, “le scénario d’une profonde récession ne s’est pas matérialisé”, a indiqué Johan Thijs, le CEO de KBC, lors de la présentation des comptes annuels du bancassureur.

Certes, l’inflation a eu un impact non négligeable sur les coûts qui ont par exemple augmenté de 100 millions d’euros chez KBC. Mais les conséquences de la guerre en Ukraine sont restées limitées. Globalement, les économies occidentales ont bien résisté: le PIB belge devrait d’ailleurs progresser de 0,8% cette année, selon les dernières estimations de la Commission européenne.

D’où, pour KBC et les autres banques, une augmentation des revenus de quasiment tous les pôles d’activités (banque de détail, leasing, assurance, etc.) tandis que les accidents sur les prêts octroyés n’ont pas explosé. Loin de là. Le “coût du risque”, comme disent les banquiers, a très peu augmenté.

Retour à la normale

Si la situation économique meilleure qu’espéré explique en partie les méga-profits du secteur, la remontée des taux en territoire positif y est pour beaucoup. KBC note ainsi une amélioration de la marge qui est passée de 1,85% au quatrième trimestre à 2,10% un an plus tard, ainsi qu’une augmentation de ses revenus d’intérêt de carrément 20% sur les trois derniers mois de l’année.

L’explication? Alors qu’il était encore nul en juillet, le taux auquel la Banque centrale européenne (BCE) rémunère les réserves de liquidités que les banques commerciales mettent en dépôt auprès d’elles a rapidement augmenté, pour s’établir actuellement à 2,5%. Fini le temps des taux négatifs appliqués aux surplus de liquidités placés à la BCE.

Avec ce retour à la normale et des taux qui plafonnent à 1,5% sur le livret, parquer auprès de la BCE les dépôts des épargnants qui ne sont ni prêtés ni investis rapporte désormais de l’argent. Un peu plus de 5 milliards d’euros pour les banques belges. Soit “une machine à billets qui enrichit les banquiers pendant qu’ils dorment”, soulignait dernièrement dans Trends-Tendances l’économiste et professeur à la London School of Economics Paul De Grauwe.

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