Législatives en France: les banques, premières à casquer

La décision choc d’Emmanuel Macron de convoquer des élections anticipées en France a ébranlé les marchés financiers en raison des craintes de victoire de l’extrême- droite selon les sondages. Depuis l’annonce du 9 juin, les marchés restent instables et l’incertitude règne dans de nombreux secteurs.

La Bourse de Paris a fondu depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. L’addition des pertes combinées subies par les actions cotées à la Bourse de Paris monte à 200 milliards d’euros, alors que le Cac 40 a chuté de 5% depuis.  Certains secteurs d’activité pourraient être plus touchés que d’autres si le Nouveau Front Populaire devait l’emporter à l’issue des deux tours de scrutin du 30 juin et du 7 juillet. Ses propositions visent en effet à augmenter tous types de taxes et de dépenses publiques.

Les mesures en faveur des (grandes) entreprises sont quasiment absentes des propositions du Rassemblement national (RN) et du Nouveau Front populaire. Les économistes s’inquiètent de la disparition de la politique de l’offre dans leurs programmes fait remarquer le journal français Les Echos. « Il n’y a presque rien sur la politique de l’offre », résume Patrick Artus, conseiller économique chez Natixis cité par le quotidien. Les questions de réindustrialisation, de productivité, de compétitivité ou encore, d’innovation ne sont pas non plus abordées.

Risque de nationalisation 

Les secteurs des transports, des infrastructures et de l’énergie sont très sensibles à la politique, particulièrement avec le Rassemblement national (RN) qui évoque la nationalisation des autoroutes et de nouvelles régulations. Depuis le 9 juin, les valeurs liées aux infrastructures ont souffert, Vinci, Eiffage et ayant perdu entre 10 et 13 % depuis le déclenchement de l’élection rapporte le site Zonebourse. Le secteur de l’énergie craint également une sortie du marché européen de l’électricité et le scepticisme du RN envers les énergies renouvelables. Dans ce contexte, Engie a perdu 10 % et Veolia 9 % depuis l’annonce de Macron. D’autres entreprises dans les transports et les infrastructures, comme Aéroports de Paris, Bouygues et Getlink, ont également subi des pertes similaires, redoutant des baisses de subventions et d’autres mesures, mentionne L’Echo. En revanche, TotalEnergies a été relativement épargné grâce à sa portée internationale. 

Les banques, premières à casquer 

Les banques aussi pourraient souffrir. Depuis le 9 juin, les actions des grandes banques ont chuté : Société Générale a perdu 15 %, Crédit Agricole 12 %, et BNP Paribas 10 %, cette dernière passant derrière la banque espagnole Santander en termes de valeur.

Une période d’instabilité politique prolongée à la suite des élections législatives françaises «aurait un impact négatif sur l’environnement opérationnel des banques françaises», a estimé jeudi l’agence de notation Moody’s, citée par l’AFP.  L’incertitude sur le résultat du vote avait poussé l’écart entre le rendement des obligations souveraines françaises et le taux d’emprunt allemand de référence à 74 points de base le 21 juin, contre moins de 50 points de base au début du mois. 

Taxe sur les profits


 
 «L’un des principaux risques pour le secteur bancaire est qu’une baisse substantielle et prolongée de la valeur des obligations d’État françaises puisse entraîner une perte en capital sur ses portefeuilles d’obligations souveraines domestiques», avance l’agence de notation. Les banques pourraient également voir «grimper leurs coûts de financement sur le marché» en raison de leur interconnexion avec les titres de dette de l’Etat français, indique Moody’s, ajoutant cependant penser «que les deux risques restent relativement contenus à ce stade». 

“Les banques françaises sont très endettées et elles souffriront d’une hausse des coûts du crédit ou d’une forte augmentation des emprunts au niveau gouvernemental“, confirme Nathan Sweeney, directeur des investissements multi-actifs chez Marlborough au site spécialisé Zonebourse. Les investisseurs craignent, par ailleurs, des taxes sur les surprofits réalisés grâce à la hausse des taux de la Banque centrale européenne. “Si c’est Le Pen, cela signifie-t-il des impôts sur les bénéfices ou sur les dividendes ? Cela crée de l’incertitude pour les banques”, complète le spécialiste. 

Impact sur d’autres pays 

Les turbulences en France ont aussi un impact sur les autres pays. Elles affectent les écarts de taux pour des pays endettés comme l’Italie, mais sans atteindre des niveaux alarmants. 

Une majorité RN pourrait aussi faire baisser davantage l’euro face au dollar, tandis que le franc suisse bénéficierait de son statut de valeur refuge. « Un parlement sans majorité serait négatif pour l’euro, mais le pire résultat serait une majorité RN », estime Lee Hardman, économiste senior des devises chez MUFG, cité par le site spécialisé Zonebourse.

En résumé, cette situation génère une grande incertitude pour les marchés financiers jusqu’aux résultats des élections.  Jusqu’à présent, tous les sondages sont unanimes: le RN de Jordan Bardella sera le grand gagnant de ces élections anticipées. Mais le parti de Jordan Bardella ne décrocherait pas de majorité absolue à l’assemblée et scrute attentivement la montée en puissance du Nouveau Front Populaire – réunissant notamment la France Insoumise, le Parti socialiste, les Ecologistes et le Parti communiste français.

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