L’Argentine de retour sur les marchés

Argentine © AFP

Pour solder son vieux contentieux sur la dette avec les fonds “vautours”, l’Argentine lance lundi une émission d’obligations pour au moins 12,5 milliards de dollars, marquant le retour de Buenos Aires sur les marchés internationaux de capitaux.

Le gouvernement argentin devait préciser lundi le montant de l’emprunt. Le parlement a donné son feu vert à 12,5 milliards d’endettement pour indemniser les fonds spéculatifs, mais le gouvernement argentin pourrait lever jusqu’à 15 milliards, afin de financer des projets d’infrastructures dans le pays.

Les banques Deutsche Bank, HSBC, JP Morgan, Santander, BBVA, Citigroup et UBS ont été retenues pour l’opération, qui devrait débuter lundi après-midi et être bouclée mardi.

“L’Argentine est de retour”, a célébré le ministre argentin des Finances, Alfonso Prat-Gay, depuis Washington, où il participait à une réunion du FMI et de la Banque mondiale.

“Nous avons encore du chemin à faire, mais on voit de la lumière au bout du tunnel”, estime le politologue Sergio Berensztein, avertissant que les “transformations” opérées par le nouveau président de centre-droit Mauricio Macri ne porteront par leurs fruits du jour au lendemain.

Au lendemain de la crise économique de 2001, les gouvernements de Nestor Kirchner (2003-2007) puis de son épouse Cristina (2007-2015) se sont tenus à l’écart des marchés de capitaux, parvenant à désendetter le pays grâce notamment au produit des exportations agricoles, en plein boom des matières premières.

Notation améliorée

Vendredi, Moody’s a relevé la note de l’Argentine, mais elle ne pourra pas bénéficier de taux d’intérêts avantageux. Selon s’il s’agit de contrats sur 5, 10 ou 30 ans, les taux d’intérêts devraient se situer entre 7 et 9%.

D’après les milieux économiques, l’émission des bons pourrait rencontrer un grand succès auprès des Argentins, car les sommes investies sont exemptées d’impôts.

Fin mars, Buenos Aires et les fonds “vautours” ont conclu un accord pour mettre un terme à un vieux conflit et solder définitivement les comptes de la crise économique de 2001 et du défaut de paiement de la 3e économie d’Amérique latine.

Avant, la précédente administration refusait d’appliquer la décision de la justice américaine sommant l’Argentine de payer 100% de la valeur des titres.

Alors que 93% des créanciers privés de l’Argentine, pour permettre au pays de se relancer après la crise, ont accepté de ne toucher que 30 à 40% des sommes exigibles, les fonds spéculatifs ayant engagé des procédures en justice vont finalement encaisser 75% de la valeur des bons.

Parmi eux, des fonds “vautours” avaient racheté la dette à prix cassés. Le fonds NML du milliardaire Paul Singer, proche des républicains, devrait rafler plus d’un milliard de dollars, pour un investissement initial inférieur à 100 millions.

Le nouveau gouvernement argentin avait fait une priorité de parvenir à un règlement, même coûteux, avec les derniers créanciers en conflit avec l’Argentine, afin de donner confiance à d’éventuels investisseurs.

Au pouvoir depuis le 10 décembre, Mauricio Macri a engagé des réformes pour remettre le pays sur le chemin de l’orthodoxie économique, en rupture avec les politiques protectionnistes de ses prédécesseurs Nestor et Cristina Kirchner.

Samedi, le président a annoncé une série de mesures sociales pour les retraités et les foyers les plus touchés par l’inflation. Les prix ont bondi de 12% au premier trimestre et la consommation chute, les salaires n’ayant pas encore été ajustés selon le mécanisme obligatoire destiné à compenser la hausse des prix.

“L’inflation nous frappe encore aujourd’hui. Mais je suis très optimiste, nous sommes sur le bon chemin”, a déclaré Macri.

Après une croissance de 2,1% en 2015, le ministre des Finances prévoit que la croissance de l’économie en 2016 “sera proche de zéro”, et “entre 3,5 et 4 points” en 2017.

Une fois les fonds dans les caisses de l’Etat argentin, le paiement aux fonds “vautours” est programmé pour vendredi.

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