La justice suisse enquête sur le rachat de Credit Suisse par UBS

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Le parquet fédéral suisse a confirmé dimanche qu’il avait ouvert des enquêtes sur les circonstances dans lesquelles s’est déroulé le rachat de la banque Credit Suisse (CS) par sa rivale et compatriote UBS, sous la pression des autorités fédérales helvétiques.

Le ministère public a souligné qu’il voulait ainsi s’assurer que la place financière suisse reste “propre“, a-t-il précisé dans un courriel adressé à l’AFP.

Le parquet fédéral indique avoir “émis des ordres d’enquête” après avoir procédé “à un état des lieux de la situation avec l’ensemble des services internes concernés” et avoir “pris des contacts avec les autorités nationales et cantonales”. Il confirme ainsi des informations du Financial Times.

“Le ministère public de la Confédération souhaite s’acquitter de manière proactive de son mandat et de sa responsabilité de contribuer à une place financière suisse propre” et a mis en place “un système de surveillance qui lui permet d’intervenir immédiatement en cas de problème relevant de son domaine de responsabilité”, détaille-t-il.

“Un système de surveillance”

Le parquet explique qu’il veut “avoir une vue d’ensemble des nombreux aspects des événements relatifs au CS – notamment ceux relatés dans les médias – et de sécuriser et évaluer les informations disponibles“. “Il s’agit d’analyser et d’identifier toute infraction pénale qui pourrait relever de la compétence” du parquet, selon le courriel.

“Dans ce cadre, différentes instances internes et externes ont été mandatées ou contactées dans le but d’éclaircir et de rassembler des informations”, précisent encore les services du procureur général de la Confédération, Stefan Blättler.

Rachat ou effondrement

Lors du week-end des 18 et 19 mars, UBS, le numéro un bancaire en Suisse, s’est vu pressuré par les autorités de régulation suisses et le gouvernement fédéral helvétique pour reprendre coûte que coûte Credit Suisse, sa rivale de toujours.

La deuxième banque du pays menaçait tout simplement de s’effondrer. Le soutien verbal de la banque centrale suisse et son prêt massif de 50 milliards de francs suisses (CHF), alloué le mercredi précédent, n’avaient rien fait pour rassurer les investisseurs, rendus extrêmement nerveux par les soubresauts qui agitaient le secteur bancaire aux Etats-Unis depuis plusieurs semaines.

Considéré comme le maillon faible du secteur bancaire en Europe, affaibli par des scandales à répétition, encombré d’un plan de restructuration qui n’avait pas convaincu et plombé par plus de 7 milliards de francs suisses de pertes en 2022, Credit Suisse risquait la faillite et d’entraîner avec lui la réputation de la place financière helvétique.

Après d’intenses négociations secrètes, UBS a accepté d’acheter Credit Suisse pour 3 milliards de CHF: une bouchée de pain. Et avec de solides garanties financières de l’Etat fédéral et de la banque centrale en cas de découverte de mauvaises surprises dans des livres de comptes, qu’UBS n’avait matériellement pas eu le temps d’examiner en détail.

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