La Bourse de Rangoun s’apprête à voir le jour

Yangon Stock Exchange © AFP

Derrière les murs de l’élégant bâtiment colonial où vient d’être créée la Bourse de Rangoun, la tension monte, à l’approche des premières cotations prévues vendredi. Les apprentis traders y voient un lieu clef de la transformation de la Birmanie.

Des dizaines de Birmans, consultants et “boursicoteurs” en herbe, se sont pressés aux formations proposées ces dernières semaines au sein même du Yangon Stock Exchange (YSX) à ceux souhaitant se familiariser avec les notions de capital-risque ou de vente de titres…

“C’est bien que les Birmans puissent apprendre comment fonctionne une Bourse. C’est porteur d’espoir pour le monde des affaires”, a expliqué à l’AFP lors d’une de ces formations Nwe Ni Soe, consultante et apprentie trader. “YSX est une chance pour l’avenir”, explique un autre élève, Than Win.

Lors de l’inauguration de la Bourse en décembre dernier, les responsables avaient vu débarquer des Birmans ayant fait de longues heures de route pour certains pour assister à l’évènement. Un enthousiasme dépassant le cercle attendu des initiés, qui s’est confirmé avec le succès des formations proposées depuis, dans le cadre de la préparation de l’ouverture réelle.

Celle-ci coïncide à quelques jours près avec l’entrée en fonction du gouvernement d’Aung San Suu Kyi, qui doit succéder à un gouvernement post-junte de transition après une victoire historique aux législatives de novembre 2015.

Alors que plusieurs entreprises locales ont déjà demandé à être cotées sur cette nouvelle place, le YSX va d’abord débuter vendredi avec une seule entreprise, First Myanmar investment (FMI), détenue pat Serge Pun, l’un des hommes d’affaires les plus riches du pays.

Ouverture aux investisseurs étrangers?

Tun Tun, directeur exécutif de First Myanmar Investment, enjoint le gouvernement d’autoriser bientôt l’ouverture aux investisseurs étrangers.

La création de cette Bourse de Rangoun est un facteur de développement d'”un marché de capitaux sain, pour le bien des investisseurs et des entreprises”, met-il en avant.

Avec sa société soeur Yoma Strategic Holdings, cotée à Singapour, FMI a déjà une première expertise boursière, une rareté en Birmanie.

Si la Banque mondiale prévoit une croissance de 8% pour les cinq années à venir en Birmanie, les hommes d’affaires locaux se plaignent quant à eux des difficultés à trouver des financements, dans un pays où le marché bancaire se développe tout juste.

Au-delà, les défis économiques sont nombreux, dans un pays laissé exsangue par des décennies de négligence sous la junte, avec encore aujourd’hui une importante pauvreté, une monnaie locale faible par rapport au dollar et des infrastructures délabrées.

La Birmanie n’est toujours pas notée par les agences de notation. Économie grise et entreprises contrôlées par les militaires restent d’actualité.

Le Japon clé

Même si les entreprises étrangères ne sont pas encore autorisées à être cotées sur le Yangon Stock Exchange (YSX), détenu à 51% par la banque publique Myanma Economic Bank, le Japon est clé dans ce projet: les 49% restant sont répartis entre des partenaires japonais, la Japan Exchange Group et Daiwa Institute of Research, l’institut de recherche de Daiwa Securities Group.

A cela s’ajoute le fait que sur la liste des quelques entreprises se trouvant sur la liste des prochaines à être cotées, figure Thilawa, la première zone économique du pays, développée avec des capitaux japonais.

Pour Rajiv Biswas, chef économiste d’IHS Global Insight spécialisé dans la zone Asie-Pacifique, la nouvelle place boursière va devoir “gagner la confiance des investisseurs” en montrant qu’elle est capable de mettre en place les normes internationales.

“Les nouvelles places boursières doivent gagner la confiance des investisseurs quant à la transparence des compagnies retenues, mais aussi instaurer des normes de régulation strictes afin d’empêcher toute manipulation du marché”, explique-t-il.

Il souligne lui aussi que la Bourse de Rangoun, si elle remplit ces conditions, peut se révéler un outil permettant aux entreprises de “financer leurs plans de développement économique”.

Les responsables de la nouvelle place financière rêvent d’attirer entre 30 et 50 entreprises dans les cinq années à venir, après des années de stagnation du projet, qui a commencé à être développé dans les années 1990, autour du Myanmar Securities Exchange Centre, plateforme qui permettait des ventes d’actions de deux sociétés seulement et n’a jamais vraiment décollé.

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