La BCE lance le grand chantier de l’euro numérique
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé mercredi le lancement d’un projet pilote de deux ans en vue d’introduire à plus longue échéance l’euro numérique, conçu comme une réponse à la dématérialisation croissante des paiements et à la multiplication des cryptomonnaies.
L’institut va lancer la “phase d’investigation” du projet d’euro numérique qui a pour objectif d’offrir la “forme de monnaie la plus sûre”, celle de la “monnaie de banque centrale”, selon un communiqué publié à l’issue d’une réunion du conseil des gouverneurs à Francfort.
La décision ferme sur le lancement d’un euro numérique interviendra seulement après cette phase exploratoire, ajoute le communiqué.
Neuf mois après la publication d’un rapport préliminaire et une vaste consultation publique, la BCE a décidé de “passer à la vitesse supérieure et de lancer le projet de l’euro numérique”, selon sa présidente Christine Lagarde.
La BCE s’engage au moment où d’autres grandes banques centrales, en Chine et aux Etats-Unis, travaillent aussi à l’émission de leur propre cryptomonnaie.
L’institution francfortoise craint aussi que des monnaies virtuelles, privées ou nationales, puissent saper l’influence de la monnaie unique européenne.
En jaugeant lors des 24 mois à venir la faisabilité d’un projet pharaonique, le plus important depuis le lancement de l’euro en 1999, la BCE voudra s’assurer que l’euro numérique réponde aux “besoins des Européens” : une monnaie facile à utiliser, sécurisée, efficace, “tout en contribuant à prévenir les activités illicites et en évitant tout impact indésirable sur la stabilité financière et la politique monétaire”.
D’ici deux ans, la BCE devra décider si elle engage la mise en oeuvre opérationnelle du projet, en travaillant alors avec les fournisseurs de technologie et les banques.
“Notre objectif est d’être prêt au bout de ces deux ans à commencer à développer un euro numérique, ce qui pourrait prendre environ trois ans”, a déclaré mercredi Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE. Cela aboutirait à un lancement effectif autour de 2025/26.
Quelle différence avec une cryptomonnaie ?
Avec l’euro numérique, les consommateurs pourraient régler des achats à la caisse d’un supermarché, en ligne via une application sur smartphone, également hors ligne à l’aide de cartes de paiement similaires à la carte de débit.
Comme il ne faudra pas non plus aggraver la fracture numérique au sein des sociétés, l’euro numérique “ne remplacera pas” l’argent liquide.
Les banques commerciales ou d’autres acteurs financiers régulés devraient se voir confier la gestion des comptes de clients en monnaie de banque centrale, selon “un modèle économique” qui reste à définir, ajoute le communiqué.
De même l’infrastructure informatique soutenant doit encore être arrêtée. “Aucun obstacle technique n’a été identifié lors de la phase d’expérimentation préliminaire”, selon la BCE.
Tant le système centralisé de paiements instantanés “TIPS”, utilisé depuis 2018 en Italie, que des alternatives se servant d’une chaîne de blocs décentralisés (ou “blockchain”) “se sont avérés capables de traiter plus de 40.000 transactions par seconde”, assure l’institut.
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