La BCE laissera-t-elle passer le super-dividende de Belfius vers la défense ? “Ce n’est pas fait”


Le gouvernement fédéral veut utiliser la totalité des dividendes de Belfius pour financer un quart du renflouement de la Défense. Soit 1 milliard en 2025, et même en 2026, apprennent L’Echo et De Tijd. Mais certains doutent que ce soit faisable, y compris dans la majorité.
Unique actionnaire de Belfius, le gouvernement fédéral compte réclamer un super-dividende de 500 millions d’euros, en plus du dividende “ordinaire” de 444,5 millions d’euros, suite aux résultats 2024 de l’entreprise publique.
À la grosse louche : 1 milliard d’euros, soit un quart du financement de la défense. L’Arizona s’est fixé comme objectif d’atteindre les 2% du PIB alloués aux dépenses militaires et doit trouver entre 4 et 4,5 milliards par an. Hier soir, les deux quotidiens économiques apprenaient que l’intention de l’Arizona était de réitérer l’exercice en 2026.
La BCE pourrait bloquer
À moins que la Banque centrale européenne ne vienne mettre des bâtons dans les roues de l’Arizona. Parce qu’une telle distribution, qui représente 84% de son bénéfice net, doit recevoir l’accord de la banque des banques.
Il faut savoir que la distribution de dividendes est limitée. Qui plus pour une banque qui a pour seul actionnaire l’État. Cette limitation empêche ce dernier de financer son budget via “sa” banque. Pour le moment, ce “payout ratio” est de 40% chez Belfius contre 50 à 60% dans les banques privées. Il reste donc de la marge de manœuvre, mais passer à 84% est une autre paire de manches.
Ensuite, la BCE doit veiller à ce que chaque banque bénéficie d’un buffer suffisant, c’est-à-dire un coussin de fonds propres qui lui permet de faire face aux risques. Fin 2024, il était de 12,2 milliards pour l’entreprise publique.
“Ce n’est pas fait”, a confirmé Georges-Louis Bouchez, invité pour une conférence au Cercle de Wallonie. “Je ne suis pas du tout certain que cela va passer devant la Banque centrale européenne“. Pour le moment, “il s’agit d’une simple question au gouvernement à Belfius”, a tempéré le libéral qui n’est pas vraiment favorable à cette formule, mais qui reconnaît que le gouvernement fédéral n’a pas beaucoup d’autres options, en dehors d’un nouvel endettement.
Belfius surpris
Dans un communiqué, Belfius s’est montré surpris et prudent : “Si une telle demande devait être formulée, Belfius l’examinerait avec la plus grande attention et prudence. Les différentes obligations auxquelles une importante institution financière doit se conformer doivent être respectées en permanence. Le versement de dividendes exceptionnels ou la réduction du capital de la banque a, bien entendu, un impact sur ces équilibres. La Banque centrale européenne doit valider une telle proposition.”
Dans la réalité, c’est la soupe à la grimace. Lors de la présentation des résultats, fin février, le CEO Marc Raisière avait fait une tout autre proposition : privatiser jusqu’à 20% de l’entreprise publique, ce qui aurait pu rapporter entre 2 et 3 milliards d’euros au Trésor public, mais en “one shot”.
Si un tel dividende devait être distribué deux années consécutives, ce sont les rêves d’internationalisation de la banque qui partiraient en fumée.
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