La BCE demande aux banques d’exposer leurs liens avec Credit Suisse
La Banque centrale européenne (BCE) a demandé aux banques de la zone euro de détailler leur exposition à Credit Suisse, indique The Wall Street Journal sur base de sources proches du dossier. L’action Credit Suisse a bu la tasse en Bourse ce mercredi, perdant jusqu’à plus de 30% avant de réduire ses pertes.
Credit Suisse est sous la surveillance des autorités suisses mais les régulateurs européens des pays dans lesquels la banque suisse est active veillent également au grain. Perçue comme le maillon faible du secteur bancaire en Suisse, Credit Suisse a vu le cours de son action perdre jusqu’à 30% pour toucher un nouveau plancher historique à 1,55 franc suisse malgré les tentatives de son président, Axel Lehmann, de rassurer.
Lors d’une conférence pour le secteur bancaire en Arabie saoudite, son président Axel Lehmann a assuré que la banque n’a pas besoin d’aide gouvernementale.
Cette chute vertigineuse du titre – la banque valait à peine plus de 7,3 milliards de CHF en termes de capitalisation boursière en milieu d’après-midi, mercredi – a commencé après des déclarations du président de la Banque nationale saoudienne, le premier actionnaire de Credit Suisse.
Les Saoudiens ont volé au secours de Credit Suisse en entrant dans son capital en novembre. Mais le premier actionnaire de Credit Suisse, la Saudi National Bank, ne compte “absolument pas” investir davantage dans la banque suisse pour “plusieurs raisons”, a expliqué Ammar al-Khudairy, son président.
Pas d’inquiétude majeure parmi les clients de Credit Suisse
La chute sans précédent de l’action du Credit Suisse mercredi ne semblait pas ébranler les clients de la deuxième banque du pays rencontrés dans le centre-ville de Genève, persuadés que le gouvernement viendrait à la rescousse du géant si besoin.
“Je ne suis pas inquiet. Elle sera couverte par le gouvernement, jusqu’à 100.000 francs suisses” par client, et “de toute façon, quelqu’un achètera la banque“, déclare un coach sportif de 40 ans, qui veut rester anonyme. D’autres clients rencontrés par l’AFP relèvent également que Credit Suisse fait partie des 30 banques au niveau mondial considérées comme trop grosses pour qu’on les laisse faire faillite.
“Je me m’inquiète pas. Ce sont des banques d’importance systémiques, elles ne peuvent pas faire faillite”
“Je me m’inquiète pas. Ce sont des banques d’importance systémiques, elles ne peuvent pas faire faillite”, commente un gérant de restaurant, disposant d’un compte professionnel auprès de Credit Suisse. “Elle est soutenue par l’État. Si la banque fait faillite, c’est donc l’État qui fait faillite”, ajoute cet homme de 33 ans, qui ne souhaite pas donner son nom.
Dans une succursale de la banque, des clients attendaient calmement leur tour aux guichets, tandis que des images de la légende du tennis Roger Federer, ambassadeur de la marque Credit Suisse, défilaient en boucle sur des écrans.
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“Je constate aujourd’hui qu’il y a beaucoup plus de monde dans le hall, des gens qui attendent, et je pense qu’ils veulent être rassurés”, observe Renate, qui ne veut pas donner son nom de famille.
“C’est un effet boule de neige“, explique un gestionnaire de fortune indépendant basé à Genève, qui s’est rendu à vélo à la succursale. Il ne semblait pas surpris que la banque se soit mise dans le pétrin. “J’ai travaillé 15 ans pour eux, mais il y a plus de 30 ans”, dit-il, indiquant qu’il a encore une hypothèque auprès de la banque. Lui aussi refuse de donner son nom.
“J’y ai toujours mon argent”
Antolin Coll, 79 ans, qui a travaillé au Credit Suisse pendant 22 ans, est confiant. “J’y ai toujours mon argent”, a déclaré cet ancien gestionnaire. “Je n’ai pas peur, car il y a déjà eu des cas et tout s’est toujours bien passé”. “Si vous avez un compte d’épargne, laissez-le tranquille en attendant que les choses se passent. Si vous avez de la Bourse, faites gaffe. Si vous voyez que ça a baissé, vous vendez tout”, recommande-t-il.
Dans une autre succursale, Daniel Rodrigues, s’interroge: Je vais voir un peu comment cela évolue et si je vois que ça empire, il faudra que je reconsidère le fait d’éventuellement déplacer mon argent dans une autre banque”. “C’est vrai que je suis dans cette banque depuis 15 ans, il y a une certaine confiance aussi, donc c’est un peu dur d’imaginer le pire”, dit-il.