Kube, la nouvelle arme anti-coûts des banques

Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC lancent une plateforme, baptisée Kube, leur permettant de partager entre elles les données des clients. De quoi réduire les coûts de la compliance… et favoriser la mobilité des clients entre banques.

Les réglementations européennes se sont multipliées ces dernières années et continuent de déferler. De plus en plus nombreuses (KYC, AML, PSD3, eIDAS, Digital Act, Data Act, NIS2, DORA…), ces nouvelles règles sont aussi de plus en plus strictes et de plus en plus complexes. Les obligations pour les banques ne manquent pas. Et les effectifs des départements chargés de la compliance, c’est-à-dire de la mise en conformité, ne cessent de croître.  

C’est pour éviter de se faire ensevelir par cette avalanche réglementaire que les grandes banques du pays (Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC) annoncent ce mercredi le lancement d’un nouvel outil.  Sous la houlette de la société Isabel, dont elles sont actionnaires, elles mettent en route Kube, “une plateforme permettant aux institutions financières de partager entre elles les données des clients, pour peu naturellement qu’elles aient l’autorisation de celle-ci”, indique Isabel dans un communiqué.

Mutualisation des efforts

Se concentrant sur les sociétés (B to B), Kube a été conçue pour devenir la plateforme de référence en Belgique pour l’échange de données vérifiées auprès des banques. L’idée ? “Éviter aux entreprises de devoir fournir à chaque fois les mêmes données, tout en permettant aux acteurs financiers de réutiliser des données récemment vérifiées”, ajoute Isabel, précisant que “100.000 entreprises sont déjà présentes sur la plateforme et d’ici fin 2025 ce nombre atteindra plus de 700.000 entités, grâce à “la collaboration des quatre grandes banques belges qui ont œuvré, depuis le début, à la concrétisation de cette initiative”. 

Collective, l’initiative vise donc à mutualiser les coûts grandissants engendrés par cette régulation de plus en plus prégnante sur le secteur bancaire. A commencer par le fameux processus “Know your customer” (KYC), qui oblige les banques à régulièrement vérifier l’identité des clients (individus et entreprises) afin de prévenir le blanchiment d’argent et la fraude, dont la réglementation qui est d’ailleurs amenée à être élargie à d’autres secteur comme l’immobilier.

Moins de tracasseries administratives

Grâce à Kube, cet effort de KYC sera donc mutualisé. Concrètement, une banque pourra partager ses informations avec les autres banques affiliées à la plateforme, actuellement les quatre grandes banques. De quoi gagner du temps et économiser des moyens humains. Lors de l’ouverture d’un compte ou la souscription d’un crédit, nombre de documents doivent en effet être complétés et différentes informations légales doivent être communiquées à la banque, avant ensuite d’être vérifiées. 

Dorénavant, il ne faudra effectuer cette démarche qu’une seule fois au lieu de quatre. Tout entrepreneur déjà client d’un des quatre grands réseaux bancaires, ne devra pas refaire toute la procédure. La banque auprès de laquelle il frappe à la porte pourra utiliser la vérification faite par la précédente. Moins de tracasseries administratives. Et plus de mobilité bancaire. D’autant que des discussions ont été entamées pour permettre à d’autres institutions de devenir membres de l’écosystème développé par Isabel.

Fondée en 1995 par les quatre grandes banques de Belgique (BNP Paribas Fortis, Belfius, ING Belgique et KBC), Isabel développe une plateforme de paiement multibancaire pour les entreprises, se spécialisant sur la fiabilité des transactions et des données. Plus de 50.000 entreprises belges utilisent la plateforme de paiement Isabel 6 pour accéder à un réseau de 2.000 banques. L’année dernière, Isabel a traité plus de 2.300 milliards d’euros de paiements.

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