KBC devient un mini-média

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Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

En plus des buts et des temps forts des matchs du championnat belge de football, les applications mobiles du groupe KBC proposent désormais aussi à leurs clients un flux d’informations économiques et financières. Une première en Belgique.

“Le Bund allemand à 10 ans repasse en territoire positif”, “Prudence après la correction des valeurs technologiques”, “Modrikamen réclame 7 milliards à BNP et à l’Etat”… Avec leur appli, les clients de KBC (CBC et KBC Brussels) peuvent non seulement surveiller leurs comptes partout et quand ils veulent mais, en plus, ils peuvent désormais aussi suivre l’actualité économique et financière via une sélection quotidienne d’articles.

Lancé quelques jours avant Noël, le nouveau service, baptisé Media in Mobile, est proposé en collaboration avec les rédactions de Mediafin ( De Tijd et L’Echo) et de la VRT NWS (uniquement pour l’application néerlandophone) ainsi que l’équipe d’économistes de KBC. Disponibles gratuitement, les articles sélectionnés sont regroupés en un seul endroit facilement accessible dans l’application. Il suffit à l’utilisateur de cliquer sur le titre d’un article pour pouvoir le lire dans son intégralité. Il ne faut ni s’inscrire ni s’abonner.

L’information économique et financière est au coeur de notre ADN.” Karin Van Hoecke, directrice de la transformation digitale de KBC.

Du foot aux news

Aucun chiffre n’est donné par KBC à propos du montant déboursé pour obtenir ces droits auprès de Mediafin et de la VRT, mais une chose est sûre: l’accord exclusif conclu par le bancassureur avec la société qui édite les journaux De Tijd et L’Echo et la télévision publique flamande est une première pour une institution financière en Belgique. “C’est une collaboration unique en son genre, avance Karin Van Hoecke, directrice de la transformation digitale et des données chez KBC. Nous sommes les premiers en Belgique, et à notre connaissance aussi en Europe, à proposer un tel service.” Une première comparable à celle signée l’an dernier par KBC avec la société Eleven Sports, détentrice des droits de diffusion du championnat de Belgique de football, et qui permet aux clients de voir en direct sur leur application les buts de leur équipe préférée lors des matchs de la Jupiler Pro League. L’initiative, dénommée Goal Alert, avait d’ailleurs surpris plus d’un observateur à l’époque. Le foot via une appli bancaire: est-ce vraiment ce que les clients attendent de leur banque? Endosser le rôle de diffuseur de news éco pour renforcer le lien avec le client ou en attirer de nouveaux est en tout cas un brin différent. En fait, nous confie Karin Van Hoecke, le projet Media in Mobile existait avant Goal Alert: “ Il se fait simplement que l’opportunité du football s’est présentée entre-temps et nous avons saisi la balle au bond. Développer Media in Mobile a aussi pris plus de temps parce qu’il a fallu négocier avec plusieurs partenaires et s’assurer de la crédibilité du service en termes de déontologie journalistique notamment. Mais celui-ci est effectivement plus logique pour une banque dans la mesure où l’information économique et financière est au coeur de notre ADN. Nous produisons déjà pas mal de contenu en tous genres: analyses, prévisions, publications par notre équipe d’économistes, etc. En ajoutant ce contenu à celui de médias économiques, les clients peuvent s’informer et éventuellement anticiper certaines décisions. De la sorte, nous contribuons aussi à un élargissement des connaissances et de l’éducation financière”, ajoute Karine Van Hoecke, citant le chiffre de 78.000 clients ayant déjà utilisé ce nouveau service Media in Mobile et lisant régulièrement des articles.

Tout-en-un

Si les partenariats signés avec Mediafin et la VRT sont une première pour une banque en Belgique, les experts du secteur ne s’étonnent guère de voir KBC s’inviter une fois de plus dans le paysage médiatique. Ce service non financier n’est pas le premier que propose KBC dont l’appli, totalisant 640 millions de sessions en 2021 et élue en septembre dernier meilleure appli du monde par le bureau en de consultance Sia Partners, compte aujourd’hui “une quarantaine de partenaires”, précise Karine Van Hoecke.

A la pointe en la matière, KBC élargit en effet régulièrement le champ de son offre ” beyond banking”, ces services extra-bancaires fournis par des prestataires extérieurs qui visent à faciliter la vie des clients dans différents domaines (mobilité, loisirs). Une stratégie qui voit le groupe de banque et d’assurance offrir, par exemple, sur son appli la possibilité d’acheter un ticket de train ou de bus, de payer sa place de parking, de consulter le solde de ses chèques-repas chez Monizze, de commander des titres-services chez Sodexo, d’obtenir des ristournes dans les commerces, de réserver une place de cinéma chez Kinepolis ou encore de télécharger son certificat de vaccination. “Proposer de l’actualité économique et financière cadre avec cette stratégie qui vise à développer une application tout-en-un unique facilitant la vie au travers de partenariats avec des acteurs locaux, explique Karin Van Hoecke. A terme, le flux d’informations pourra par exemple être personnalisé davantage pour mieux répondre aux besoins d’information spécifiques du client. On peut aussi imaginer avoir des vidéos. En fait, tout est possible. La seule chose, c’est qu’il faut rester crédible et respecter la déontologie journalistique. Nous n’imposons aucun filtre dans le choix des articles. Il est possible de lire des informations sur nos concurrents ainsi que sur KBC ou CBC, même s’il s’agit d’une mauvaise nouvelle”, assure Karin Van Hoecke.

KBC devient un mini-média
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Se distinguer

Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle? Depuis leur lancement à la mi-2018, l’ensemble de ces services extra-bancaires ont été utilisés plus de 9,5 millions de fois et près de 750.000 utilisateurs de KBC/CBC Mobile y recourent régulièrement. Dans ce contexte, proposer des news au client est un bon moyen pour capter son attention: on renforce le lien de proximité avec lui, on le fait revenir régulièrement sur l’appli, on y augmente son temps d’écran, on l’expose à la marque et aux services maison, on génère des data sur son comportement d’utilisation, ses paiements, etc. Dit autrement, c’est une manière intelligente de mieux le connaître et de le fidéliser. Mais c’est aussi tout bonnement une manière de se distinguer des nouveaux entrants (Gafa, néo-banques, fintechs)… et, bien sûr, des autres banques.

“Changer de banque, dit Karine Van Hoecke, ne se fait pas du jour au lendemain: c’est un peu comme épouser son partenaire, cela prend du temps, il faut se connaître, etc. Par contre, en ouvrant notre appli et certains de ses services aux non-clients comme ce sera le cas à terme pour Media in Mobile, ceux et celles qui vont télécharger l’application, vont découvrir sa fluidité et ses autres fonctionnalités.” La responsable rappelle que plus de 25% de ceux qui téléchargent l’appli pour pouvoir bénéficier uniquement des services de ses partenaires dans un premier stade, décident ensuite de devenir client de la banque. Bref, le digital n’a pas fini de brouiller les frontières de l’économie, jusqu’à transformer votre banquier en journaliste.

9,5 millions

Le nombre de fois que les services extra-bancaires de KBC ont déjà été utilisés depuis leur lancement en 2018.

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